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Sabil Al-Imam, éclats spirituels de la semaine (n°10) - Le jeûne en islam avant la prescription de Ramadan



Dans les premiers temps, le Prophète observait déjà le jeûne du jour, comme en atteste le Sahih Al-Bukhari. A son arrivée à Médine, il instaura également le jeûne de trois jours par mois, selon l'Imam Ahmad dans son Musnad, tout en maintenant la pratique du jeûne d'Achoura. Il constata que les Juifs de Médine jeûnaient ce jour-là et, interrogés sur cette coutume, ceux-ci répondirent : « c’est le jour où Allah a sauvé Moïse de la noyade ». Le Prophète répliqua alors : « Je suis plus proche de Moïse que vous » et observa donc ce jeûne, enjoignant aux autres de l’imiter, faisant ainsi de cette pratique un devoir. Ibn Omar rapporte que le Prophète jeûnait le jour d'Achoura et ordonnait également de le jeûner, mais après l’institution du jeûne de Ramadan, il cessa cette pratique, comme le rapporte AlBukhari.


Bien que la prescription du jeûne du jour d’Achoura ait été abandonnée, il est resté recommandé de le pratiquer. Pour souligner son caractère optionnel, Al-Bukhari relate que Rubayyi’ Bint Mu’awwidh rapporta que le Prophète envoya un message aux villages des Ansar le matin du jour d’Achouran déclarant : « Que celui qui a pris son petitdéjeuner continue sa journée sans jeûner, et que celui qui est à jeun continue à jeûner. »


L’établissement du jeûne après l’institution du Ramadan


Lorsque l'obligation de jeûner pendant le mois de Ramadan fut révélée, Allah, dans Sa miséricorde, assouplit cette pratique pour ceux qui la trouvaient ardue, en leur permettant de rompre le jeûne s’ils le trouvaient trop difficile et de nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné.


Ce geste fut suivi par la mise en avant des mérites du jeûne. Al-Bukhari rapporte d'Ibn Abi Layla : "Les compagnons du Prophète ont raconté : Ramadan est arrivé et leur a été difficile. Parmi ceux qui nourrissaient un pauvre au lieu de jeûner, il y avait ceux qui pouvaient jeûner mais le trouvaient pénible, et Allah leur a donné cette permission." Cela est confirmé par le verset : "Et quant à ceux qui peuvent le supporter, (ils doivent accomplir) le jeûne en expiation : nourrir un pauvre. Mais celui qui fait de son propre gré une bonne œuvre, cela lui est mieux encore pour lui. Et jeûner est mieux pour vous, si vous saviez"(S. Al-Baqara, v. 184).


Allah abrogea ensuite la permission de nourrir les pauvres pour ceux qui en étaient capables, rendant ainsi le jeûne obligatoire. Al-Bukhari rapporte cette évolution d'Ibn Abi Layla, ainsi que d’autres compagnons tels que Ibn Omar et Salama Ibn al-Akwa. Le verset abrogatoire est le suivant: "Quiconque parmi vous est présent [au mois], qu'il jeûne" (S. Al-Baqara, v. 184). Ainsi, le jeûne de Ramadan devint un pilier fondamental de l'Islam. Il est rapporté du Prophète qu'il a dit : "L'islam repose sur cinq piliers : témoigner qu'il n'y a de divinité digne d'adoration qu'Allah et que Mohamed est Son messager, accomplir la prière, verser la zakat, effectuer le pèlerinage à la Maison Sacrée, et jeûner pendant Ramadan" (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim).


Les modalités du jeûne après l’institution du Ramadan


Dans la pratique légiférée du jeûne, il est requis de s'abstenir de nourriture, de boisson et d’activités conjugales, avec une intention formée dès l'aube jusqu'au coucher du soleil, ces restrictions étant levées durant la nuit.


Au début de l'islam, il était autorisé de se sustenter dès le coucher du soleil jusqu'à ce que le jeûneur s'endorme, après quoi manger, boire et avoir des relations conjugales étaient prohibés jusqu'au coucher suivant. Cette pratique se révéla difficile pour certains compagnons. Al-Bukhari rapporte que Al-Bara' bin 'Azib a témoigné : "Lorsque les compagnons du Prophète   jeûnaient et que l'heure de rompre le jeûne arrivait, s'ils s'endormaient avant de rompre leur jeûne, ils s’abstenaient de manger et de boire toute la nuit et toute la journée suivante jusqu'au soir". Qais Ibin Sa'd bin 'Ubadah al- Ansari par exemple éprouva des difficultés avec ce système. Un jour, il s’évanouit de faim en plein jeûne. Ayant rapporté cet incident au Prophète  un verset fut révélé autorisant les relations conjugales durant la nuit du jeûne : "Il vous est permis, la nuit du jeûne, d'avoir des rapports avec vos femmes". Il a été révélé : "mangez et buvez jusqu'à ce que le fil blanc de l'aube se distingue du fil noir de la nuit". Ainsi, les restrictions alimentaires et conjugales furent fixées de l’aube jusqu’au coucher de soleil, avec une permission de s’alimenter durant la nuit, après avoir été restreints pendant le sommeil.


