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Focus sur une actualité de l’islam et des musulmans (n°7) - L’Assemblée générale demande de nommer un envoyé spécial des Nations Unies chargé de lutter contre l'islamophobie

Dernière mise à jour : 25 mars


La décision de l'Assemblée générale des Nations Unies visant à nommer un envoyé spécial chargé de lutter contre l'islamophobie reflète une réponse sociopolitique complexe à une réalité contemporaine préoccupante. Cette résolution, adoptée par une majorité écrasante malgré des débats intenses et des propositions d'amendements, incarne une tentative de l'ONU de s'attaquer à un problème mondial épineux avec une approche spécifique et ciblée.


L'initiative de proclamer une Journée internationale de lutte contre l'islamophobie il y a deux ans montre une prise de conscience croissante de l'ampleur du problème. Cependant, la nécessité de nommer un envoyé spécial pour traiter spécifiquement cette question souligne l'urgence et la gravité de la situation.


Les déclarations des représentants des États membres mettent en lumière les différentes perspectives et positions politiques entourant cette décision. D'une part, il y a ceux qui insistent sur la nécessité de protéger la liberté d'expression et de critiquer les religions sans entrave, tandis que d'autres soulignent les conséquences néfastes de l'islamophobie sur les droits fondamentaux des individus et appellent à une action décisive pour y remédier. Les amendements proposés, bien qu'ayant été rejetés, révèlent les tensions entre différentes conceptions de la neutralité religieuse de l'ONU et la nécessité de prendre des mesures concrètes pour lutter contre les formes spécifiques de discrimination religieuse, telles que la profanation des livres saints.


Le débat sur le choix entre un envoyé spécial et un point focal met en lumière les préoccupations financières et organisationnelles, ainsi que les divergences quant à l'efficacité de chaque approche pour résoudre le problème de l'islamophobie à l'échelle mondiale.


L'engagement de divers pays en faveur de la résolution montre à la fois une reconnaissance de l'importance de combattre l'islamophobie et des divergences quant aux modalités de cette lutte. Certains pays insistent sur la nécessité d'une approche inclusive qui aborde toutes les formes d'intolérance religieuse, tandis que d'autres soutiennent la nécessité de mesures spécifiques pour contrer l'islamophobie.


En fin de compte, cette décision de l'ONU reflète les tensions et les défis complexes auxquels est confrontée la communauté internationale dans sa lutte contre l'islamophobie et d'autres formes d'intolérance religieuse. Elle souligne également l'importance de trouver un équilibre entre la protection des droits fondamentaux, y compris la liberté d'expression, et la nécessité de protéger les individus contre la discrimination et la violence motivées par la religion.


En France, cette initiative vient agiter les eaux déjà tumultueuses d'un débat national sur la laïcité et l'identité, mettant en lumière les fissures profondes dans le socle républicain.


Les tractations à l'Assemblée générale témoignent des tensions exacerbées entre les États membres, reflétant les divergences idéologiques et politiques sur la manière de traiter l'islamophobie. Certains pays européens ont tenté d'adoucir le texte, cherchant à éviter toute confrontation directe avec la réalité de cette discrimination religieuse, tandis que d'autres ont martelé la nécessité de reconnaître et de combattre ce fléau.


En France, ce débat résonne avec une force particulière, où chaque question touchant à la religion, à l'immigration ou à la laïcité devient rapidement un champ de bataille idéologique. La résolution de l'ONU vient ainsi jeter une lumière crue sur les défis brûlants qui attendent la nation française, confrontée à l'impossible équation entre liberté individuelle et cohésion sociale.


Les voix discordantes à l'Assemblée générale soulignent l'ampleur des divisions qui traversent nos sociétés. Entre ceux qui défendent bec et ongles la liberté d'expression et ceux qui rappellent l'impératif moral de protéger les minorités religieuses, le fossé semble insurmontable. Et pourtant, c'est là que réside le cœur du débat : comment concilier la défense des libertés individuelles avec la préservation du vivre-ensemble ?


Pour la France, membre permanent du Conseil de sécurité et gardienne auto-proclamée des droits de l'homme, cette résolution constitue un défi existentiel. Accepter la nomination d'un envoyé spécial serait reconnaître l'urgence de la situation et l'importance d'une réponse collective. Refuser cette nomination serait faire le choix de l'aveuglement face à la réalité de l'islamophobie qui ronge nos sociétés.


En fin de compte, cette résolution de l'ONU est un appel à l'action pour tous les États membres, mais elle résonne avec une force particulière en France, où le débat sur l'islamophobie est devenu le miroir déformant de notre identité nationale. C'est un appel à dépasser les clivages politiques et idéologiques pour affronter ensemble les défis qui nous attendent. La question qui reste posée à la France est : sera-telle à la hauteur du défi, ou se laissera-t-elle submerger par ses propres divisions ?


*Publié le 19 mars dans notre magazine Iqra (n11)



 

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