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Rencontre : Job (Ayoub), la douleur et la souffrance dans les traditions abrahamiques

Dernière mise à jour : 18 sept. 2023



"Une rencontre, après la catastrophe en Turquie et en Syrie"


mercredi 15 février 2023 (de 18h à 20h)

à la Grande Mosquée de Paris

Place du Puits de l'Ermite 75005 Paris


INSCRIPTION GRATUITE :



ARGUMENTAIRE :


Face à la terrible catastrophe qui vient de frapper la Turquie et la Syrie, naissent l’incrédulité, l’abattement et très vite la nécessaire compassion vers ce prochain qui pourrait être moi ; qui est moi…


Pour le croyant, la foi est une sécurité, avec la certitude que les choses ont un sens dans le plan de Dieu, même si certaines nous échappent. Cette foi, intimement liée à la notion d’espérance, n’empêche pas des controverses. Car s'interroger sur un tel cataclysme semble vain: comment tenter de "rationnaliser" l'irrationnel, l'incompréhensible? C'est l'homme face à sa fatalité, son Destin.


Nous proposons de nous rencontrer pour interroger des penseurs venus de nos traditions abrahamiques et tenter, pour reprendre le mot de la théologienne protestante France Quéré, “sous le mal évident, percer le bien secret”.


Les intervenants sont tous des spécialistes du prophète Ayoub, ou Job, une figure commune aux trois traditions monothéistes qui reçoit tous les maux de la terre et s’interroge sur son sort.


Dans le Coran, il n’est que peu cité (sourate 21, verset 83 ; sourate 38, verset 41), mais fait l’objet d’une exégèse considérable en islam, comme s’il fallait absolument trouver un sens à un tel mystère.


Nous demanderons à nos experts et savants d’illustrer leur interprétation de la question théologique essentielle résumée par Paul Ricœur : "Comment peut-on affirmer ensemble, sans contradiction, les trois propositions suivantes : Dieu est tout-puissant ; Dieu est absolument bon ; pourtant le mal existe. La théodicée apparaît alors comme un combat en faveur de la cohérence, en réponse à l’objection selon laquelle deux seulement de ces propositions sont compatibles, mais jamais les trois ensemble."


Pourquoi le Mal ? Nous imaginons bien les impasses de compréhension où peuvent nous mener une vision purement piétiste. La volonté de sagesse qui nous anime est au-delà d’un fatalisme passif, ne s’interrogeant pas… Si la souffrance est absurde, la vie l'est-elle tout autant ? Camus débute "Le mythe de Sisyphe" par : "Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie."


Il y a près de 3 siècles, en 1755, le tremblement de terre de Lisbonne a été d’une intensité énorme (probablement plus de 50.000 victimes), déchirant les philosophes des Lumières quant aux responsabilités de ce désastre. Pour Rousseau, la Nature étant naturellement bonne, le mal moral était venu des hommes, coupables à ses yeux d’avoir érigé des habitations comportant plusieurs étages…. Voltaire en revanche, dans le “poème sur le désastre de Lisbonne” insiste sur la nécessaire attention accrue à l'Autre, notre prochain. Face à la souffrance, c'est le devoir essentiel de solidarité envers celui qui a mal, envers le plus faible, le plus démuni. C'est cette expression de solidarité qui préserve la dignité de celui qui souffre en même temps qu'elle maintient la nôtre. Si la souffrance est effectivement absurde, le regard que nous portons sur celui qui souffre (et qui sera bien sûr un jour moi-même), ne l'est pas.


Philosophie et théologie ont parfois été rivales, voire antagonistes au cours des siècles, alors qu’elles cherchent toutes deux des réponses. Nous tenterons de dépasser cet ancien clivage et tenterons de montrer comment l’attention à la spiritualité, au partage et à la compassion peuvent être un moyen, humain, de tenter de faire face ensemble à l’impensable…


INTERVENANTS :


Frédérique Leichter-Flack

Professeure des universités, Normalienne et agrégée de lettres modernes, elle est ancienne membre du Comité d’Éthique du CNRS et utilise la littérature, l’histoire et la pensée politique pour enseigner l’éthique. Enseignante à Sciences Po depuis 2 ans, son dernier livre “Pourquoi le mal frappe les gens bien? La littérature face au scandale du mal” (Flammarion, 2023) résonne particulièrement autour de la figure de Job, dont elle est une spécialiste, en posant la question du pourquoi du mal, de l’injustice, de la souffrance.

Elle est également l’auteur du remarqué “Le Laboratoire des cas de conscience” (Flammarion), qui vient d’être réédité en format de poche où elle utilise la littérature, le roman, le cinéma ou les séries TV pour illustrer les dilemmes éthiques les plus complexes et les plus immémoriaux. Son précédent livre “Qui vivra qui mourra: Quand on ne peut pas sauver tout le monde” (Albin Michel 2015) représente une surprenante analyse utilisant encore littérature (comme “Le choix de Sophie”) ou le cinéma pour nous aider à réfléchir sur ces situations extrêmes de la vie.


Marion Muller-Colard

Théologienne et écrivaine, membre du Comité consultatif national d'éthique, elle est directrice des éditions Labor et Fides depuis 2022. Elle intervient de manière régulière dans l'émission “Présence protestante” le dimanche matin sur France 2 où elle discute et interprète des passages bibliques avec ses invités.

Parmi ses nombreux livres (dont plusieurs ouvrages de littérature pour enfants), son essai “L'Autre Dieu: La plainte, la menace et la grâce” (Albin Michel) a récemment été repris en format de poche. Son doctorat à la faculté de théologie protestante de Strasbourg a servi directement à l’élaboration de sa pensée à partir du texte biblique de Job.


Antoine Guggenheim

Prêtre du diocèse de Paris, il est docteur en théologie et titulaire d'une maîtrise de philosophie après avoir initialement fait des études scientifiques (ingénieur de l’École des Mines de Paris). Il a aussi fondé et dirigé, jusqu'en 2014, le Pôle de recherche du Collège des Bernardins.

Il a une très grande activité d’enseignement et est l’auteur de nombreux livres, dont “Pour un nouvel humanisme. Essai sur la philosophie de Jean-Paul II” (Parole et Silence, 2011) et “Une pratique chrétienne de la rencontre avec l'islam et les musulmans: Une éthique de la rencontre” (Parole et Silence, 2022), tiré de son expérience au diocèse de Paris sur le dialogue entre chrétiens et musulmans.


Boumédiène Ben Yahia

Boumédiène Benyahia est islamologue, métaphysicien et linguiste, expert consultant des sources de l'islam, de la psychologie spirituelle et thérapeutique de l'œuvre d'Ibn Arabi, de la linguistique et l'herméneutique coranique et de la métaphysique universelle.

Diplômé de plusieurs universités européennes/françaises dans les domaines de l'islamologie, des religions et du droit, il s'intéresse à la question de la sacralité du langage divin et de ce qui lie l'être humain au divin dans nos société modernes.

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