Les mérites et les objectifs du jeûne


Lorsque l'on médite sur le jeûne, on réalise qu'Allah l'a prescrit afin de cultiver la piété au sein de nos cœurs, comme en témoigne Sa parole : "Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit tout comme il l'était à ceux avant vous, afin que vous atteigniez la piété" (Sourate Al- Baqara, v. 183). Allah valorise ceux qui Le craignent, non pas pour leur apparence extérieure, mais pour la sincérité de leurs cœurs et la vertu de leurs actions. Ainsi, Allah établit la noblesse selon le degré de piété : "Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux d'entre vous" (Sourate Al-Hujurat, v. 13).

Le jeûne poursuit le même objectif que toute autre forme d'adoration, comme le rappelle Allah après avoir ordonné à l'humanité de Le servir exclusivement : "Ô hommes ! Adorez votre Seigneur qui vous a créés, vous et ceux qui vous ont précédés, afin que vous soyez pieux."


La piété authentique se manifeste par l'obéissance à Allah dans l'espoir de Sa récompense, et par l'abstention de Ses interdits par crainte de Son châtiment. Ainsi, les cœurs et les actions sont purifiés, et par leur purification, la communauté dans son ensemble est améliorée.


Le jeûne, étant un acte d'adoration secret entre le serviteur et son Seigneur, sa récompense ne suit pas la règle habituelle selon laquelle les bonnes actions sont multipliées par dix. Seul Allah détermine la récompense du jeûne, comme l'a rapporté le Prophète  :" Toute action du fils d'Adam lui est accordée sauf le jeûne, car il M'appartient et c'est Moi qui en récompense" (Rapporté par Al-Boukhari). Cela s'explique par le fait que le jeûne est une forme de patience, et les patients reçoivent leurs récompenses sans limite, d'où le fait que les anciens appelaient le mois du jeûne le mois de la patience.


Le jeûne protège contre les péchés en érigeant une forteresse et une protection pour préserver le serviteur des mauvaises actions et des paroles malveillantes. Le Prophète Mohammed   a dit : "Le jeûne est un rempart. Lorsque l'un d'entre vousjeûne, qu'ils'abstienne de paroles indécentes et d'ignorance, et s'il est confronté à des insultes ou à des provocations, qu'il se contente de dire : Je jeûne" (Rapporté par Al-Boukhari).


Ainsi, le jeûne se présente comme une forteresse solide, offrant une protection contre les ruses du diable et préservant le jeûneur des chemins de la vulgarité et de la bassesse. Le Prophète Mohammed   oriente fermement le jeûneur vers la voie la plus noble en lui recommandant de ne pas répondre à la malveillance par la malveillance lorsqu'il est confronté à l'hostilité. Il enseigne : "Quand l'un de vous jeûne un jour, qu'il ne soit ni grossier ni querelleur ! Si quelqu'un l'insulte ou l'attaque, qu'il dise : « Je jeûne ! »"(Al-Boukhari).


Cette mise en lumière clarifie une erreur fréquente chez de nombreux musulmans, qui croient que le jeûne justifie les fautes et les affronts. Combien de fois avons-nous entendu quelqu'un dire à ceux qui ont été blessés par les actions d'un jeûneur : "Laisse-le, il est en train de jeûner" ? C'est là une grave méprise, résultant d'une méconnaissance de la religion d'Allah.


Le jeûne constitue également une protection contre les désirs et les tentations. Le Prophète conseille aux jeunes hommes de se marier s'ils en ont les moyens, car cela favorise la chasteté. Pour ceux qui ne peuvent pas se marier, le jeûne est une solution recommandée pour les aider à résister aux tentations.


Le jeûne conduit son pratiquant au Paradis par une porte appelée "Ar-Rayyân", selon un hadith rapporté par Sa`d ibn Abi Waqqas (qu'Allah soit satisfait de lui) où le Prophète Muhammad a dit : "Dans le Paradis, il y a huit portes, l'une d'entre elles est appelée Ar-Rayyân, etseulslesjeûneurs y entreront."


De plus, le jeûne est une expiation pour les péchés, comme l’argumente le hadith : "Les épreuves d'un homme concernent sa famille, sa richesse, ses enfants et ses voisins, et il les expie par la prière, le jeûne, la charité, l'ordonnance du bien et l'interdiction du mal." Ce hadith souligne la générosité divine en permettant au musulman d'expier ses erreurs envers sa famille, ses enfants, sa richesse et ses voisins à travers la prière, le jeûne, la charité, l'ordonnance du bien et l'interdiction du mal. Il est donc recommandé au musulman de multiplier ces vertus. Cela concerne les petits péchés. Quant aux péchés majeurs, il est nécessaire, selon la voie correcte, de se repentir en remplissant ses conditions.



 

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