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Regard fraternel (n°5) - La traduction du noble Coran en Europe : l'histoire d'une lente découverte


Le Coran fut révélé au dernier Prophète et Messager, notre bien aimé Mohammed (la prière et le salut d’Allah soient sur lui), dans la nuit précédant le 27e jour du mois de Ramadan, cette Nuit de la Destinée, Laylat al-Qadr, bénie entre toutes, où il reçut la vision de l’ange Gabriel, Jibril, et où débuta ainsi la Révélation de la parole incréée et absolue d’Allah.


Dès lors, notre Prophète Mohammed (la prière et le salut d’Allah soient sur lui) fut certain d’avoir dans le cœur un livre de sagesse, de Lumière et de bonne direction pour l’Humanité, un livre qui rappelle aux hommes les mystères de la Création et l’immensité d’Allah, Dieu unique.


À chaque époque, sur tous les continents, les enseignements de la Révélation coranique ont attiré la faveur d’un nombre incalculable de croyants, et ces derniers ont trouvé en elle une voie et une issue salvatrice, éclairée par la lumière divine : la lumière de l’islam. Cette faveur fut aussi permise par les “traductions” du Texte dans toutes les langues du monde.


Les premières traductions au Moyen-âge : un outil au service des polémiques


Dès le 7e siècle, le théologien chrétien Jean Damascène classa l’islam au rang des hérésies. Dans les siècles qui suivirent, et au gré des Croisades et de la Reconquista de l’Espagne, tout un « corpus polémique » fut constitué sous la plume de nombreux auteurs. Cette période polémique réduisit l’islam au rang d’une secte dans le regard des européens.


Certains penseurs préférèrent néanmoins le combat des idées aux guerres religieuses alimentées par l’ignorance, comme l’abbé de Cluny, Pierre le Vénérable (1122-1156), qui commanda à Robert de Ketton la première traduction en latin du Noble Coran.


Pendant très longtemps, cette traduction, qui tronque le Texte et ses significations, est la seule par laquelle l’Occident connaît le Coran et l’islam : elle est reprise en italien, en allemand et en néerlandais au 16e siècle.


En 1647 parut, pour la première fois, une traduction en français directement réalisée à partir du Texte originel. Elle est due à André Du Ryer, un interprète et conseiller diplomatique. Sa version se veut plus proche du Texte et n’a pas pour objectif direct de décrédibiliser l’islam. Elle comporte néanmoins de nombreuses erreurs et l’auteur doit se plier à une critique négative de cette religion, conformément aux idées dominantes de l’époque. La traduction connut la censure, mais elle fut diffusée à une très large échelle et fut retraduite dans d’autres langues européennes.


Des Lumières aux 19e siècle : une estime lentement acquise


Du Ryer a lancé une nouvelle ère : celle des traducteurs dont l’estime grandit peu à peu pour l’Orient, et avec elle nait un intérêt nouveau pour la religion musulmane.


Aux 17e siècle, nous savons qu’Antoine Galland, grand érudit, célèbre traducteur des Mille et Une Nuits, entreprit une traduction, mais celle-ci fut perdue. En 1787, Claude-Étienne Savary, un homme des Lumières, publia une nouvelle traduction. Sa qualité ne rivalisait pas avec celle élaborée, en Angleterre, par George Sale : c’est ce travail qui permis par exemple à Voltaire de changer ses conceptions sur l’islam et son Prophète et de considérer les vertus de simplicité, de sagesse, d'hospitalité et de générosité qu’ils transmettent.


Le tournant majeur vers une traduction sérieuse et respectueuse, bien que comportant encore de nombreux défauts et biais, fut incarné par Albin de Biberstein-Kazimirski (1808-1887), un émigré polonais exilé en France, qui n’attendit pas la reconnaissance de ses pairs pour publier une traduction qui deviendra la référence de l’époque et impulsera la multiplication des entreprises de traductions, dont celles des cent dernières années que nous utilisons encore aujourd’hui.


Finalement, au bout d’un long chemin, une curiosité, si ce n’est une admiration, pour le Texte, et donc pour l’islam, a commencé à se dessiner, en engageant l’Europe et le monde musulman dans la recherche d’une compréhension mutuelle.


Nous savons qu’une traduction véritable du Noble Coran est impossible : sa langue demeurera l’arabe, celle du Prophète (paix et bénédictions soit sur lui), celle de La Mecque et de Médine, touchée par la grâce d’Allah, celle dont il faut promouvoir l’apprentissage, y compris ici, en France. Nous avons cependant la nécessité, dans le monde contemporain, pour les lecteurs non-arabophones, de rechercher le sens approché du Coran en langue française, comme dans bien d’autres langues.



 

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