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Le billet du Recteur (n°51) - Quand l’Intelligence Artificielle dévoile l’Intelligence du Temps



Il y a des époques où l’on débat, où l’on confronte, où l’on cherche la lumière par la confrontation des idées. Et puis il y a ces moments où la vérité n’a plus d’importance, où le soupçon est plus fort que la preuve, où l’on ne cherche pas à comprendre mais à condamner. La Grande Mosquée de Paris se tient à ce carrefour, avec la clarté des faits contre l’épaisseur du mensonge, avec la transparence de son action contre l’opacité des procès d’intention. Elle avance, mais l’ombre court après elle, s’efforce de l’engloutir, de la tirer vers ce néant où l’on enferme ceux que l’on ne veut pas voir exister.


La Grande Mosquée de Paris traverse depuis plusieurs semaines un tourbillon de soupçons, une tempête d’accusations où la nuance s’efface, où l’exactitude s’effondre. Certains y voient une organisation opaque, d’autres un relai d’intérêts étrangers, d’autres encore une structure financière suspecte. Mais que reste-t-il de ces accusations quand on les confronte à un regard neutre, dénué de tout prisme idéologique ? 


Par souci d’objectivité, par désir d’épreuve, j’ai demandé à une Intelligence Artificielle (que j’ai baptisé Hakima, c’est à dire la Sagesse) d’analyser le traitement médiatique de la Grande Mosquée de Paris. Un outil dont la seule boussole est la logique, la méthodologie et l’exactitude factuelle. Je lui ai soumis un processus en deux temps. D’abord, nous lui avons demandé d’effectuer une revue de presse exhaustive couvrant un mois d’articles traitant de la Grande Mosquée de Paris. Ensuite, nous lui avons demandé d’analyser cette revue de presse, d’en extraire les tendances dominantes et d’évaluer l’équilibre du traitement médiatique.


Et que révèle-t-elle ? 

 

1. Un traitement médiatique majoritairement à charge


  • La majorité des articles recensés se concentrent sur des critiques, notamment la gestion opaque de la certification halal et les liens avec l’Algérie.

  • Peu de médias semblent avoir enquêté sur les arguments de la défense de la GMP, hormis quelques déclarations du recteur Chems-eddine Hafiz relayées par exemple dans Le Figaro.

  • L’absence de contre-expertise ou de sources indépendantes qui pourraient valider ou invalider les accusations soulève une forme de biais.


2. Un cadrage négatif et politisé


  • Certains médias insistent sur un "scandale halal" et sur des "liens suspects" avec l’Algérie, sans nécessairement explorer les nuances de la relation historique entre la GMP et l’Algérie.

  • Le contexte diplomatique tendu entre Paris et Alger peut avoir influencé la tonalité des articles, faisant de la GMP une cible médiatique dans un climat de méfiance envers les institutions perçues comme liées à des États étrangers.


3. Une absence de diversité dans les points de vue


  • Peu d’analyses approfondies sur le rôle historique et social de la GMP en France.

  • Le débat est centré sur des enjeux politico-financiers, laissant de côté la dimension spirituelle et culturelle que la mosquée incarne pour de très nombreux musulmans.


Conclusion : un traitement médiatique orienté vers la polémique


  • La couverture médiatique semble privilégier un angle sensationnaliste, mettant en avant des controverses sans approfondir la complexité du sujet.

  • Si des critiques légitimes peuvent être émises sur la gestion de la certification halal, l’absence d’une pluralité de points de vue réduit l’objectivité du débat.

  • Un travail journalistique plus équilibré aurait pu inclure des analyses comparatives avec d’autres institutions religieuses, des entretiens avec des experts neutres, ou une mise en perspective plus historique du rôle de la GMP.

 

Le spectacle de l’accusation 


Sans ambiguïté, l’IA Hakima met en lumière ce que les musulmans de France ont pressenti sans toujours pouvoir le démontrer : un traitement médiatique à charge, où l’accusation précède l’enquête, où le soupçon se substitue à la preuve. Des articles qui répètent, amplifient, accumulent des griefs sans jamais interroger leur fondement. Une critique obsédée par la certification halal et par les relations historiques entre la GMP et l’Algérie, sans jamais chercher à comprendre leur cadre légal, leur transparence ni leur réalité pratique. 


