Les mots voyageurs (n°5) - Parasange "فرسنك"

L'origine arabe du mot "Parasange", tel que l'évoque l'éminent philologue et orientaliste, remonte aux tréfonds de l'histoire, tissant un fil d'érudition entre les langues et les cultures. Issu du persan moderne "farsang", cette mesure de distance a évolué au gré des époques et des contrées, symbolisant à la fois la diversité et la persistance des savoirs anciens.

Selon les recherches de l'éminent érudit Devic, le terme "Parasange" trouve ses racines dans le persan "فرسنك" (farseng), tandis qu'en arabe, il se décline en "فرسخ" (farsakh). Cette unité de mesure, utilisée aussi bien en Égypte que dans de vastes étendues de l'Asie, correspond approximativement à cinq mille mètres, véritable pont entre les civilisations et les géographies variées.

Les premières traces de ce terme éclairant remontent à l'Antiquité, où Hérodore décrit avec précision l'usage des différentes mesures selon l'étendue des territoires. La parasange, équivalant à trente stades, se hissait au sommet 35 Une guerre dévastatrice vient d’éclater au cœur de l’Europe, qui ravive les pires traumatismes du passé ; des menaces de cataclysme nucléaire sont constamment agitées, alors qu’on les croyait définitivement écartées ; un bras de fer planétaire se déroule, opposant l’Occident à la Chine et à la Russie… Il est clair qu’un bouleversement majeur est en train de se produire, qui affecte déjà notre mode de vie, et qui remet en cause les fondements mêmes de notre civilisation. Chacun en a conscience, mais personne encore n’a contemplé cette crise avec la profondeur de champ qu’elle mérite.

Comment en est-on arrivé là ? Amin Maalouf remonte, dans ce livre, aux origines de ce nouvel affrontement entre l’Occident et ses adversaires, en retraçant l’itinéraire de quatre grandes nations : d’abord le Japon de l’ère Meiji, qui fut le premier pays d’Asie à défier la suprématie des nations « blanches », et dont la modernisation accélérée fascina l’humanité entière, notamment les autres pays d’Orient, qui tous rêvèrent de l’imiter ; puis la Russie soviétique, qui constitua, pendant trois-quarts de siècle, une formidable menace pour l’Occident, son système et ses valeurs, avant de s’effondrer ; ensuite la Chine, qui représente en ce vingt-et-unième siècle, par son développement économique, par son poids démographique et par l’idéologie de ses dirigeants, le principal défi à la suprématie de l’Occident ; et enfin les Etats-Unis, qui ont tenu tête à chacun des trois « challengers », et qui sont devenus, au fil des guerres, le chef suprême de l’Occident et la première superpuissance planétaire.

L’ensemble de ces récits constitue une grande fresque historique qui éclaire, comme on ne l’avait jamais vu jusqu’ici, les enjeux des conflits en cours, les motivations des protagonistes, et les étranges paradoxes de notre époque. En exergue du livre, l’auteur cite cette parole si pertinente de Faulkner : « Le passé ne meurt jamais. Il ne faut même pas le croire passé. » Plume de la hiérarchie des mesures, réservée aux régions d'une grande étendue géographique. Son apparition dans les écrits illustres, comme celui de Rabelais, témoigne de sa présence durable dans les récits et les échanges intellectuels.

Les Chaldéens eux-mêmes, selon les investigations de Ménage, l'ont assimilé à leur langage, l'abrégeant en "parsa", rappelant ainsi la riche histoire linguistique qui relie les civilisations anciennes. Dans cette quête d'étymologie, l'érudit d'Herbelot établit un lien naturel entre la forme arabe "fars" et la mesure persane "farsang", soulignant ainsi l'intrication profonde des langues et des cultures au sein de la civilisation orientale. Ainsi, le terme "Parasange" se révèle bien plus qu'une simple unité de mesure. Il incarne le témoignage vivant de l'échange intellectuel et culturel qui a perduré à travers les siècles, reliant les peuples et les savoirs dans une toile tissée de connaissances et de découvertes.

D’après le Dictionnaire des mots français d’origine arabe de Salah Guermiche