La richesse et la diversité du toponyme de Madrid témoignent de son histoire mouvementée et de l'influence des cultures arabe et latine sur son identité. Des premières mentions de la ville sous le nom de Mağrīṭ dans les sources arabes, jusqu'aux variations latines comme Magerit et Madride, chaque forme du toponyme raconte une histoire unique de l'évolution linguistique de Madrid.
À travers cet article nous essayons de plonger le lecteur dans une exploration fascinante des différentes interprétations historiques et linguistiques du toponyme de Madrid. Des origines de la ville au IXe siècle sous le règne du prince omeyyade de Cordoue Moḥamed Ier, jusqu'à son intégration dans la chrétienté et son rôle stratégique dans l'histoire de l'Espagne, Madrid a conservé les traces de son passé riche et complexe.
Les formes arabes et latines du toponyme
Le toponyme de Madrid présente une richesse et une diversité remarquables à travers les siècles, témoignant de l'évolution et des influences culturelles qui ont façonné son identité. À la croisée des cultures arabe et latine, Madrid a vu son nom prendre différentes formes au fil du temps, reflétant les multiples facettes de son histoire.
Les origines de Madrid remontent à une petite ville de l'Islam médiéval appelée Mağrīṭ, dont le nom a connu plusieurs variations au cours des siècles. Dans les sources arabes, la forme la plus fréquente et ancienne est Mağrīṭ. Les historiens arabes comme Ibn Ḥayyān et al-Idrisi ont contribué à documenter ces différentes formes du toponyme, offrant ainsi des perspectives variées sur l'histoire de la ville. D'autre part, les témoignages des occidentaux sur le toponyme de Madrid ajoutent une dimension supplémentaire à son étude. Les formes latines et romanes du toponyme sont nombreuses et diverses, allant de Macherito à Madride, en passant par Magerit et Magirit. Ces formes, recensées et classées par des historiens comme J. Oliver Asin, reflètent les différentes phases de l'évolution du nom de Madrid à travers les siècles.
La classification des formes latines et romanes du toponyme de Madrid en quatre catégories par J. Oliver Asín offre un aperçu fascinant de l'histoire linguistique de la ville. Des reproductions directes de l'arabe Mağrīṭ aux formes hybrides résultant du croisement avec des éléments latins, en passant par des formes plus inventives et éloignées de l'origine arabe ou latine, chaque variation du toponyme témoigne des influences culturelles et des contextes historiques qui ont marqué Madrid au fil des siècles.
Les variantes étymologiques
Les variantes étymologiques de Madrid à travers les époques, reflétant les fluctuations de l'interprétation historique et linguistique de la ville. Depuis le Moyen Âge, l'origine de Madrid a suscité des interprétations diverses, oscillant entre des racines latines, arabes et même des hypothèses celtiques, germaniques ou puniques.
Au cours des siècles, l'attribution de l'origine du toponyme a évolué en fonction des contextes historiques et culturels. Pendant une période, l'étymologie latine dominait, avec des termes comme Maioritum, soulignant l'intégration de la ville à la chrétienté. Cependant, avec l'installation de la cour à Madrid, une origine arabe a été suggérée, mettant en avant le passé musulman de la ville et sa position stratégique dans l'histoire de l'Espagne.
Origine historique de Madrid
Madrid trouve ses racines au milieu du IXe siècle, lorsque le prince omeyyade de Cordoue Moḥamed Ier : vers 860, décide de fonder une fortification aux confins septentrionaux de son État sous le nom de Mağrīṭ « là où l'eau abonde » se qui »أين الماء يجري - ماجريت» arabe en prononce « maa yajri », une interprétation qui correspond bien au sens de Mağrīt .
Elle fut une petite ville peuplée d'artisans, célèbres pour leur travail de l'argile, de paysans, mais aussi de savants et de fonctionnaires, le gouverneur et le cadi, qui représentaient la cour omeyyade et veillaient à la bonne marche des affaires urbaines. Après la conquête de Mağrīṭ par les Castillans en 1085, la ville conserve de ses origines islamiques son nom, qui devient Magerit, puis Madrid, et elle maintient le principal axe de circulation de la petite ville omeyyade, la grande rue de Mağrīṭ formant aujourd'hui la partie finale de la Calle Mayor madrilène. Au bout de celle-ci, se dresse la cathédrale de la Almudena« المدينة «, dont le nom perpétue la mémoire d'un terme arabe, almudayna, la citadelle.
*Article paru dans le n°17 de notre magazine Iqra
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