Le vrai du Faux (n°8) - "La voix de la femme est une awra"
- Guillaume Sauloup
- 12 août
- 3 min de lecture

Au nom d'Allah, et prières et salut soient sur son Messager.
Nous poursuivons notre série sur les expressions populaires qui ne sont pas de hadiths prophétiques.
Louanges à Allah, et prières et paix sur Son messager, aujourd'hui nous examinons une phrase souvent répétée par le public et certains prédicateurs : « la voix de la femme est une “awra”, “un Sacrilège” ». Mais est-ce réellement un hadith authentique ? Est-ce une affirmation valide ? Les érudits ont précisé que cette affirmation ne constitue pas un hadith. En outre, cette expression n'est pas attribuée à une personne spécifique. En réalité, elle représente une notion qui a été examinée dans un contexte très particulier par certains juristes et savants, notamment ceux qui sont les plus renommés pour avoir traité ce sujet.
Des érudits de certaines écoles juridiques ont abordés le sujet sous plusieurs angles, et ils ont mentionné que cela pourrait être considéré comme une « awra » si dans son discours il y a séduction et soumission, en interprétation du verset d'Allah - Exalté soit-Il - : « Ô femmes du Prophète, vous n'êtes pas comme les autres femmes. Si vous êtes pieuses, ne soyez pas trop complaisantes dans votre parole, de peur qu'un homme au cœur malade ne convoite (quelque chose de vous), et tenez un discours décent » Sourate Al-Ahzab, verset 32.
La voix d'une femme, lorsqu'elle parle aux hommes, ne devrait pas être douce ou mélodieuse de manière à mettre en évidence sa féminité, qui pourrait captiver le cœur et les désirs des hommes. Cette perspective est adoptée par les juristes hanbalites, y compris l'imam Ahmed ibn Hanbal, qu’Allah lui accorde Sa miséricorde. Cependant, les érudits n'ont pas catégoriquement affirmé que la voix de la femme est en soi une « awra ». Ils ont plutôt spécifié que l'interdiction s'applique à une certaine intonation dans la voix qu'une femme pourrait utiliser pour séduire un homme et susciter son désir.
Si cette affirmation était absolue, alors les femmes des Compagnons, que la satisfaction d'Allah soit sur eux, n'auraient pas posé de questions au Messager d'Allah, paix et bénédictions sur lui, et les épouses du Prophète, SAWS, n'auraient pas répondu aux interrogations des Compagnons.
De nombreux hadiths illustrent la relation entre le Prophète, paix et bénédictions sur lui, et les femmes en général. Ces dernières le consultaient sur diverses questions relatives aux menstrues, au post-partum, et même aux états d'impureté majeure (rapports sexuels). Aicha, qu'Allah soit satisfait d'elle, a déclaré : « Les femmes des Ansar étaient remarquables, leur pudeur ne les a pas empêchées de chercher à comprendre leur religion ».
Oum Salama, qu'Allah soit satisfait d'elle, raconte que Oum Soulaim est allée voir le Prophète, SAWS, et lui a dit : « Ô Messager d'Allah, Allah ne se gêne pas de la vérité. Une femme doit-elle effectuer le lavage rituel si elle a eu un rêve érotique ? » Le Prophète, paix et bénédictions sur lui, a répondu : « Oui, si elle constate la présence de liquide. » Oum Salama, choquée, couvrit son visage et demanda : « Ô Messager d'Allah, une femme peut-elle avoir un rêve érotique ? » Il lui répondit : « Oui, sinon comment ses enfants pourraient-ils lui ressembler ? »
Si la voix de la femme était réellement considérée comme une “awra” en général, le Prophète l'aurait-il toléré ?
De ce fait, il est crucial de s'assurer de la véracité d'un hadith, avant de l'attribuer au Prophète, SAWS. Attribuer incorrectement des propos au Prophète peut exposer à des conséquences graves, telles qu'il les a lui-même énoncées.
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