Il est impossible, pour celui qui lit le Coran et la Sunna, de passer à côté du profond respect, de l'honneur et de la dignité que la charia islamique confère, de manière singulière, à la Marie, fille d’Imrane et mère du Prophète Jésus « Issa » (paix sur lui). Ce degré élevé de vénération se reflète à travers chaque verset qui l'évoque. De plus, ces textes invitent à la réflexion sur les nombreuses leçons et sagesses subtilement tissées à travers les différents aspects de son histoire, offrant ainsi une source riche de méditation pour tout croyant.
Mariam : une convergence des croyances monothéistes
L’Islam, à travers le Coran, ne précise pas de manière explicite le lieu exact de naissance du prophète Jésus (paix sur lui). Le récit coranique indique que Marie (Mariam) se retira dans un endroit éloigné pour donner naissance à Jésus sous un palmier, mais sans nommer ce lieu spécifiquement (Sourate Maryam, versets 16-25).
Il convient de préciser que la majorité des savants s'accordent à dire que Bethléem est le lieu de la naissance d'Issa (paix sur lui), ce qui en fait une opinion largement répandue. Mais aucune preuve explicite n'existe dans le Noble Coran ou dans un hadith authentique confirmant cet emplacement, de manière définitive.
Ce consensus repose plutôt sur des interprétations historiques et théologiques, souvent renforcées par les récits d'autres traditions monothéistes. Bien qu’il n’existe pas de preuve scripturaire directe, l'idée d'une naissance à Bethléem est devenue une croyance communément acceptée, en raison notamment de la concordance de ces récits avec ceux des autres croyances, et l'islam n'a pas cru nécessaire nier ce récit fondé sur les contes des gens du Livre, plutôt que sur des textes d'une authenticité indiscutable.
Il convient de noter que certains exégètes ont évoqué d'autres lieux, mais ces opinions sont moins répandues et n'ont pas bénéficié d'un large soutien. L'opinion générale reste donc en faveur de la naissance d'Issa à Bethléem, conformément au contexte historique et cognitif disponible.
Traditionnellement, beaucoup d’érudits musulmans s’accordent à dire que la naissance a eu lieu près de Bethléem, ce qui est également mentionné dans les sources chrétiennes, mais cela reste une interprétation.
Ainsi, dans cet article, nous ne nous concentrerons pas sur les récits mentionnés dans le Coran, mais plutôt sur le patrimoine culturel qui sacralise le lieu et la ville où nos frères chrétiens croient que le Christ, Jésus fils de Marie, est né. En effet, ces croyances n’ont aucun impact sur nos pratiques religieuses ni sur notre foi en Jésus en tant que prophète et en sa mère Marie comme étant pure et vertueuse. Notre point de départ sera donc la ville de Bethléem, patrimoine culturel chrétien.
La Grotte du Lait, un lieu de pèlerinage emblématique en Terre Sainte
La Grotte du Lait à Bethléem, aux côtés de la Basilique de l'Annonciation à Nazareth et du sanctuaire de la Visitation à Ein Kerem, figurent parmi les lieux de pèlerinage les plus célèbres dédiés à la Vierge Marie, en Terre Sainte.
Selon la tradition chrétienne, cette légende raconte que la sainte Vierge Marie, mère de Jésus (que la paix soit sur lui), s'est arrêtée dans une grotte pour allaiter son fils pendant leur voyage en Égypte. La légende raconte que quelques gouttes de son lait tombèrent sur le sol, ce qui aurait conduit à l'éclaircissement des parois de la grotte.
Après avoir visité la Grotte de la Nativité et y avoir prié, chaque pèlerin se rend à cet endroit sacré, connu depuis le IVe siècle, en passant par la place principale de Bethléem et en empruntant la route située au sud du complexe de l'église de la Nativité.
