Les portes, symbole essentiel de la communication et de la fluidité dans les édifices, se déclinent en une diversité de formes, de tailles et les matériaux. Elles remplissent plusieurs rôles cruciaux, assurant sécurité, orientation et embellissement esthétique.
La porte, une histoire millénaire
Leur histoire demeure enveloppée de mystère quant à leur invention initiale. Tout ce que nous savons, c'est qu'elles ont émergé au cœur de l'Égypte antique, où l'architecture incarnée notamment par la construction des pyramides, relève d’un génie remarquable. Les première portes égyptiennes, façonnées il y a plus de 2000 ans, à l’intérieur des tombes ancestrales des pyramides, témoignent du savoir-faire technologique avancé et de la grandeur de cette civilisation.
L'artisanat des portes dans les temps anciens se distinguait par l'utilisation variée de matériaux tels que le bois, le bronze, le cuivre et la pierre, tous ornés de motifs complexes et de symboles culturels et religieux, dégageant la singularité de chaque civilisation.
Au fil du temps, cette industrie a connu un essor significatif dans les techniques de fabrication et la diversité des designs, tout en conservant l’utilisation des matériaux traditionnels et en tout développant de nouvelles méthodes adaptées aux différentes époques.
De simples entrées dans les bâtiments, les portes sont devenues des symboles culturels et historiques porteurs de l'héritage des civilisations, exprimant l'évolution artistique et artisanale à travers les âges et reflétant le niveau de développement de la créativité et de l'habileté humaine. Il en va de même dans la civilisation née de l’islam.
La symbolique des portes dans le Coran
Les références aux portes dans le coran sont éloquentes, apparaissant à vingt-sept reprises, douze fois au singulier, tel que dans la parole d’Allah Tout-Puissant : « Et tous deux coururent vers la porte, et elle lui déchira sa tunique par derrière » (Sourate Yusuf, verset 25), et quinze fois au pluriel, comme dans la parole divine : « Puis, lorsqu’ils eurent oublié ce qu’on leur avait rappelé, Nous leur ouvrîmes les portes donnant sur toute chose (l’abondance) » (Sourate AlAn'am, verset 44).
Les mentions des portes se déclinent en deux catégories distinctes. Tout d’abord, les portes matérielles, englobant celles des villages, les frontalières, les portes externes de la maison et interne des demeures. Ensuite, les portes métaphoriques, symbolisant les voies d’accès au Paradis et à l'Enfer, représentant les actions menant à leur accès, telles les portes du châtiment, de la subsistance, du ciel, les portes du Paradis et de l'Enfer.
Les portes de la Grande Mosquée de La Mecque (Masjid al-Harâm)
Dans l'antiquité préislamique, les portes désignaient les entrées aux abords de la Kaaba, appelées "Fijaj". À l'époque du Prophète (Paix et bénédiction d’Allah soient sur lui), les portes de la Mosquée al-Harâm étaient au nombre de sept, sans structure architecturale. Sous Omar Ibn Al-Khattab (qu’Allah l’agrée) les portes étaient alignées autour de Masjid al-Haram avec un mur court où des portes ont été ouvertes en alignement. À l'époque du compagnon du Prophète Othman Ibn Affan (qu’Allah l’agrée), ces portes ont connu un grand embellissement, avec galeries, piliers et toit. Après les califes bien guidés (qu’Allah les agrée), des expansions agrandirent la Mosquée de La Mecque, en ajoutant de nouvelles portes. Sous lHaut du formulairees Omeyyades, Abbassides, Ottomans et jusqu'à l'ère saoudienne, les portes subirent des changements architecturaux et d’emplacement. Actuellement, la Mosquée compte cent soixante-seize portes, toutes ornées de bois de qualité, métal poli et garnitures en laiton.
Ph : Khawaja Umer Farooq
Les portes de la Mosquée du Prophète à Médine (Masjid An-Nabawi)
À l’époque du Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui), Al-Masjid An-Nabawi à Médine ne comptait que trois portes auxquelles les trois autres furent ajoutées sous Omar ibn al-Khattab (qu'Allah soit satisfait de lui). Sous le calife abbasside Al- Mahdi (161-165 de l'Hégire), l’expansion porta leur nombre à vingt-quatre, avec les principales portes conservées à l’époque Mamelouke : Gabriel, des femmes, de la Paix et de la Miséricorde.
L’expansion saoudienne initiale conserva ces portes et en ajouta cinq autres, ainsi qu’une nouvelle porte à l’est, Bab al-Baqi en face de Bab al-Sala . Sous le règne de Fahd, plusieurs portes avancées furent intégrées, chacune comportant sept entrées pour le nouveau bâtiment.
