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Sabil al-Iman (n°61) - Ghaza, blessure de l’Orient



Terre enchaînée, aux cris que l’on bâillonne,

L’azur y saigne, l’étoile y s’abandonne.

Entre les ruines, la prière résonne,

Ghaza s’élève, quand le silence tonne.

 

Une conscience à vif : entre ciel et cendre

 

Ghaza n’est pas qu’un nom géographique. Ghaza est un cri, un verset, une plaie vive dans le flanc de l’humanité. Elle est cette étincelle d’honneur qu’on tente d’éteindre depuis plus de sept décennies, et qui, pourtant, ne cesse de ranimer l’ardeur de ceux qui refusent de se résigner. Ce bout de terre, asphyxié par un blocus implacable, bombardé sous les yeux d’un monde souvent complice par son mutisme, est devenu le théâtre d’un combat existentiel : celui de la vérité contre la falsification, de la dignité contre l’humiliation, de la vie contre la logique de la mort.

 

L’épreuve, miroir de la foi

 

Pour le croyant, la tragédie de Ghaza n’est pas seulement une crise humanitaire. Elle est un mihrab de patience, un minbar de résilience, un rappel douloureux mais salvateur : « Pensez-vous entrer au Paradis sans que vous ne soyez éprouvés comme ceux qui vous ont précédés ? » (Sourate Al-Baqara, v.214). Ceux qui jeûnent sous les bombes, prient dans les ruines, enterrent leurs enfants sans céder à la haine, sont les vivants parmi les vivants. Leur résistance, sans céder à l’injustice, est un témoignage vivant de la sourate Al-Fajr, lorsqu’Allah jure par les jours qui blessent et les nuits qui endurent.

 

Une question de justice, pas de politique

 

Il est aisé pour certains de réduire Ghaza à une simple « crise géopolitique ». Pourtant, il ne s’agit pas d’un conflit entre égaux, mais d’un rapport d’oppression inégalée. Le Prophète Mohamed (paix et salut sur lui) nous a avertis : « Celui qui ne se préoccupe pas des affaires des musulmans n’en fait pas partie. » (Hadith authentique). La cause de Ghaza est celle de la justice universelle, indépendamment des appartenances religieuses. Elle interpelle les consciences : comment rester indifférent quand des hôpitaux sont ciblés, quand des enfants meurent de soif et de peur, quand des mosquées deviennent tombes ?

 

Le silence, complice du massacre

 

Le silence des puissants, l’hypocrisie des chancelleries, les « deux poids deux mesures » des droits humains sont une insulte au sens de l’équité. Mais le croyant ne se décourage pas. Il sait que « Allah ne dort pas. Il veille. » (Hadith Qudsi). Et même si l’injustice semble triompher, elle ne peut abolir le droit. « Et ne pense pas qu’Allah soit inattentif à ce que font les injustes. » (Sourate Ibrahim, v.42)

 

Ghaza, lumière dans la nuit du monde

 

Ghaza nous éduque. Ghaza nous interpelle. Ghaza nous rappelle que la foi n’est pas une parole vaine, mais une action, une solidarité, un appel. À l’heure où nos jeûnes se conjuguent à leurs cris, où nos prières montent avec leurs supplications, il est temps de traduire notre spiritualité en gestes concrets : prières, dons, prises de parole, éducation de nos enfants à l’amour de la justice.

 

Le savant Al-Hassan Al-Basri disait : « La foi n’est pas par l’apparence, ni par les vœux, mais elle est ce qui s’établit dans le cœur et que confirment les actes. » Nos cœurs, aujourd’hui, saignent pour Ghaza. Mais saigne-t-on vraiment si rien ne bouge en nous ?

 

Ô Ghaza fière, Ô martyre inlassable,

Tu nous élèves, toi, la ville imprenable.

Par ton silence, ton jeûne, tes douleurs,

Tu brises nos chaînes et ouvres nos cœurs.

 

Qu’Allah t’apaise, toi l’aimée sans repos,

Et fasse de ton sol un éternel flambeau.

Que ta souffrance devienne notre école,

Où s’apprend la foi, la dignité, le rôle.

 


*Article paru dans le n°61 de notre magazine Iqra.


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