Au début de cette nouvelle année 2024, je vous offre mon premier billet qui sera dorénavant une occasion pour moi de communiquer régulièrement avec celles et ceux qui s’intéressent à l’islam et aux musulmans, de partager mes réflexions, mes états d’âme, mes angoisses et mes espoirs en espérant promouvoir des valeurs qui pourraient s’avérer positives pour tout le monde.
Certains diront pourquoi le Recteur de la Grande Mosquée de Paris s’exprime sur la base du calendrier grégorien et non pas sur la base d’un calendrier islamique ?
Il est bon de rappeler que c’est en 1582 qu’en France, comme dans toute l’Europe, que le pape Grégoire XIII instaura le jour de l’An au 1er janvier. On est bien loin du calendrier Julien de Jules César en 46 avant J.C, dédiant cette date à la divinité aux deux faces, Janus. Ce calendrier est basé sur le cycle solaire d’une année de 365 jours. En 1564, le roi Charles IX promulgua l'édit de Roussillon qui fixa au 1er janvier le début de l'année calendaire partout en France.
Il existe d’autres dates du passage à la nouvelle année qui change en fonction des contrées dans lesquelles on se trouve dans le vaste monde, comme l’an chinois qui se tient entre la mi-janvier et la mi-février. Puis viennent les religions qui ont leur propre calendrier. Le nouvel an juif, Roch Hachana, et le nouvel an bouddhique.
Et enfin, pour ce qui me concerne, c’est le nouvel an musulman, ou nouvel an hégirien, qui voit le premier jour changer. Le calendrier musulman est lunaire. Il est apparu pour la première fois en 632. Le premier jour du calendrier débute le jour où le Prophète de l’islam ﷺ a quitté La Mecque pour Médine, anciennement Yathrib, date de l’hégire.
Quoiqu’il en soit, nous tournons la page d’une année 2023 extrêmement douloureuse. C’est une année qui a vu éclater au grand jour la folie des hommes, capables d’une brutalité aveugle semant des souffrances inouïes. Ne perdons pas l’espoir d’une paix durable pour tous les peuples et notamment au Proche-Orient. Œuvrons en faveur de cette paix, là-bas et partout ailleurs dans le monde où les armes et l’injustice s’expriment.
Dieu appelle à la demeure de la paix et Sa Miséricorde embrasse toute chose.
En France, l’année 2023 s’achève également dans un climat de grandes tensions. Des menaces pèsent sur notre communauté nationale, sur la coexistence de toutes les religions et sur nos lieux de culte. L’extrémisme, l’intolérance et le racisme sévissent au grand jour.
Dans cette situation critique, je veux parler à tous les Français. Je les invite à ne pas céder aux impostures qui séparent l’islam et les musulmans de cette terre, de son histoire, de ses valeurs, de tout ce qui fait la France. Car la réalité est celle-ci : nous avons les mêmes aspirations, nous sommes une même communauté de destin.
Je veux aussi parler aux musulmans de notre pays et leur dire que la Grande Mosquée de Paris agira toujours pour eux, pour qu’ils puissent pratiquer notre religion de paix et de fraternité, dignement, en sécurité et en harmonie avec toutes les composantes de la société. Alors, soyons à la hauteur de l’enjeu, défendons le message véritable de l’islam en démontrant le bien qu’il nous incite à accomplir dans notre pays. « Repousse le mal par la plus belle bonté » nous enseigne le Noble Coran.
En 2024, la Grande Mosquée de Paris continuera à avancer dans cette direction.
Notre religion et notre citoyenneté se rejoignent pour nous pousser à la générosité et à la bienveillance. Je souhaite placer la nouvelle année sous le signe de la solidarité, en multipliant les actions pour celles et ceux dans le besoin, pour nos jeunes et pour nos aînés démunis. Le moindre geste de solidarité, la moindre main tendue vers l’autre, est un symbole, précieux et concret, de notre humanité commune et de la possibilité de la réinventer ici.
Dans toutes ses initiatives religieuses, éducatives, solidaires, culturelles, dans le quotidien des fidèles comme dans les plus grands rendez-vous, la Grande Mosquée de Paris préservera sa volonté de mettre en lumière les grands principes qui guident notre religion et leur compatibilité avec ceux de la France.
La Grande Mosquée de Paris ne cessera de représenter nos concitoyens musulmans qui prouvent, jour après jour, cette vérité.
C’est le vœu que je forme pour notre pays, pour vous toutes et tous, à qui je souhaite, une nouvelle fois, chaleureusement, le meilleur pour cette nouvelle année 2024.
À Paris le 8 janvier 2024
Chems-eddine Hafiz
Recteur de la Grande Mosquée de Paris
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