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Lumière et lieux de saints l'Islam, à la découverte des mosquées du monde (n°36) - Le Croissant et la Croix à Gaza : une mosquée ottomane et une église byzantine unies en symbole de coexistence



Sur la place de la vieille ville de Ghaza, le croissant du vénérable minaret s’élève en harmonie avec la croix d’une des plus importantes églises de Palestine, dévoilant une fresque vivante de tolérance et de coexistence. Là se trouvent côte à côte, la mosquée Kâtib al-Wilaya et l'église orthodoxe grecque Saint-Porphyre, unies au cœur de Ghaza. La flèche de la mosquée et la croix de l’église se rejoignent, témoignant du lien qui unit musulmans et chrétiens depuis des siècles, en cette terre.


La mosquée Kâtib al-Wilaya se distingue parmi les joyaux historiques de Ghaza, occupant une place dans le quartier de Zaytoun, au cœur de la vieille ville. S’étendant sur environ 337 mètres carrés, son édification remonte, selon la plus ancienne inscription fondatrice sous le minaret, à l’an de grâce 1432. Cette même inscription témoigne d'une époque où l'ordre de sa construction fut donné par le noble et dévoué représentant de la souveraineté de Ghaza, al-Ashraf al-Sayfi Affan al-‘Ala ’i, dans la quête de la grâce divine, en ce mois sacré de Dhu al-Hijjah de l’an 725 de l’Hégire, sous le règne du sultan mamelouk Mohamed ibn Qalawun.


Dévastée plus tard, la mosquée fut restaurée et rebâtie par le gouverneur ottoman Ahmed Bey, Kâtib al-Wilaya sous le règne du sultan Murad, fils de Suleyman II, en l’an 1587, comme en témoigne l’inscription qui orne sa porte. Depuis, elle porte le nom de Mosquée du Kâtib al-Wilaya. Après la Première Guerre mondiale, le minaret fut surélevé ; il abrite aujourd’hui une salle de prière, agrémentée de deux colonnes de marbre ornées de chapiteaux corinthiens, portant six arches croisées formant deux galeries. L’édifice est doté d’un minbar (chaire) orné de pierres finement sculptées, vestiges d’un riche passé.


Son minaret, juché sur une base carrée, s’élance dans une structure octogonale où s’ouvrent de longues fenêtres rectangulaires et des ouvertures circulaires qui illuminent l’édifice, culminant en une loge ajourée, appelée jawsaq, pour l’appel du muezzin. Mais ce qui rend ce lieu unique, c’est sa proximité avec l’église Saint-Porphyre, où le croissant et la croix se dressent ensemble dans un même espace, symbolisant une union spirituelle et historique.

 

Dernièrement restaurée en 2016, la mosquée a bénéficié d’un soutien structurel pour son minaret et de réparations pour prévenir les infiltrations d’eau de pluie.



Les trésors de Ghaza


Le grand historien palestinien Ahmad Jad Allah déclare à « Arabi Post », que la mosquée fait partie des monuments majeurs encore debout à Ghaza, un témoin de l’esprit de tolérance religieuse qui imprègne ce territoire. « Le minaret de la mosquée fait face à la croix de l’église, et lors des célébrations religieuses, l’endroit se peuple de musulmans et de chrétiens, unis dans le respect, l’amitié et une harmonie profonde. » Ce quartier, réputé pour ses oliviers depuis l’époque byzantine, fut embelli à la demande du sultan Selim Khan, qui encouragea les habitants à cultiver ces arbres bienfaisants. Aujourd’hui, le pourtour de la mosquée ainsi que d’autres sites historiques voisins, tels que le cimetière orthodoxe, le monastère byzantin et l’hôpital anglais, sont entourés de ces arbres, symboles de paix et de longévité.


Ce croisement du croissant et de la croix au cœur de Ghaza est un rappel inaltérable du partage et du respect qui animent la Palestine depuis des siècles, un exemple précieux d’unité dans la diversité spirituelle.


Cependant, ce symbole ancien de paix et de fraternité n’est pas demeuré indemne face aux épreuves récentes. Le 17 octobre 2023, un bombardement d’artillerie israélien a frappé cette mosquée, lui infligeant de sérieux dommages. Ses pierres, déjà témoins de siècles de coexistence et de ferveur spirituelle, ont été ébranlées par les impacts, menaçant la préservation de ce joyau historique qui incarne l’âme et la mémoire vivante de Ghaza.



*Article paru dans le n°37 de notre magazine Iqra.



 

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