Selon une très ancienne tradition, la Vierge Marie se serait arrêtée en ce lieu pour se reposer et s'occuper de son enfant. Tandis qu'elle nourrissait Jésus, quelques gouttes de lait tombaient sur le sol, changeant la couleur de la roche.
Cette histoire est liée à des traditions populaires ou à des récits non documentés qui ont pu circuler dans certaines cultures, mais elle ne fait pas partie des textes islamiques fiables et reconnus.
Selon ce qui est rapporté, de nombreux miracles de guérison sont attribués à cette roche, en particulier pour les femmes ayant des difficultés à allaiter ou à concevoir. Depuis le VIe siècle, des reliques sous forme de fragments de cette roche, pilées et comprimées ont circulé en Europe et au Moyen-Orient. Ce culte se perpétue encore aujourd'hui, témoignant de l'importance symbolique de la maternité.
Bien que cette histoire ne soit pas mentionnée dans les textes islamiques, la grotte est également appréciée par certains musulmans et est considérée comme un lieu sacré par des croyants de différentes religions. On dit que les visiteurs de cet endroit viennent y chercher des bénédictions, en particulier les couples espérant avoir des enfants, en raison du lien de la grotte avec la fertilité et la maternité.
La Tekkiya de Notre Dame Marie : un symbole de solidarité islamo-xhrétienne à Bethléem
La Tekkiya de Notre Dame Marie incarne un magnifique exemple de solidarité islamo-chrétienne dans cette ville au riche patrimoine spirituel. Ce lieu, portant le nom de la Sainte Marie, occupe une place particulière dans la vie quotidienne des habitants de Bethléem, offrant un espace de soutien aux nécessiteux musulmans et chrétiens. Elle est ouverte tout au long de l'année, offrant des repas deux jours par semaine.
Comme une ruche en pleine activité, des volontaires palestiniens, tant musulmans que chrétiens, travaillent ensemble à la Tekkiya. Leur mission est de préparer et distribuer des repas frais aux familles dans le besoin notamment pendant le mois sacré de Ramadhan. La Tekkiya a été créée par le Comité de Solidarité Sociale de Bethléem, présidé par une personnalité chrétienne et comprenant des musulmans. Délivrant ainsi un message clair au monde : le peuple palestinien est uni, il n'y a pas de distinction entre chrétiens et musulmans.
La ville de Bethléem symbole de coexistence
La ville de Bethléem incarne un modèle vivant de coexistence islamo-chrétienne, où musulmans et chrétiens habitent ensemble dans divers quartiers, partageant à la fois les joies et les peines. À Bethléem, on trouve l'église face à la mosquée, les cloches des églises résonnant en harmonie avec la voix du Coran et de l'adhan. Les décorations de Noël sont souvent suspendues dans les maisons des musulmans et des chrétiens, tout comme le sont les ornements des fêtes musulmanes et de Ramadhan.
Les habitants de Bethléem partagent une douleur et un espoir communs : la douleur des souffrances provoquées par l'occupation et les désagréments qu'elle engendre, et l'espoir d'un avenir libre et prospère, où ils pourront vivre en paix sur leur terre.
L'essence même de la fraternité et de l'amour se manifeste dans la charte d'Omar, rédigée par Omar Ibn al-Khattab pour les habitants d'Eilée (Jérusalem) lors de l'ouverture musulmane. Il instaura la protection des personnes, de leurs biens, de leurs églises et de leurs croix, interdisant ainsi la destruction de leurs lieux de culte ou toute forme de dégradation à leur rencontre. De plus, il exigea des musulmans à ne pas les contraindre à embrasser l'islam.
Ce document historique représente un modèle de coexistence pacifique et de respect mutuel entre l’Islam et les autres croyances, affirmant le droit des minorités à exercer librement leur foi, renforçant ainsi les fondements de la compréhension et de la coopération mutuelle entre musulmans et chrétiens à cette époque, et faisant de Jérusalem, un véritable symbole de paix.
*Article paru dans le n°37 de notre magazine Iqra.
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