Et surtout, un constat glaçant : l’absence d’un véritable débat contradictoire. Là où l’éthique journalistique exigerait de croiser les sources, d’interroger des experts, d’offrir une analyse équilibrée, il n’y a qu’un écho amplifié des mêmes accusations. Là où l’investigation exigerait une mise en perspective, il n’y a que l’obsession d’une seule cible. 

 

Les faits, une forteresse que l’on assiège


Nous avons pourtant répondu, point par point. Nous avons documenté, prouvé, démontré. Il est facile d’accuser. Il est aisé de pointer du doigt, de distiller le doute, d’ériger l’incertitude en argument. Mais l’accusation n’est pas une démonstration. Elle n’a de poids que celui que lui donnent ceux qui l’alimentent. Alors on répète, on martèle : la certification halal cacherait un système trouble, les liens historiques avec l’Algérie seraient suspects, la Grande Mosquée de Paris agirait dans l’ombre. Et quand la Mosquée répond, explique, démontre, c’est à peine si on l’entend. La vérité ne pèse jamais bien lourd face au récit que l’on a déjà décidé d’écrire.


Pourtant, les faits sont là. Irréductibles, indiscutables. Un arrêté ministériel de 1994 reconnaît la Grande Mosquée de Paris comme organisme habilité à la certification rituelle en France, dont l’expérience en la matière date de 1939. Les comptes sont déposés au greffe, contrôlés par un commissaire aux comptes. Les discussions avec l’État sont constantes, inscrites dans des cadres officiels, tracés, surveillés. Rien ne se fait dans l’ombre. Rien n’est caché. Mais il faut croire que le simple fait d’exister, d’être visible, de jouer un rôle dans la cité, suffit à déranger.


Les faits sont là. Ils sont publics, vérifiables, incontestables. Pourtant, rien n’y fait. L’image d’une "salle obscure" continue d’être entretenue. Ce n’est plus une enquête, c’est une construction. Une narration où l’on a choisi le coupable avant même d’examiner les preuves. 

 

La question inévitable : à qui profite le trouble ?


Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas ici de céder aux fantasmes du complot ni aux plaintes victimaires. Mais il faut poser la question, car elle s’impose d’elle-même : à qui profite le vacarme ? À qui sert cette mise en accusation permanente, ce refus d’entendre les faits, cette volonté de maintenir la Grande Mosquée de Paris dans l’ambiguïté, malgré l’évidence de son rôle, de sa mission, de son enracinement républicain ? Nous avons notre réponse. Mais elle n’a pas d’importance ici.


Face à ce spectacle désolant, il n’y a qu’une réponse possible : la sérénité et la fidélité à notre mission. Ne vous laissez pas troubler par ces attaques répétées. Ne vous laissez pas enfermer dans l’image réductrice que l’on voudrait vous imposer. La Grande Mosquée de Paris ne se définit pas par le regard de ses détracteurs, mais par la lumière que tant de personnes lui apportent en la faisant vivre. 


La Grande Mosquée de Paris n’a jamais été un lieu d’effacement, et elle ne le deviendra pas aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, elle est là. Elle existe. Elle vit.


Elle vit à travers ceux qui viennent y prier, loin du bruit et des polémiques stériles.


Elle vit à travers ceux qui s’y instruisent, qui y apprennent, qui y transmettent.


Elle vit à travers cette communauté qui refuse de se laisser définir par le regard de ceux qui la jugent de loin, sans jamais venir la voir de près.


Que les accusations pleuvent, que les doutes s’accumulent, que les polémiques enflent – nous resterons debout. Nous continuerons d’ouvrir nos portes, d’accueillir, d’enseigner, d’éclairer. Dans d’autres lieux, en d’autres temps, d’autres boucs émissaires ont été désignés, d’autres institutions ont été prises pour cibles. Mais l’Histoire, la grande, a toujours su rétablir la vérité et grandir ceux qu’on voulait reléguer. 


Soyez fiers. Soyez dignes. Car au-delà du tumulte des hommes, il y a la constance de la foi, et c’est elle qui écrit les pages durables de notre époque.



À Paris, le 3 février 2025


Chems-eddine Hafiz

Recteur de la Grande Mosquée de Paris



 



 

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