Le Coran m’a appris (n°2) - Ne sois pas triste, Allah est avec nous
- Guillaume Sauloup
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Quand les cieux s’assombrissent et que le cœur se serre,
Quand les larmes remplacent les mots dans la prière,
Le Coran me murmure, comme un baume dans la nuit :
« La tahzan, inna Allaha ma‘ana. » Et soudain, je revis.
La tristesse : une émotion humaine, un passage coranique
Le Coran ne nie pas la tristesse. Il la reconnaît, il l’accueille. Il la traverse. Que ce soit dans le cri désespéré de Yaqub(Jacob) face à la disparition de son fils Youssouf, ou dans les pleurs silencieux de Maryam sous le palmier, le Livre de Dieu ne condamne jamais la peine sincère. Il en fait même un espace sacré où l’âme peut se rapprocher du Très-Haut.
Mais il va plus loin : il transforme cette tristesse en force. Il ne dit pas seulement : « Pleure », il ajoute : « Espère. » Et surtout, il offre cette promesse sublime : « Ne sois pas triste, Allah est avec nous. » (Sourate At-Tawba, 9 :40), prononcée par le Prophète Mohamed (paix sur lui) dans l’une des nuits les plus angoissantes de sa vie, réfugié dans une grotte, traqué, abandonné… mais accompagné.
Être triste, oui. Être écrasé, non
Dans nos vies modernes, les épreuves nous prennent de court. Maladies, précarité, injustice, solitude, rejet. Combien d’entre nous pleurent en silence, la nuit, sans confident ? Le Coran, lui, nous tend la main. Il nous dit : « Tu n’es pas seul. Même dans la grotte de ta peur, je suis avec toi. »
Et c’est là toute la beauté de ce verset. Il ne dit pas simplement : « Ne t’inquiète pas, tu vas t’en sortir. » Il dit : « Dieu est avec toi. » Pas après, pas plus tard, pas quand la tempête passera. Maintenant. Dans l’épreuve même. Dans l’instant fragile où tout semble s’écrouler.
Une foi qui fortifie sans anesthésier
Ce verset n’est pas une fuite. Ce n’est pas une formule magique pour faire taire la douleur. C’est une ancre. Une certitude. Une lumière. Il nous invite à la lucidité sans désespoir, à la patience sans passivité. Car dans le Coran, la tristesse n’est jamais une fin. C’est une étape. Une trempe. Un passage vers la paix intérieure.
Le Prophète (paix sur lui) lui-même a connu l’année de la tristesse — ‘âm el-ḥouzn — où il a perdu son épouse Khadija, son oncle Abû Talib, et subi le rejet brutal de la ville de Ta’if. Et pourtant, c’est peu après qu’eut lieu le miracle de l’ascension nocturne — al-Isra wa al-Mi’raj. Ce que le Coran nous enseigne ainsi, c’est que la lumière suit toujours l’épreuve. Fa-inna ma‘a al-‘usri yusrâ.
Le Coran comme compagnon d’épreuve
Combien d’hommes et de femmes aujourd’hui trouvent dans le Coran leur seul confident ? Derrière les barreaux, dans les hôpitaux, au fond d’un burn-out, dans l’exil ou la marginalisation, une sourate, un verset, une récitation peut raviver une flamme éteinte.
Quand le cœur s’éteint, le Coran rallume.
Quand les mots manquent, il devient jeûne.
Il ne promet pas une vie sans douleurs,
Mais une vie où même les larmes ont de l’honneur.
Le verset comme mode de vie
« Ne sois pas triste, Allah est avec nous. » Ce n’est pas qu’une phrase à graver dans un cadre. C’est un état d’âme à cultiver. C’est refuser le désespoir, même quand tout le monde y cède. C’est garder la tête haute, même le dos ployé par les épreuves. C’est comprendre que le véritable soutien ne vient pas toujours des hommes, mais d’Allah, le Proche, le Consolateur.
Il ne s’agit pas de nier l’injustice ni de spiritualiser la souffrance. Il s’agit de ne pas s’y réduire. De faire du Coran non un pansement, mais un cheminement. Il ne nous dit pas : « Tu ne souffriras plus. » Il nous dit : « Tu ne seras jamais seul à souffrir. »
Ils peuvent nous charger de peines et de chaînes,
Mais Dieu, Lui, nous délivre des haines.
Et même si le monde nous condamne au silence,
Le Coran chante encore… avec éloquence.
Alors je ne pleure plus sans espérance,
Je ne marche plus sans confiance,
Car Celui qui a dit : « Ne sois pas triste »,
Est Celui qui guérit tout ce qui me brise
*Article paru dans le n°64 de notre magazine Iqra.
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