Le Coran m’a appris (n°23) - À espérer contre la peur
- Guillaume Sauloup
- il y a 21 heures
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Par Cheikh Khaled Larbi
Au cœur des champs de bataille, dans la boue et le froid, des mains tremblantes se joignaient pour un souffle de foi. Sous le canon et le feu, le Coran résonnait, et dans chaque prière, l’espoir se levait. Ces hommes venus du Maghreb, d’Afrique et d’Orient portaient en eux le Livre et le courage éclatant. Ainsi j’ai appris, par leurs vies et leur ardeur, que la foi est lumière, même dans la peur.
La Première Guerre mondiale fut un chaos sans précédent. Pour les soldats musulmans, le danger n’était pas seulement physique, mais aussi moral et spirituel. Les obus, le froid, la faim, la peur semblaient les écraser, mais le Coran leur offrait un refuge intérieur, un guide invisible.
« Cherchez secours dans la patience et la prière, car Dieu est avec les patients. »
S. 2, v. 153
Ces versets n’étaient pas de simples mots, mais des paroles vivantes. Un tirailleur algérien écrivait à sa mère : « Dans la nuit glaciale, je lis le Coran. Je sens la chaleur de Dieu plus forte que celle du feu. »
La foi n’effaçait pas le danger, mais elle transformait la peur en courage. Chaque soldat, en priant, se rappelait que la vie et la mort appartiennent à Allah, et que le sacrifice n’est jamais vain.
Le Coran enseigne la loyauté et la justice :
« Allah aime ceux qui remplissent leurs engagements. »
S. 9, v. 4
Même loin de leur terre natale, dans une guerre qui n’était pas la leur, ces soldats respectèrent leurs serments militaires. Ils protégèrent non seulement la France, mais aussi leurs camarades d’autres confessions, partageant vivres et couvertures. Leur loyauté ne relevait ni de la nationalité ni de la culture, mais du cœur et de la foi.
Le Prophète ﷺ disait : « Le croyant est celui à qui les gens confient leur vie et leurs biens. »
Ces hommes incarnaient ce hadith chaque jour, dans le fracas des armes et le silence de la prière. La guerre les éprouvait, mais le Coran glorifie la patience :
« Et soyez patients, car Allah est avec les patients. »
S. 8, v. 46
Un soldat marocain écrivait : « J’ai prié en regardant la pluie tomber sur nos tranchées. Chaque goutte semblait laver nos peurs. »
La patience, ici, n’était pas passivité, mais persévérance. Dans la souffrance, ces hommes trouvaient une force morale qui les rendait plus grands que la guerre elle-même.
Et dans les tranchées, musulmans, chrétiens et juifs partageaient les mêmes dangers, le même froid, les mêmes espoirs.
Leur fraternité illustrait ce verset :
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. »
S. 49, v. 13
Même au milieu du chaos, la prière restait leur lien le plus sacré. Certains priaient en silence, d’autres improvisaient leurs ablutions avec la pluie ou la neige.
« Dieu n’impose aucune difficulté à Son serviteur. »
S. 2, v. 286
Un officier français confia un jour : « Je voyais ces hommes s’agenouiller dans la boue, et je me disais : ce courage vient d’ailleurs que de l’acier. »
La prière devenait une source invisible de paix, une force intérieure qui leur permettait de rester humains dans l’inhumanité de la guerre.
Après la guerre, la France créa le cimetière musulman de Bobigny, un lieu de mémoire où la foi et la République se rejoignent dans la reconnaissance.
« Ceux qui font le bien et se souviennent de Dieu recevront leur récompense. »
S. 57, v. 28
Honorer ces soldats, c’est rendre justice à leur foi et à leur courage. C’est aussi rappeler que la fidélité à Dieu n’exclut pas la loyauté envers la patrie. Leur mémoire devient un pont entre les peuples, une lumière dans la conscience collective.
Le Coran n’exige pas la perfection matérielle, mais la perfection morale :
« Quiconque sauve une vie, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité. »
S. 5, v. 32
Ces hommes ne cherchaient pas la gloire, mais la droiture. Ils montrèrent que la vraie grandeur réside dans la maîtrise de soi, la compassion et la fidélité à Allah. Leur Sabil al-imân, leur chemin de foi, fut un modèle de perfection humaine et spirituelle.
Leur souvenir nous enseigne à respecter la foi dans la diversité, à pratiquer la loyauté, à transformer l’épreuve en courage et à transmettre la mémoire de nos ancêtres comme un héritage vivant.
Leurs vies sont un signe, comme le dit le Coran :
« Nous faisons descendre des signes clairs pour que les gens réfléchissent. »
S. 24, v. 46
Dans la tranchée froide, un Coran ouvert,
Les doigts gelés, mais le cœur en fer.
Chaque verset, un souffle de vie,
Chaque prière, une victoire infinie.
Le canon tonne, le ciel pleure,
Mais l’âme est forte et demeure.
Allahu Akbar, crient les cœurs silencieux,
La foi est leur armure, le courage leur feu.
Ainsi m’a appris le Coran, dans la guerre et le silence,
Que la foi est force, patience et persévérance.
Leur mémoire veille, leur courage inspire,
Et dans chaque cœur fidèle, leur flamme respire.
*Article paru dans le n°85 de notre magazine Iqra.
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