
La lanterne de Ramadan, ou « fanous », est un symbole incontournable des traditions qui marquent l’arrivée du mois sacré dans le monde arabe et musulman. À travers les générations, cet objet lumineux est devenu un indispensable des célébrations, apportant une touche festive aux maisons, rues, commerces et minarets. Plus qu’un simple décor, il interprète la joie de vivre du mois de Ramadan, éveillant des souvenirs d'enfance et illuminant les cœurs, particulièrement celui des enfants. Ce patrimoine s’est progressivement intégré aux coutumes de nombreux pays arabes et musulmans, devenant un véritable héritage culturel.
Fanous et Ramadan : une tradition ancrée dans l’histoire
Les récits qui se sont tissés pour retracer l’origine de la lanterne et l’histoire de son lien avec ce mois sacré sont nombreux. Toutefois, tous s’accordent sur l’étroite relation qui unit le fanous de Ramadan à l’Égypte, c’est sans doute pourquoi l’art de fabriquer ces lanternes reste dominé par les éguptiens et pourquoi leur usage est si ancré dans la société.
Selon l’une des versions, les Égyptiens avaient pour habitude d’accompagner le calife lors de sa tournée dans la ville, débutant aux anciennes portes du Caire et se terminant au mont al-Muqattam pour confirmer la visibilité du croissant de Ramadan. Pendant son passage dans les quartiers et les ruelles, les enfants se rassemblaient, lanternes en main, afin d’illuminer son chemin et de célébrer l’arrivée du mois sacré.
Dans une autre version, à l’époque fatimide, précisément en l’an 972 correspondant à 362 dans le calendrier hégirien, les Égyptiens attendaient l’arrivée du calife al-Mouiz li-Din Allah à travers le Caire qui a coïncide le premier jour du Ramadan. Sur ordre du commadantvmilitaire, ils se placèrent le long du traget du calife pour illuminer son passage. Pour s’assurer que la flamme ne s’éteigne pas, ils fabriquaient des boîtes en bois renfermant une bougie, recouvertes de papier de palmier et de cuir léger. Ainsi, la lanterne devient le symbole éternel de l’éclairage des rues pendant le Ramadan.
Selon une autre version de l'histoire, le calife fatimide Al-Muizz li-Dîn Allah aurait souhaité illuminer les mosquées tout au long du mois de Ramadan à l'aide de lanternes et de bougies. Il aurait ainsi ordonné de suspendre une lanterne à l'entrée de chaque mosquée. Avec le temps, cette tradition s’est étendue aux rues et aux maisons, où les lanternes colorées sont devenues incontournables.
Du Caire au monde : l’expansion du fanous
Avec le temps, les lanternes sont devenues un symbole incontournable du Ramadan, se répandant dans de nombreux pays arabes et musulmans. Elles font désormais partie intégrante du mois sacré et représentent une source de revenus non négligeable pour leurs fabricants.
À Jérusalem, par exemple, le marché de la vieille ville, en particulier la rue de Bab al-Wad, se remplit de lanternes en fer forgé aux vitres colorées, fabriquées et ornées à la main avec un savoir-faire minutieux. Vendues à des prix parfois élevés, elles attirent néanmoins de nombreux acheteurs, témoignant de leur popularité indéniable.

En Égypte, les artisans perpétuent un savoir-faire ancestral, tandis qu’au Maroc, en Turquie ou encore en Indonésie, les lanternes revêtent des designs et des matériaux variés, reflétant les identités culturelles locales. Dans les grandes villes comme Dubaï, Riyad ou Jakarta, elles ornent les centres commerciaux et les espaces publics, renforçant l’atmosphère festive du Ramadan.
Cette expansion n’est pas seulement culturelle, elle est aussi commerciale, puisque l’industrie des lanternes connaît un essor notable, avec des productions locales et des importations de masse, notamment en provenance de Chine. Malgré cette concurrence, la lanterne artisanale conserve une place de choix dans le cœur des fidèles, symbolisant à la fois tradition, convivialité et spiritualité.
Le fanous, un héritage religieux adopté par l’islam
Bien avant de devenir un symbole du Ramadan, la lanterne était déjà utilisée par d’autres communautés religieuses. Les chrétiens coptes, par exemple, l’employaient lors des célébrations de Noël, et les juifs s’en servaient également dans certaines de leurs fêtes. Avec le temps, et à travers les conversions à l’islam survenues à différentes périodes de l’histoire, l’usage du fanous s’est intégré aux traditions musulmanes, jusqu’à devenir un élément indissociable du mois sacré de Ramadan.
Au fil des siècles, cette coutume s'est enracinée dans la culture populaire, devenant une expression festive et spirituelle du mois de Ramadan. Les artisans ont perfectionné l'art de fabriquer ces lanternes, en diversifiant les formes, les couleurs et les motifs, transformant ainsi le fanous en un élément incontournable des soirées ramadanesques. Aujourd’hui, qu’il soit fabriqué artisanalement ou produit en masse, le fanous continue d’illuminer les nuits du mois sacré, reliant passé et présent. Il témoigne de l’évolution des traditions tout en conservant son rôle symbolique, rappelant que la lumière qu’il diffuse est avant tout celle du partage et de la spiritualité.
*Article paru dans le n°56 de notre magazine Iqra.
______________
À LIRE AUSSI :
Récits célestes (n°4) - Le Prophète Houd et la tribu des Aad
Comentarios