top of page

Récits célestes (n°69) - La philosophie de l’émigration dans Coran

ree

Par Nassera Benamra

L’émigration (hijra) a toujours été une caractéristique des prophètes (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur eux). Le prophète Mohamed (paix soit sur lui) n’a donc pas été le premier à migrer. Plusieurs prophètes ont été contraints de quitter leur terre pour des raisons similaires.


L’émigration dans l’histoire des prophètes


Dans le Coran, le sens de l’émigration dépasse la simple mobilité physique. Une personne peut migrer par crainte pour sa vie face à l’oppression, ce qui correspond à la protection de son être, ou pour se préserver d’un danger pour sa foi, ce qui relève de la protection de sa religion. L’émigration peut concerner l’aspiration à une vie meilleure, une meilleure l’éducation, ou toute autre raison légitime, acceptable dans la loi divine et dans la vie humaine.


Dieu (qu’Il soit glorifié) souligne une vérité qui se répète dans l’histoire des prophètes : tous ont fait face aux mêmes attitudes et paroles de la part de leurs adversaires. « Il ne te sera dit que ce qui a déjà été dit aux messagers avant toi… » (Fusillât, verset 43).


Le Coran relate un dialogue universel à travers les époques. Les polythéistes menaçaient les messagers de les expulser s’ils ne retournaient pas à l’idolâtrie : « Ceux qui ont mécru dirent à leurs messagers : “Nous allons vous expulser de notre terre, ou vous faire revenir à notre religion… ” » (Ibrahim, verset 13).


Chaque prophète a fait face à des menaces similaires. Par exemple, Chouaib (paix sur lui) reçut ce type d’avertissement : « Les notables de son peuple, orgueilleux, dirent : “Nous allons t’expulser, toi et ceux qui ont cru avec toi, ou bien tu retourneras à notre religion”. » (El-A’raf, 88). Certains prophètes ont dû émigrer effectivement. Abraham (paix sur lui) fut menacé par son père, de lapidation et d’expulsion : « Mon père veut m’écarter de mes divinités. Si tu ne cesses pas, je te lapiderai et m’éloignerai de toi… » (Maryam, verset 46)


La Hijra dans le Coran : sens, mérite et enseignements pratique et juridique


Si l’on examine le Coran d’un point de vue statistique, on constate que le mot « hijra » et ses dérivés apparaissent à 22 reprises dans des contextes variés. Cela témoigne de l’importance de cet acte et de la haute considération accordée à ceux qui l’ont accompli, notamment le Prophète Mohamed (paix sur lui) et ses compagnons. Le Coran souligne leur mérite et en tire des enseignements pratiques et juridiques.


Plusieurs versets montrent clairement la récompense divine pour ceux qui ont émigré dans le chemin de Dieu, après avoir été persécutés ou expulsés de leurs foyers. Par exemple, la sourate El-Imran indique : « Votre Dieu a répondu à ceux qui ont cru et émigré : “Je ne perdrai pas le mérite de quiconque parmi vous, homme ou femme. Ceux qui ont émigré, ont été expulsés de leurs maisons, ont souffert pour Moi, combattu et ont été tués… Je purifierai leurs péchés et les ferai entrer dans des Jardins où coulent les rivières, récompense de la part de Dieu. Et Dieu leur réserve le meilleur des récompenses. » (El-Imran, verset 195)


Dans la sourate El-Anfal, les migrants sont décrits comme les véritables croyants : « Ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le chemin de Dieu, ainsi que ceux qui les ont accueillis et soutenus, ce sont eux les vrais croyants. Pour eux, pardon et subsistance généreuse. » (El-Anfal, versets 74-75) Le Coran précise également que l’émigration ouvre la voie à une vie plus aisée pour ceux qui émigrent dans le chemin de Dieu. Même si la mort les atteint avant d’atteindre leur destination, leur récompense incombe à Dieu et Lui seul, par Sa miséricorde et Son pardon : « Quiconque émigre pour Dieu trouvera sur terre des moyens de subsistance et de l’espace. Et quiconque quitte sa maison en émigration vers Dieu et Son Messager et meurt en chemin, sa récompense incombe à Dieu. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » (En-Nissa, verset 100)


Règles et implications de la hijra


Le Coran établit certaines règles pour les croyants restés dans leur pays et pour ceux qui émigrent : « Ceux qui ont cru, émigré et combattu avec leurs biens et eux-mêmes, ainsi que ceux qui les ont accueillis et soutenus, ce sont des alliés les uns des autres. Quant à ceux qui ont cru mais n’ont pas émigré, vous n’avez pas d’autorité sur eux tant qu’ils n’émigrent pas. Mais si vous êtes sollicités pour secourir dans la religion, vous devez aider, sauf envers des peuples avec lesquels vous avez un pacte. Dieu voit tout ce que vous faites. » (Al-Anfal, verset 72)


Dieu promet à ceux qui ont émigré, après avoir été opprimés, une réussite dans ce monde et dans l’au-delà : « Ceux qui ont émigré pour Dieu après avoir été injustement traités, Nous les installerons dans ce monde dans de bonnes conditions, et la récompense de l’Au-delà est bien plus grande, s’ils savaient. » (EnNaḥl, 42)


Conséquences sociales et personnelles de l’émigration


La hijra avait aussi des implications dans les règles de mariage. Par exemple, le Prophète n’était autorisé à épouser que les femmes croyantes ayant émigré avec lui : « Ô Prophète ! Nous t’avons permis d’épouser tes épouses auxquelles tu as donné leur dot, ainsi que ce que possède ta main droite et les filles de tes oncles et tantes qui ont émigré avec toi… » (Al-Ahzab, verset 50)


La sourate El-Mumtahana insiste sur l’intention pure de l’émigration, d’où les croyantes venant des rangs des polythéistes ne devaient pas être renvoyées si leur émigration était pour Dieu et Son Messager, de manière sincère.


Le Coran répète à plusieurs reprises les louanges adressées aux émigrants : « Ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le chemin de Dieu espèrent la miséricorde de Dieu. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » (El-Baqara, verset 218). « Dieu a pardonné au Prophète, aux émigrants et aux Ansâr qui le suivirent dans l’heure de la difficulté… Dieu est compatissant et miséricordieux envers eux. » (Et-Tawba, verset 117).



*Article paru dans le n°90 de notre magazine Iqra.

 


 _______________________

 

À LIRE AUSSI :

Récits célestes (n°52) - Lorsque le Coran institua la balance : le modèle économique dans la Révélation ultime

Récits célestes (n°4) - Le Prophète Houd et la tribu des Aad




*Article paru dans le n°90 de notre magazine Iqra.

 


 

À LIRE AUSSI :

Récits célestes (n°68) - L’histoire de Youcef, paix sur lui, dans son ministère en Égypte

Récits célestes (n°52) - Lorsque le Coran institua la balance : le modèle économique dans la Révélation ultime

Récits célestes (n°4) - Le Prophète Houd et la tribu des Aad

bottom of page