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Communiqué - La Grande Mosquée de Paris conteste les récents propos du Premier ministre Gabriel Attal

La Grande Mosquée de Paris exprime sa plus vive préoccupation à la suite du discours du Premier ministre, Gabriel Attal, sur l'« entrisme islamiste » lors de sa récente visite à Viry-Châtillon. Elle déplore une généralisation qui risque de stigmatiser une portion significative de la composante musulmane de France, compromettant ainsi l'unité nationale.


Le Premier ministre a évoqué « des groupes plus ou moins organisés cherchant à faire un entrisme islamiste », insinuant une infiltration d'idéologies radicales dans nos institutions, notamment dans le milieu éducatif. La Grande Mosquée de Paris souligne que de telles allégations nécessitent des preuves tangibles pour être considérées comme crédibles et ne peut se contenter de déclarations politiciennes.


En tant que citoyens de confession musulmane, nous sommes fermement engagés à lutter contre toute forme d'extrémisme et nous sommes disposés à être en première ligne pour lutter contre les dérives, pour peu qu'elles nous soient clairement identifiées. Par ailleurs, l'emploi du terme « entrisme », issu de l’idéologie politique trotskiste, est totalement inapproprié dans ce contexte. Cette notion, politique par nature, ne saurait être assimilée à une prétendue infiltration islamiste, ce qui est préjudiciable au vivre-ensemble et à la cohésion nationale.


Il est tout aussi regrettable de lier des actes de violence isolés à une supposée contestation des valeurs républicaines et de la laïcité. Une approche nuancée est indispensable pour éviter toute stigmatisation ou discrimination.

 

Parallèlement, nous suggérons vivement au Premier ministre de se pencher sur des faits avérés tels que le décalage affiché de neuf points des élèves issus de l'immigration en France par rapport à leurs pairs de l'OCDE, alors qu'ils se situent dans la moyenne, voire excellent en mathématiques, dans des pays comme le Canada, le Royaume-Uni, et d'autres. Ou encore, sur l'inquiétant phénomène de l'« exode silencieux » des musulmans de France, récemment relaté par le quotidien Le Monde, mettant en évidence le besoin urgent de modèles d'intégration.


Nous appelons fermement Gabriel Attal et le gouvernement à faire preuve de discernement dans leurs discours, particulièrement en cette période électorale où fort malheureusement l'Islam et les musulmans sont trop souvent instrumentalisés comme un argument dans la course aux voix de l'extrême droite. De même que les musulmans ont un rôle à jouer dans la lutte contre l'extrémisme, le gouvernement a le devoir et la responsabilité de combattre l'extrême droite en évitant de la nourrir par la stigmatisation des musulmans.

 

La promotion du dialogue, de la compréhension mutuelle et de l'inclusion reste indispensable. La lutte contre la violence et l'extrémisme doit privilégier l'éducation, la prévention et la cohésion sociale, plutôt que la division et la stigmatisation.


Chems-eddine HAFIZ

Recteur de la Grande Mosquée de Paris





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