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Regard fraternel (n°39) - La Basilique Saint-Augustin d’Hippone



Après sa reconversion, Saint Augustin retourne à Hippone (actuelle Annaba) en 391 après J.C., où il est ordonné prêtre avant de devenir évêque en 395 après J.C. Il y restera jusqu’à sa mort en 430 après J.C., menant ses combats théologiques, écrivant ses œuvres majeures et marquant durablement l’histoire de l’Église catholique. En son honneur, une église portant son nom fut érigée au XIXᵉ siècle sur la colline d’Hippone, sous l’occupation coloniale française, pour raviver le rayonnement chrétien de la région.

 

Saint Augustin et Hippone, histoire d’un lien civilisationnel et pastoral

 

Saint Augustin retourne à Hippone, actuelle Annaba en 391 après J.C., après sa conversion au christianisme, et c’est ici qu’il passe les dernières années de sa vie, où il est ordonné prêtre avant de devenir évêque en 395 après J.C. Ses écrits, parmi lesquels Les Confessions et Les Lettres, font d’Hippone un centre spirituel et théologique majeur. Bien qu’il n’ait pas rédigé d’ouvrage exclusivement dédié à la ville, il y mentionne fréquemment ses responsabilités pastorales et ses combats théologiques. Hippone devient pour lui un lieu de prédication et de lutte pour la foi chrétienne, où il fait face aux défis des hérésies du temps, notamment celles des manichéens et des donatistes. Son influence spirituelle s’étend bien au-delà de la ville et de la région, marquant un tournant dans l’histoire de l’Église.

 

La Basilique Saint Augustin, telle que nous la connaissons aujourd’hui, a été construite à la fin du XIXᵉ siècle, entre 1881 et 1900, pendant la période de l’occupation coloniale française. L’édifice a été conçu dans un style architectural unique qui mêle des influences byzantines, romaines et maghrébines. Cela en fait un exemple rare de fusion entre différentes traditions architecturales. Située au sommet de la colline de Boukhedra, elle a été bâtie à proximité des vestiges de la basilique originelle fondée par Saint Augustin lui-même, à l’endroit où il mourut, lors du siège de la ville par les Vandales, en 430 après J.C.

 

L’édifice a été conçu sous la direction du cardinal CharlesLavigerie. Il est fait de marbre blanc, de marbre rouge et de bois dur, créant une impression de majesté et d’élégance. La basilique a subi une restauration importante entre 2010 et 2013, menée par des experts italiens et algériens, visant à préserver l’intégrité et la beauté de ce monument historique.

 

Un site spirituel riche de vestiges

 

Au pied de la colline où s’élève la basilique, le site archéologique d’Hippone abrite un ancien forum, un marché romain et les vestiges de la « Basilique de la Paix », siège épiscopal de Saint Augustin. Ce parcours historique s’étend également aux régions voisines de Guelma et Souk Ahras, témoins de l’activité de Saint Augustin avant son installation définitive à Hippone.

 

À l’intérieur de la basilique, une châsse richement décorée abrite le gisant de Saint Augustin où l’on peut voir une partie de son os cubital, offrant un lien tangible avec le saint. Ce lieu est devenu un important centre de pèlerinage pour les chrétiens, mais également un site historique fréquenté par des visiteurs de toutes confessions, y compris des musulmans, fascinés par l’histoire et la culture chrétienne de la région.

 

À moins de 600 mètres de la basilique se trouvent les ruines de la véritable basilique de Saint Augustin, ce qui en fait un site archéologique d’une grande importance. Cette basilique antique, parfois appelée « Basilique de Runa » en référence à une prêtresse chrétienne découverte dans la région, témoigne de l’influence de Saint Augustin sur la ville et la région. Ce site, où l’évêque passe ses dernières années et où il rendit son âme, reste un lieu de grande portée historique et spirituelle.

 

Les ruines d’Hippone, au pied de la colline de la basilique, sont un site archéologique fascinant. On y trouve l’ancien forum de la ville, un marché romain, ainsi que les vestiges de la “Basilique de la Paix”, siège épiscopal de Saint Augustin. Cette zone comprend également des tombes antiques, des stèles dédiées à Baal Hammon (dieu de l’Afrique romaine) et les célèbres citernes d’Hadrien, les plus grandes citernes romaines au monde, alimentées par un aqueduc descendant des montagnes de l’Edough. À proximité, le théâtre berbéro-romain d’Hippone reste un témoignage vivant de l’ancienne splendeur de la ville.

 

Saint-Augustin, une référence authentique pour la coexistence à Hippone

 

La Basilique Saint-Augustin à Annaba est bien plus qu’un simple monument religieux. Elle illustre l’héritage spirituel de Saint Augustin, évêque d’Hippone et l’une des figures les plus influentes du christianisme, dont les écrits ont profondément marqué l’histoire de l’Église catholique. Surnommée “Lalla Bouna” par les habitants, elle représente un lieu de mémoire partagée, symbolisant le lien entre chrétiens et musulmans, et témoignant de l’histoire multiculturelle et religieuse de la région.

 

La basilique devient ainsi un point de convergence pour différentes croyances. En effet, le dialogue interreligieux est facilité par des figures communes, en qui les musulmans croient, comme Jésus, ou encore Marie, sa mère. De même, Saint Augustin, une figure algérienne par ses racines, trouve un écho particulier parmi les musulmans. Ce respect et ces points de rencontre suffisent pour nourrir une coexistence.


Aujourd'hui, la Basilique demeure un lieu de pèlerinage non seulement pour les chrétiens, mais également pour de nombreux musulmans, qui y découvrent un témoignage vivant de l'histoire, de la civilisation, et un symbole de la paix interreligieuse.



*Article paru dans le n°45 de notre magazine Iqra.



 

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