Notre mosquée (n°51) - L’École Ibn Badis mise sur une formation solide pour ses imams et aumôniers
- Nassera BENAMRA
- 4 oct.
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À l’occasion de la rentrée d’octobre, l’École nationale de formation des imams et des aumôniers, Ibn Badis, accueille une nouvelle promotion d’étudiants.
Si la laïcité reste une matière phare du cursus, la nouveauté réside cette année
dans un dispositif inédit, un apprentissage renforcé de l’arabe pour les étudiants francophones, afin de leur permettre d’accéder directement aux textes religieux dans leur langue d’origine.

PAR NASSERA BENAMRA
Le 5 octobre 2025, l’École nationale de formation des imams et des aumôniers Ibn Badis, rattachée à la Grande Mosquée de Paris, s’apprête à rouvrir ses portes. Administrateurs, enseignants et étudiants se préparent à entamer une nouvelle année universitaire placée sous le signe du renforcement pédagogique, de l’ouverture internationale et de l’ancrage dans les valeurs républicaines. Tandis que les étudiants de deuxièmes et troisièmes années reprennent leurs cours pour achever leur formation, une nouvelle promotion d’étudiants de première année fait son entrée dans l’établissement, marquant ainsi un moment fort pour cette institution engagée dans la transmission d’un islam de France, fidèle aux principes de la République.
Depuis son arrivée à la tête de la Grande Mosquée de Paris, le recteur a fait de la formation des cadres religieux une priorité. L’enjeu est de taille, permettre aux futurs imams, aumôniers et conseillers religieux de s’intégrer pleinement dans la société française, en conciliant excellence spirituelle et compréhension fine du contexte républicain et laïque. C’est dans cet esprit que l’école a développé un programme académique exigeant, mêlant sciences religieuses, sciences humaines et enseignements spécifiques liés au cadre français.
Parmi ces enseignements, un module attire particulièrement l’attention, la laïcité. Présentée comme une discipline fondamentale, cette matière occupe une place centrale dans le cursus. « Un imam appelé à exercer en France doit être formé au fonctionnement des institutions républicaines et à la culture de la laïcité », rappelle le recteur, qui insiste sur l’importance de préparer les étudiants à leur futur rôle au sein d’une société pluraliste. Pour garantir un haut niveau d’enseignement, la Grande Mosquée de Paris a signé un partenariat avec l’Université de la Sorbonne, dont des enseignants spécialisés assurent les cours. À la fin de leur formation, les étudiants sont tenus de rédiger et de soutenir un mémoire spécifique consacré à la laïcité, en plus de leur mémoire de fin d’études en sciences islamiques.
Le mois de septembre a d’ailleurs été marqué par la soutenance des mémoires de la dernière promotion. Les étudiants diplômés, désormais reconnus comme imams et aumôniers (ères) ont démontré la pertinence et la qualité de cette double exigence académique. Ces soutenances, qui se déroulent chaque année, constituent un moment fort, autant pour les étudiants que pour les enseignants et l’institution.
Le recteur de la Mosquée de Paris, fidèle à une démarche de modernisation, organise régulièrement des rencontres avec le corps professoral. Ces réunions permettent d’évaluer les contenus, de discuter des améliorations à apporter et d’adapter la formation aux besoins du terrain. Pour cette rentrée, une innovation majeure a été introduite, les étudiants qui ne maîtrisent pas l’arabe bénéficieront d’un enseignement linguistique renforcé avant de suivre les cours de théologie et de droit musulman. L’objectif est clair, leur permettre d’accéder aux textes religieux dans leur langue d’origine, et ainsi de développer une meilleure compréhension des fondements de la pensée islamique.
Autre nouveauté de cette rentrée, un module spécifique d’initiation destiné aux nouveaux convertis à l’islam. Souvent confrontés à une profusion de discours religieux diffusés sur internet ou dans certains cercles informels, ces étudiants bénéficient désormais d’un cadre académique et structuré pour approfondir leur connaissance de la foi. L’objectif est double, leur offrir une compréhension sereine et authentique des bases de l’islam, et les prémunir contre l’influence de fatwas contradictoires ou d’interprétations radicales qui circulent sur les réseaux sociaux.
En intégrant ce public particulier dans son programme, l’École nationale de formation des imams et des aumôniers affirme sa mission d’accompagnement global. Les nouveaux convertis, souvent désireux d’acquérir des repères solides, trouveront ainsi un espace de formation sérieux, encadré par des enseignants qualifiés et respectueux de la diversité des parcours spirituels. Cette initiative illustre également la volonté de la Grande Mosquée de Paris de proposer un islam éclairé, ancré dans la tradition, mais adapté aux réalités contemporaines de la société française.
Dans cette dynamique d’ouverture, l’École nationale ne se limite pas à la sphère française. Elle développe progressivement des partenariats avec des institutions islamiques de renom, telles qu’Al-Azhar au Caire ou l’Université de la Zitouna à Tunis. Ces collaborations visent à enrichir la formation des étudiants comme des enseignants, en leur offrant des académiques opportunités et des d’échanges stages de perfectionnement dans des cadres prestigieux.
Au-delà de la pédagogie, c’est une véritable vision qui se déploie, former des cadres religieux à la hauteur des attentes contemporaines. Depuis la fin du système d’imams détachés par des pays étrangers, la responsabilité de préparer de nouvelles générations de responsables religieux incombe directement aux institutions françaises. La Grande Mosquée de Paris assume ce rôle avec détermination, consciente de la nécessité de former des imams et aumôniers capables de conjuguer enracinement spirituel et citoyenneté éclairée.
La rentrée 2025 s’annonce comme une étape supplémentaire dans la consolidation de cette mission. Entre consolidation académique, ouverture internationale et adaptation aux réalités linguistiques et sociales, l’École nationale de formation des imams et des aumôniers confirme son ambition pour être un pôle de référence pour une formation religieuse musulmane moderne, rigoureuse et pleinement inscrite dans le cadre républicain.




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