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Communiqué - La Grande Mosquée de Paris dénonce le récent rapport émis par un groupe de sénateurs

Dans un climat délétère visant les musulmans de France, où s’accroit la grave confusion entre musulman et islamiste, la Grande Mosquée de Paris dénonce le récent rapport émis par un groupe de sénateurs, censé combattre l’« entrisme islamiste ».

 

Sous couvert de la protection de la République et de la laïcité – causes pour lesquelles la Grande Mosquée de Paris s’est toujours pleinement engagée –, ce document porte en réalité atteinte aux libertés fondamentales, et stigmatise une communauté de foi tout entière. La laïcité n’a jamais signifié la suppression de la pratique religieuse. Elle garantit à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire.

 

Ce rapport propose notamment d’interdire le port du voile aux accompagnatrices scolaires et le jeûne du mois de Ramadan aux mineurs de moins de 16 ans – la Grande Mosquée de Paris rappelant à ce titre que le jeûne est une obligation religieuse, soumise à des conditions, qui ne s’applique qu’à partir de la puberté.

 

De manière générale, la majeure partie des propositions du rapport souhaite instaurer une surveillance généralisée des familles et des lieux de culte musulmans. Ces mesures ne protègent pas les droits, elles les restreignent. Elles visent non les extrémistes, mais les fidèles ordinaires. C’est une remise en cause de la liberté de conscience, de la Constitution et de la dignité de millions de citoyens musulmans.

 

Tenter de restreindre exclusivement des pratiques musulmanes, dont beaucoup sont par ailleurs communes aux autres religions monothéistes, revient à définir un régime d’exception pour les musulmans de France.

 

L’application des mesures proposées supposerait l’instauration d’une véritable police des mœurs musulmanes, intrusive et inégalitaire. Pour les mettre en œuvre, il faudrait forcer les portes des foyers, vérifier si les enfants mangent lors du Ramadan, contrôler l’apparence vestimentaire dans l’espace public… Autant d’atteintes graves à la vie privée, qui, loin de défendre l’égalité entre citoyens, mettraient en place une discrimination ciblée contre les musulmans. Est-ce ainsi que l’on entend bâtir une République fraternelle ?

 

Plus grave encore, ce rapport, avec ses recommandations, confond religion et idéologie, foi et radicalisme. Il stigmatise d’avance des familles, des quartiers, des mosquées, sans distinguer les croyants pacifiques des extrémistes. Il choisit un coupable idéal : l’islam. Une telle démarche, en plus d’être injuste, menace la cohésion sociale, encourage l’exclusion et cultive la défiance. Elle est en tout point contreproductive dans la lutte contre les dérives radicales que la Grande Mosquée de Paris mène depuis longtemps.

 

Par conséquent, outre l’étude des voies et moyens légaux pour la défense du droit, la Grande Mosquée de Paris lance un appel clair :

 

-        à défendre la laïcité qui protège toutes les religions ;

 

-        à garantir la liberté de conscience et de culte ;

 

-        à promouvoir des politiques d’inclusion, de dialogue, de respect, et non des mesures discriminatoires, stigmatisantes, coercitives.

 

La France a besoin d’un débat serein, d’un vivre-ensemble fondé sur le respect et la dignité. Elle n’a pas besoin d’un texte qui divise, qui chasse, qui suspecte.

 

Chems-eddine HAFIZ

Recteur de la Grande Mosquée de Paris


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