Le Coran m’a appris (n°21) - Le consentement, dignité avant loi
- Guillaume Sauloup
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Par Cheikh Khaled Larbi
Avant la loi, il y eut la parole divine,
Avant le code, il y eut la conscience humaine.
Et quand Dieu parla, Il fit de la dignité une lumière,
Et du consentement un sanctuaire.
Le mot “consentement” résonne aujourd’hui dans toutes les sphères : juridiques, sociales, médiatiques. Mais dans le Coran, il ne s’agit pas d’un simple droit : c’est une valeur sacrée, une respiration de la liberté. Dieu, dans Sa sagesse, a voulu que la foi elle-même repose sur ce principe : « Nulle contrainte en religion. » (2 :256) Ainsi, croire sans choisir, c’est désobéir à l’esprit même de la foi. Et aimer sans consentement, c’est profaner ce que Dieu a rendu sacré : la liberté de l’âme et du corps.
Le respect, fondement de toute relation
Le Coran m’a appris que la dignité humaine commence là où s’arrête la contrainte.
Qu’il s’agisse de foi, de mariage ou d’intimité, Dieu ne bénit que ce qui est accepté librement.
Lorsque le Prophète ﷺ mariait une femme, il demandait toujours : « As-tu consenti ? »
Et si le silence d’une jeune fille trahissait la gêne, il annulait le mariage.
Ce geste prophétique, dans une Arabie où la voix féminine était étouffée, fut une révolution morale : il fit du consentement un pilier de la foi avant d’être une clause de la loi.
La pudeur : non pas contrainte, mais respect mutuel
Le Coran m’a appris que la pudeur n’est pas une barrière, mais un langage.
Elle dit : « Je me respecte, donc je t’invite à me respecter. »
Dans la sourate An-Nûr, Dieu appelle hommes et femmes à baisser leurs regards et à préserver leur dignité (24 :30-31). Cette réciprocité est la racine du consentement : aucun regard n’est pur sans intention claire, aucun geste n’est juste sans accord sincère.
La pudeur, en islam, n’est pas une prison du corps, mais un cadre de respect partagé.
Elle protège l’humain de la prédation, de la honte et de la violence.
Elle fait de la relation une alliance, non une domination.
Quand la foi éclaire la loi
Dans nos sociétés modernes, les débats sur le viol, le harcèlement ou le consentement sexuel rappellent combien le respect de la personne demeure fragile.
La République, en votant récemment une loi sur le consentement, rejoint l’esprit du Coran : protéger l’intégrité humaine, valoriser la liberté du choix et punir la contrainte.
Le musulman conscient voit dans cette convergence une fraternité morale entre la foi et la loi.
Le Coran m’a appris que la justice divine ne se limite pas à l’au-delà. Elle commence ici-bas, dans la manière dont on parle, dont on touche, dont on considère l’autre.
Le viol, sous toutes ses formes, est un crime contre la création, car il défigure ce que Dieu a façonné de plus noble : la confiance entre les êtres.
La liberté intérieure, cœur du consentement
La liberté dont parle le Coran n’est pas celle de faire ce que l’on veut, mais celle de vouloir ce qui est juste. C’est pourquoi la foi et le consentement sont des miroirs : tous deux exigent un oui conscient, libre et sincère. Dire « oui » à Dieu, c’est se soumettre avec amour. Dire « oui » à autrui, c’est reconnaître sa propre valeur. Dans les deux cas, le cœur doit parler avant la bouche. Le Coran m’a appris que chaque être humain est un dépôt sacré (amana).
Toucher une âme sans sa permission, c’est trahir la confiance de Dieu.
Aimer quelqu’un, c’est lui laisser le droit de dire non.
Et celui qui respecte un « non » honore son Seigneur mieux que celui qui prie sans cœur.
Quand le cœur consent, la lumière descend.
Quand le respect veille, la foi s’éveille.
Et quand la loi rejoint la morale,
L’humain retrouve son visage intégral.
*Article paru dans le n°83 de notre magazine Iqra.
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