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Le Coran m’a appris (n°6) - Le sens du Hadj



« Sous les versets de lumière, l’âme s’est nourrie,

Et dans chaque mot, la Vérité m’a souri.

Parmi les signes, j’ai vu l’homme et son appel,

Le vivant, l’oublié, le martyr et l’éternel. »

Le Coran ne parle pas à l’oreille, il parle au cœur

Le Coran n’est pas un simple livre à lire ou à réciter. Il est un compagnon vivant, une présence silencieuse, une invitation permanente. Il ne se contente pas de prescrire. Il guérit. Il ressuscite les cœurs endormis.

Chaque verset est un écho du ciel dans l’intimité de l’homme. Il ne parle pas à l’intellect uniquement, mais à l’âme profonde. Il ne cherche pas à dominer, mais à élever.


Quand on lit la sourate El-Ḥadj, on découvre que le pèlerinage n’est pas un passeport spirituel, ni un voyage touristique. C’est une interpellation intérieure : « Et proclame aux gens le Hajj : ils viendront à toi à pied, et sur toute monture, venant de tout chemin éloigné… » (Sourate 22, verset 27)


Ce verset est un cri doux du Divin vers l’humanité. Il ne parle pas seulement de routes terrestres, mais des chemins cabossés de l’existence, des vies éloignées de la foi, des cœurs meurtris par l’injustice, l’oubli ou la honte. Le Hajj commence là, dans ce retour invisible, là où l’on se remet en route vers Dieu.

Le Hajj n’est pas un tourisme sacré. C’est une offrande du cœur

Le Coran enseigne que les actes religieux ne sont valables que s’ils sont vivants. Ils ne doivent pas être vides de sens, ni détachés de l’intention. Dans la sourate 2, versets 196 à 203, Allah, SWT, décrit le Hajj : les étapes, les limites, les interdits… mais surtout le cœur de l’acte : « Et prenez vos provisions. Mais la meilleure provision, c’est la piété (El-taqwa). » (Sourate 2, verset 197). Autrement dit : ce n’est pas ton billet d’avion qui compte. C’est ton cœur.


Tu peux avoir tous les moyens matériels, et pourtant Dieu ne t’invite pas.


Et tu peux être pauvre, invisible, inconnu… et pourtant Dieu te regarde avec amour, et t’ouvre Sa Maison.


Le Coran m’a appris que les œuvres sans piété sont du vent. Il m’a appris que le regard de Dieu voit au-delà des apparences. Il m’a appris que le vrai sacrifice, ce n’est pas l’animal. C’est l’orgueil.

Les gestes du Hajj, les gestes de la vie

Le Coran est un livre de gestes. Il ne sépare pas le corps de l’esprit. Il honore les mouvements du croyant : prière, jeûne, prosternation, marche. Et dans le Hajj, chaque rituel est un symbole éternel.


​•​Le tawaf : tourner autour de la Ka’ba. Comme l’univers tourne, comme le cœur cherche son centre. C’est un acte d’amour, une soumission joyeuse.


  • Le Saï : courir entre Safa et Marwa, comme Hajar. C’est la maternité sacrée. C’est la peur devenue confiance.

  • ​Le wuqūf à Arafat : rester debout, dans le silence, les mains vides. C’est l’épreuve ultime de la foi : oser se présenter à Dieu, tel qu’on est.


Ces gestes m’ont appris que la foi est un langage corporel autant qu’un acte d’esprit. Que Dieu lit dans nos postures ce que les mots ne disent pas.

Et Bakari Cissé, que nous dit-il ?

L’an dernier, il était là.


Il avait vécu l’Aïd. Il avait peut-être partagé un repas avec ses voisins, rit avec ses amis, embrassé ses enfants.


Cette année, il n’est plus là.


Bakari Cissé. Un nom. Une vie. Un frère.


Tué injustement, dans un silence médiatique.


La violence l’a frappé. La société l’a oublié.


Mais le Coran, lui, ne l’oublie pas.

« Quiconque tue une âme innocente… c’est comme s’il avait tué l’humanité entière. » (Sourate 5, verset 32)


Et encore : « Ne pense pas que Dieu ignore ce que font les injustes. » (Sourate 14, verset 42)


Aboubakar est mort dans l’indifférence. Mais il vit dans le Livre de Dieu.


Chaque victime oubliée est inscrite dans l’Écriture éternelle.


Chaque cri qui n’a pas été entendu ici-bas sera entendu là-haut.

Le jeune de Lille et le pèlerinage du cœur

Dans une chambre modeste à Lille, un jeune converti ouvre une traduction du Coran. Il tombe sur la sourate El-Ḥajj. Il ne comprend pas tout, mais il ressent.


Il pleure sans savoir pourquoi. Il prie.


Et dans ce frisson, il entend comme un appel.


Il se dit : Un jour, j’irai. Moi aussi. Vers Sa Maison.


Il commence à économiser. Il se réveille plus tôt. Il nettoie son cœur.


Son Hajj a déjà commencé. Avant le visa, avant les billets.


Parce que le vrai départ, c’est celui de l’âme.

Le Coran est un ami pour les jours d’absence

Le Coran m’a appris à survivre aux absences.


Il m’a accompagné dans les enterrements, les séparations, les deuils.


Il m’a appris que l’amour humain est fragile, mais que l’amour divin ne se rompt jamais.


Il m’a appris à prier pour ceux qu’on ne revoit plus.


À réciter pour ceux qui ne récitent plus.


À faire revivre ceux qu’on croit éteints.

Quand j’ouvre le Coran, je retrouve Bakari


Je retrouve ma mère, mon frère, mes amis…


Je retrouve Dieu, et c’est Lui qui me parle.

Le Coran n’est pas un livre. C’est un miroir.

Le Coran ne te donne pas ce que tu veux entendre.

Il te renvoie à toi-même.

Quand je suis triste, il me console.

Quand je suis arrogant, il m’humilie.

Quand je me perds, il me rappelle.

Il est silence quand j’ai besoin de pleurer.

Il est cri quand j’ai besoin d’agir.

Il est tendresse quand le monde est dur.

Il ne m’a pas seulement appris l’islam.

Il m’a appris à être un être humain.

« Le Coran m’a montré que la route est divine,

Chaque verset est une boussole, un parfum, une racine.

J’y ai lu la vie, la mort, l’espoir, le combat,

Et la trace de ceux qu’on n’entend plus ici-bas.

Bakari n’est pas oublié, pas tant que Dieu lit son nom,

Pas tant qu’une âme récite ce verset à l’unisson.

Le Coran m’a appris que tout n’est pas fini,

Quand l’homme disparaît… Dieu, Lui, n’oublie. »



*Article paru dans le n°68 de notre magazine Iqra.




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