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Le Coran m’a appris (n°7) - À fêter avec les autres, pas contre eux


Quand nos joies se croisent, faut-il s’inquiéter ou s’incliner ?

Quand nos chants montent ensemble, faut-il se taire ou s’émerveiller ?

Le Coran m’a appris que l’autre n’est pas un danger,

Mais un miroir dans lequel Dieu a aussi soufflé.

Je fête mon Dieu sans crainte de ta prière,

Car Celui que j’invoque m’a fait frère de ton mystère.

 

Un Coran d’ouverture et de reconnaissance mutuelle

 

Le Livre de Dieu n’est pas un manuel de séparation,


Mais une révélation de fraternité et de reconnaissance.


Il commence par El-Hamdou liLlāh, une louange universelle,


Et se clôt sur min El-jinnati wa-nnās, englobant les invisibles et les hommes.


Tout y appelle à la connaissance de l’autre, non à sa condamnation.


« Ô gens ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous connaissiez. » (Sourate 49, al-Houjourat, v. 13)


Ce verset n’invite pas seulement à tolérer,


il appelle à rencontrer, connaître, tisser.


Il transforme la pluralité en finalité divine,


Et fait de la différence un lieu d’adoration.

 

Fêter, c’est témoigner : l’acte spirituel de la célébration.

 

Dans le Coran, la fête n’est pas mondaine : elle est signée du ciel.


L’Aïd El-Adh’ha est né du tawakkul d’Ibrahim,


Et non d’un calendrier vide de sens.


Fêter, pour le croyant, c’est rappeler, remercier, relier.


« Dis : “C’est par la grâce d’Allah et par Sa miséricorde qu’ils doivent se réjouir. Cela est bien meilleur que ce qu’ils amassent.” (Sourate 10, Yunus, v. 58)


Le Prophète ﷺ ne célébrait jamais sans que sa joie fût en Dieu, sans que sa table soit ouverte aux pauvres, et sans que son cœur soit plein de dhikr.


D’après Anas ibn Malik, lorsque les Abyssiniens dansaient dans la mosquée, le Prophète ﷺ ne les expulsa pas, il les laissa exprimer leur foi, et dit à Aisha : « Ô Aisha, veux-tu les voir ? »  (Sahih El-Bukhari).

 

Fêter, ce n’est pas exclure. C’est partager la lumière qui nous habite.

 

Témoignage sensible : quand ma foi rencontre celle d’un autre

 

Lors de l’Aïd El-Kébir dernier, j’ai invité mon voisin juif, Raphaël, et ma collègue catholique, Claire, à venir goûter à notre tablīgha de joie.


Ils sont venus. Pas pour se convertir. Mais pour comprendre, écouter, toucher du cœur. Raphaël a dit en regardant l’assiette de méchoui : « Chez nous, on fait aussi cela pour Pessa’h, le sacrifice de l’agneau. » Claire a pleuré doucement à la fin du douʿa :


« Vos prières me rappellent celles de ma grand-mère. »

 

J’ai compris ce jour-là que mes fêtes ne sont pas contre eux,


Elles sont avec Dieu, pour tous,


Elles ouvrent une brèche dans la solitude moderne,


Elles chantent avec les autres, sans renier ma propre voix.

 

Les rites différenciés, les lumières convergentes

 

Chaque communauté a ses rites, son calendrier, sa couleur.


Mais l’origine est Une. Et l’objectif est Unique : Dieu.


« À chaque communauté, Nous avons assigné un rite qu’elle observe. » (Sourate 22, al-Hajj, v. 67)


Que ce soit la Pentecôte, Chavouot ou l’Aïd, le message est le même :


Un Dieu qui descend, une Parole qui s’offre, une miséricorde qui se renouvelle.


Nos différences ne sont pas un échec de la révélation,


Elles sont le déploiement de Sa sagesse dans les langues, les peuples et les livres.

 

Dépasser la peur : spiritualité et ouverture

 

L’autre n’est pas une menace.


La crainte vient du manque de foi, pas de la différence.

 

D’après Abū Hourayrah, le Prophète ﷺ a dit : « Par Celui qui tient mon âme entre Ses mains, vous ne rentrerez pas au Paradis tant que vous ne croirez pas, et vous ne croirez pas tant que vous ne vous aimerez pas. » (Muslim)


Comment aimer, si l’on craint ?


Comment fêter, si l’on s’enferme ?


Le Coran n’a pas été révélé pour dresser des murs,


Mais pour élever des cœurs.

 

Un appel à la fraternité prophétique

 

Le Prophète ﷺ a reçu des délégations chrétiennes à Médine.


Il les a logées, nourries, et laissées prier dans sa mosquée.

 

Certains compagnons s’étonnèrent, mais lui, répondit avec sa noblesse : « Ce lieu appartient à Dieu. »

 

Dieu ne nous demande pas d’être identiques, mais d’être justes, doux, sincères.

 

Fêter avec l’autre, ce n’est pas trahir, c’est honorer le pacte de Dieu sur l’humanité.

 

Ma foi ne s’éteint pas quand tu allumes la tienne,

Elle s’élève, elle s’apaise, elle se fait plus certaine.

Je ne nie pas ton livre, car je suis du Livre aussi,

Et dans les lignes de ta fête, j’entends l’écho du Messie.

Ma lumière ne t’efface pas, elle s’unit à l’aube commune,

Car nous sommes tous les enfants de la Parole,

Fruits de la même Lune.

Le Coran m’a appris :

Fête sans crainte, et tends la main,

Car le croyant ne fête jamais contre,

Il fête toujours en direction du Bien.



*Article paru dans le n°69 de notre magazine Iqra.




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