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Le Coran m’a appris (n°25) - Et si la Terre était une page du Livre

Dernière mise à jour : il y a 8 heures

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Par Cheikh Khaled Larbi

Au lever du jour, la brise récite…

Dans le silence du soir, la Terre médite…

Et l’âme du croyant pressent, sans mots ni bruit,

Que chaque montagne est un verset,

Chaque rivière une écriture,

Chaque tempête une admonition…

Et que la Terre entière est un Livre ouvert

sous nos pas.


Les versets qui parlent de la Terre


Le Coran ne décrit pas la nature : il la révèle.


Allah dit :


« Ne voient-ils pas que Nous avons créé pour eux, parmi ce que Nos mains ont fait, des troupeaux dont ils sont propriétaires ? »

36 :71


« C’est Lui qui a étendu la Terre, y a placé des montagnes et y a fait couler des rivières. »

13 :3


« Et Nous avons fait descendre du ciel une eau en juste mesure. »

23 :18


Ces versets ne sont pas des images poétiques : ce sont des rappels d’équilibre (Mizan), d’ordre, de gratitude.


Pour les maîtres de la spiritualité, la Terre est un mihrâb élargi, une direction d’adoration : elle contient de quoi se nourrir, se soigner, réfléchir, prier.


Le Prophète ﷺ disait : « Le monde est verdure et douceur, et Allah vous y a installés comme intendants. Il observe comment vous agissez. »


Cette parole, dans notre siècle, prend une acuité brûlante.


Ce que les catastrophes nous enseignent


Une inondation, dans le langage coranique, n’est pas un simple phénomène météorologique. C’est un verset (âyah) — un signe.


Une sécheresse n’est pas un accident : c’est un rappel.


Un incendie de forêt n’est pas qu’un drame : c’est une question posée à la conscience.


Le Coran affirme :


« Nous leur montrerons Nos signes dans l’horizon et en eux-mêmes. »

41:53


Les catastrophes ont donc une dimension visible et une dimension invisible :


  • Visible: modification du climat, hausse des températures, fonte des glaciers, déficit hydrique, événements extrêmes.


  • Invisible : oubli du sacré, rupture de la gratitude, consumérisme effréné, individualisme devenu norme, déconnexion du rythme naturel écrit par Dieu.


Ainsi, chaque dérèglement écologique porte un message : la Terre nous dit ce que nos consciences ne veulent plus entendre.


Belém 2025 : une lecture spirituelle


Belém 2025 n’est pas seulement une conférence internationale. C’est, pour le croyant qui contemple, un moment de bascule intérieure.


Pourquoi ? Parce qu’elle se tient dans l’Amazonie, la plus grande forêt vivante, le poumon humide de l’humanité.


Le Coran évoque des régions où la vie se renouvelle, où l’eau coule en abondance. L’Amazonie ressemble à ces descriptions de « terres vivantes » (Ard Hayâ).


Belém nous rappelle que la planète n’est pas un assemblage de frontières : elle est une création unifiée, un organisme où chaque région respire pour l’autre.


Dans un monde où les nations se disputent pour des ressources limitées, voir des responsables politiques, des savants, des peuples autochtones, des religieux et des chercheurs se réunir pour protéger ce qui reste, c’est reconnaître la valeur d’une vérité coranique :


« Nous vous avons établis en communautés afin que vous vous connaissiez. »

49 :13


Se connaître aujourd’hui, c’est se sauver en-semble.


Les petits gestes du croyant dans la France d’aujourd’hui


Le Coran demande :


« Mangez et buvez, mais ne commettez pas d’excès. »

7 :31


Dans la société française moderne : l’électricité allumée sans raison, les douches prolongées, le gaspillage alimentaire (près de 10 millions de tonnes par an), le chauffage poussé trop haut, les trajets courts en voiture… sont devenus des habitudes presque invisibles.


Le croyant peut transformer ces gestes en adoration :


  • Économiser l’eau : le Prophète ﷺ faisait ses ablutions avec une quantité infime, parfois moins d’un litre. Dans nos mosquées françaises, installer des robinets temporisés est déjà un acte de spiritualité.


  • Réduire le gaspillage alimentaire : lorsque des fruits fanent dans le réfrigérateur, ou que du pain sec est jeté, c’est un verset de gratitude qui se déchire. En France, soutenir les circuits courts, les AMAP, ou acheter moins mais mieux est une forme de dhikr concret.


  • Privilégier la sobriété énergétique : baisser le chauffage d’un degré, utiliser les transports en commun, opter pour le vélo, aider une personne âgée à trier ses déchets…


Autant d’actes qui, dans la balance divine, pèsent lourd. Le croyant ne se demande plus seulement : « Que puis-je faire ? » Il se demande : « Comment mon geste parlera-t-il pour moi lorsque la Terre témoignera ? »


La Terre comme page du Livre


Les maîtres musulmans disaient : « Il y a deux livres : le Livre révélé… et le Livre créé. »


Le Coran dans la main, et la Terre sous les pas. La modernité nous a appris à lire le premier, mais à oublier comment lire le second.


Pourtant la Terre possède sa grammaire : les orages sont des exclamations, les vagues sont des répétitions, les forêts sont des chapitres de miséricorde, les animaux sont des annotations vivantes, les pluies sont des ponctuations d’espérance.


Si la Terre est une page, alors nous en sommes les lecteurs… Mais aussi les scribes.


Chaque geste écrit une ligne : éteindre, recycler, économiser, protéger, planter, transmettre.


Lorsque l’homme écoute la Terre,

le silence devient prière…

Lorsque le croyant protège la Terre,

chaque action devient lumière…

Et lorsque l’humanité relit ensemble le grand Livre de la création,

la nature retrouve son souffle…

Et l’âme retrouve le chemin.



*Article paru dans le n°86 de notre magazine Iqra.




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