Fabriquées avec soin dans des usines renommées à travers le monde, ces portes en bois précieux se distinguent par leur précision et leur esthétique. Après cette expansion, le sanctuaire comptait quatre-vingt-cinq portes dont vingt-neuf réservées aux femmes, avec dix portes officielles nommées en l’honneur de figures importantes de l’islam. Les autres portes, numérotées sans noms, sont des entrées annexes aux principales.
Les portes de la Mosquée Al-Aqsa à Jérusalem Al-Quds
Les portes de la Mosquée Al-Aqsa sont les passages empruntés par les fidèles passent pour accéder à la Mosquée bénie par Allah et les séparant du reste du territoire. Datant de l'époque du Sultan ottoman Solimane le Magnifique, qui érigea en 1542 une muraille entourant Jérusalem (Al-Quds), ces portes se distinguent par leur précision artisanale et leur beauté remarquable.
Parmi les portes ouvertes : Porte d’Asbat (porte Sainte Marie), Porte Hittah, Porte du Roi Faysal (Porte Al-Atam), Porte de l'Honneur des Prophètes, Porte des Dawadariyyah, Porte Alghawanimah (Porte du Patriarche, Porte de Waleed), Porte Annadhir (Porte du Conseil), Porte de Fer, Porte des Cotonniers, la Porte d’Almatharah (Porte des Ablutions), Porte de la Chaîne, Porte des Moriscos (Porte d’Alboraq, Porte du Prophète).
Parmi les portes fermées : Porte Atholathi (Triple), Porte Almouzdawaj (Double), Porte de la Miséricorde, Porte des Funérailles, Porte Almofrad (Porte singulière).
Les portes de la Grande Mosquée de Paris
La Grande Mosquée de Paris est entourée de portes extérieures, quand d’autres, intérieures, relient ses différents espaces.
Initialement sans nom, le recteur Chems- eddine Hafiz a décidé de les nommer à l’occasion de la célébration du centenaire de la mosquée, le 19 octobre 2022.
À travers ces noms résonnent les messages de l'islam et l’histoire de ceux qui ont contribué à la prospérité de l’édifice. Dressons la liste de ces noms et de leurs significations.
Porte du mur Ouest
- La porte de la Paix : porte principale de la Grande mosquée, symbolisant l’entrée en paix et en sécurité, en accord avec le verset 46 de la sourate Al-Hijr : « Entrez-y en paix et en sécurité ».
- La porte Si El-Hadj Djilali Mehri : en l’honneur de Djilali Mehri, éminent algérien, soutien de la Grande Mosquée de Paris et exemple de dévouement et de générosité.
- La porte de la Miséricorde : cette porte reflète la miséricorde et la douceur, la tendresse qui transcende le monde de la virilité : elle est celle réservée aux femmes lors de la prière du vendredi.
- La porte Iqra (Lis) : nom donné en référence à la première parole révélée au Prophète de l’islam (la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui), soulignant ainsi l’importance de la connaissance et de l’apprentissage dans l’islam : il s’agit de la porte de notre Ecole Ibn Badis pour la formation des imams, des mourchidates et des aumôniers, ainsi que des classes d’apprentissage de la langue arabe.
Portes du mur Est
- La porte Si Kaddour Ben Ghabrit : en hommage à Kaddour Ben Ghabrit, né à Sidi Bel Abbés en Algérie en 1868 et décédé en 1954, fondateur et premier recteur de la Grande Mosquée de Paris.
- La porte du Repentir : associée au rappel de la mort et du repentir, liant ainsi cette porte et la précédente à une réflexion sur la vie, la piété et le repentir.
Portes intérieures
-La porte de Rayan : reliant le jardin central, « le jardin d'Éden » au Patio et à la salle de prière, son nom évoque l’une des portes du paradis, « ar-Rayyan », en référence à l’irrigation et à l’absence de soif.
-La porte Ar-rawda : donnant sur le jardin de l’agrément, ce nom renvoie à un beau jardin, mentionné dans le Coran comme l’expression de l’espoir en la félicité du Paradis : « Ceux qui auront cru et accompli de bonnes œuvres se réjouiront dans un jardin » (Sourate Ar-Roum verset 15).
-La porte du Mihrab : donnant sur le jardin Al- Firdaws, son nom est associé au Mihrab de la salle de prière, qui sert à indiquer l’orientation de La Mecque, et dont elle se place en alignement.
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