Le billet du Recteur (n°56) - Les dix premiers jours du Ramadan : une lumière dans l’adversité
- Guillaume Sauloup
- 11 mars
- 3 min de lecture

Chaque année, lorsque le croissant lunaire annonce l’arrivée du Ramadan, un frisson parcourt mon âme et celle des fidèles qui affluent vers la Grande Mosquée de Paris. Dès la première nuit, une ferveur inégalée emplit les murs ancestraux de ce lieu emblématique, où la récitation du Coran résonne comme une onde de sérénité. Je vois des visages illuminés par la piété, des mains se lever en prière, des cœurs s’ouvrir à la miséricorde divine. Dans cette enceinte baignée d’histoire, les dix premiers jours du Ramadan prennent une dimension particulière : chaque prosternation semble plus profonde, chaque invocation plus intense, comme si la clémence divine enveloppait les âmes en quête de rédemption. Malgré les défis que traverse notre communauté, je suis témoin, soir après soir, de cette foi inébranlable qui transcende les épreuves et illumine nos âmes.
Le mois de Ramadan est une oasis spirituelle au sein du tumulte de la vie quotidienne. Il s’impose comme une halte de miséricorde, une réconciliation entre l'âme et son Créateur. Dans ce mois de lumière, les dix premiers jours sont les plus marqués par la clémence divine.
Selon la tradition prophétique, ils constituent un moment où la miséricorde d’Allah enveloppe les croyants, offrant à chacun l'opportunité de purifier son cœur, de rectifier son chemin et de se plonger dans une introspection sincère. Ces premiers jours sont le point de départ d’une ascension spirituelle qui culmine dans la recherche du pardon divin et de la rédemption.
Un engagement spirituel malgré l’adversité en France
Cette année encore, les musulmans de France ont entamé leur mois de jeûne dans un climat difficile, où les tensions sociétales et les préjugés ne faiblissent pas. Entre restrictions, débats publics souvent empreints de malentendus et actes de discrimination latente, l’atmosphère n’a pas toujours été propice à la quiétude spirituelle. Et pourtant, la communauté musulmane de France a su faire preuve d’une patience inébranlable, puisant dans la foi la force de transcender les difficultés et de persévérer dans l’adoration.
Dès la première nuit du Ramadan, les mosquées ont accueilli des fidèles en quête de recueillement, les Tarawih résonnant comme une réponse au vacarme des polémiques. Les musulmans ont maintenu les pratiques de ce mois béni : le jeûne rigoureux, la lecture du Coran, la multiplication des œuvres de charité et les veillées spirituelles.
Face aux défis du quotidien, les dix premiers jours ont été l’occasion de réaffirmer des valeurs fondamentales : la patience (sabr), la bienveillance (rahma) et la quête de proximité avec Allah. Nombreux sont ceux qui, malgré des conditions de travail exigeantes, ont poursuivi leurs efforts avec une détermination exemplaire, illustrant cette résilience propre aux cœurs attachés à la foi.
La force de la solidarité et de l’adoration
Malgré les vents contraires, la communauté musulmane a su faire du Ramadan un moment de renforcement du lien social. Les repas de rupture du jeûne (iftars) partagés dans les mosquées, les distributions alimentaires aux plus démunis et les initiatives caritatives ont témoigné de cette fraternité qui dépasse les épreuves.
Les dix premiers jours du Ramadan ont ainsi illustré la puissance de la foi face à l’adversité. Chaque acte d’adoration, chaque prosternation, chaque invocation répétée dans la nuit ont résonné comme une preuve de la constance des musulmans dans leur engagement spirituel. L’espoir et la gratitude ont surpassé les difficultés. Je nourris ce même espoir de voir un jour l’atmosphère en France plus apaisée sur la question de l’islam, où la sérénité remplacera les crispations et où la fraternité primera sur la défiance. Je demeure optimiste, car au-delà des épreuves, j’ai aussi foi en l’Homme, en sa capacité à comprendre, à reconnaître l’autre et à construire ensemble un avenir empreint de respect et de bienveillance.
Continuer sur la voie de l’effort spirituel
Alors que s’ouvrent les dix jours suivants, consacrés au pardon divin, il est primordial de persévérer. L’enseignement des dix premiers jours nous rappelle que la miséricorde d’Allah est infinie et que chaque instant du Ramadan est une chance de renouveau.
Que ce mois béni soit une source de paix pour chaque cœur éprouvé et qu'il permette à chacun de puiser la force de continuer sur le chemin de la spiritualité, malgré les tumultes du monde.
« Ô Seigneur, accorde-nous Ta miséricorde, fortifie notre foi
et fais de ce Ramadan un tremplin vers Ton agrément. »
À Paris, le 11 mars 2025
Chems-eddine Hafiz
Recteur de la Grande Mosquée de Paris
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