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Regard fraternel (n°46) - Misr Oum Ed-Dounia : une terre bénie à travers les âges


Écrire sur l’Égypte, c’est raconter l’histoire d’une terre bénie, où se croisent les civilisations et où résonne l’écho des prophètes. Ce pays, berceau de l’humanité, a vu passer des figures illustres qui ont marqué l’histoire spirituelle du monde.


C’est sur son sol que le prophète Ibrahim « Abraham » (paix sur lui) a foulé la terre en compagnie de son épouse Sarah. C’est en Égypte que Moussa « Moïse » (paix sur lui) a reçu les Tables de la Loi, et que Yacoub « Jakob » (paix sur lui) et ses fils sont venus s’établir. Le prophète Youssef « Joseph » (paix sur lui) y a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de la patience et de la sagesse, tandis que d’autres prophètes, comme Chouaib, Daoud, Salih et Issa « Jésus » (paix sur eux), ont laissé leur empreinte sur cette terre millénaire. L’Égypte, intemporelle, mérite pleinement son nom de « mère du monde » ou « مصر أم الدنيا ».


Pourquoi Misr Oum Ed-Dounia ?


L’expression «Misr Oum Ed-Dounia» ou «Égypte, mère du monde» résonne depuis des siècles dans la bouche des Égyptiens. Plus qu’un simple titre, elle traduit une vérité profonde. Ce pays n’est pas seulement le berceau de la civilisation, mais une nation qui a façonné le cours de l’histoire humaine.


Les Européens ont reconnu cette grandeur en initiant « l’égyptologie », faisant de l’Égypte le seul pays au monde à posséder une discipline scientifique qui traite de sa langue, de son histoire et de sa civilisation. Cette reconnaissance repose sur des réalisations exceptionnelles, comme l’invention de l’écriture et du papier, les fondements de la géométrie, les premières avancées médicales, la maîtrise des couleurs et des pigments, la sculpture d’une précision inégalée, ou encore l’édification des pyramides selon des principes architecturaux défiant les siècles et les séismes.


Il faut savoir que dans l’Égypte ancienne, les valeurs morales primaient sur les pratiques religieuses. L’héritage éthique des pharaons a été transmis à des penseurs tels que Platon et Aristote, qui l’ont étudié en Égypte avant de l’introduire en Grèce.


D’ailleurs, tous les grands philosophes grecs étaient les élèves des universités égyptiennes antiques, dont la plus célèbre était l’université d’Iounou, que les Grecs rebaptisèrent Héliopolis qui signifie la «cité du soleil», située aujourd’hui à Aïn Chams et Matariya, au nord du Caire. Une autre grande institution était l’université de Sa (Saïs ou Zais), correspondant aujourd’hui à « Sa el-Hagar », dans le nord-ouest du delta du Nil. Ces centres de savoir, fondés bien avant l’ère grecque, témoignent du rôle de l’Égypte dans la transmission des connaissances et de la pensée philosophique à l’humanité.


Chaque pierre, chaque hiéroglyphe, chaque monument témoigne de cette ingéniosité et de cette influence qui perdurent encore aujourd’hui, confirmant que l’Égypte est, sans conteste, la mère du monde.


« Égypte, la mère des contrées » ou « أم البلاد » : une appellation attribuée au prophète Noé


Récemment, un vif débat a enflammé les réseaux sociaux autour de l’origine de l’expression «Misr Oum Ed-Dounia» (L’Égypte, mère du monde). Face à cette controverse, la «dar al-ifta al-misriyyah », institution affiliée à Al-Azhar, est intervenue pour trancher la question.


Dans une publication sur sa page officielle Facebook, elle a affirmé que ce titre remonte à des temps immémoriaux et trouve ses racines à l’époque du prophète Noé (Nouh, paix sur lui). Elle a souligné que les sources historiques confirment le caractère béni de la terre d’Égypte.


S’appuyant sur le livre « Futuh Misr wa alMaghrib » d’Ibn Abd al-Hakam, la Dar al-Ifta a cité un passage où il est rapporté que le prophète Noé aurait adressé cette prière pour son fils : « Ô Seigneur, il a répondu à mon appel. Bénis-le ainsi que sa descendance et établis-les sur cette terre bénie, qui est la mère des contrées et le refuge des peuples. Son fleuve est le plus noble des fleuves et fais-y descendre les meilleures bénédictions. Mets la terre à son service, soumets la à lui et à ses enfants, et donne-leur la force d’y prospérer. »


Selon cette interprétation, l’Égypte serait depuis l’Antiquité reconnue comme une terre de bénédiction et de refuge.


L’Égypte, terre bénie par Allah : une histoire de privilèges divins


Dieu glorifié soit-il a honoré l’Égypte et l’a mentionnée dans le Noble Coran, notamment dans la sourate Youssef, verset 99 : « Lorsqu’ils s’introduisirent auprès de Joseph, celui-ci accueillit ses père et mère, et leur dit : ‘Entrez en Égypte, en toute sécurité, si Allah le veut’. ». Ce verset relate l’un des moments les plus émouvants de l’histoire du prophète Youssef (paix sur lui).


Après des années de séparation et d’épreuves, il retrouve enfin ses parents et les invite à s’installer en Égypte sous sa protection. « Entrez en Égypte, si Dieu le veut, en toute sécurité » met en avant l’Égypte comme une terre de refuge et de paix, un lieu où le prophète Youssef, devenu ministre du roi, peut accueillir sa famille à l’abri du besoin et de l’insécurité. Ce verset met en évidence la bénédiction divine sur l’Égypte, qui est présentée comme un pays sûr et prospère. Il confirme le statut de l’Égypte comme terre d’accueil pour les prophètes et les peuples en quête de refuge. Ce rôle se répétera plus tard avec d’autres prophètes comme Moussa (Moïse, paix sur lui) et Issa (Jésus, paix sur lui).


Elle est donc une terre bénie par Allah, qui lui a accordé des privilèges uniques tout au long de l’histoire. Elle est mentionnée dans plusieurs versets du Coran, soulignant son caractère sacré et l’importance de ses sites, tels que le Mont Sinaï, où le prophète Moïse (paix sur lui) a reçu la révélation divine.


Ce statut privilégié de l’Égypte se reflète dans la bénédiction divine qui s’étend à son peuple et à ses terres. Ainsi, l’Égypte n’est pas seulement un lieu historique, mais une terre où les révélations divines ont pris place, et où des événements majeurs ont façonné l’histoire des croyants.


L ’ Égypte : de terre bénie dans le Coran , à la fascination de Napoléon


L’Égypte a toujours occupé une place singulière dans l’histoire. Ses riches ses naturelles, son rayonnement intellectuel et sa position stratégique ont fait d’elle un centre d’influence incontournable. Cette bénédiction divine, évoquée dans les écritures, s’est traduite par une prospérité qui a éveillé l’admiration et parfois la convoitise des puissances étrangères. À travers les siècles, l’Égypte a été un phare du savoir et de la culture. Des antiques écoles d’Héliopolis aux institutions d’Al-Azhar, en passant par la bibliothèque d’Alexandrie, elle a su préserver et transmettre le savoir aux générations suivantes.


« Pensez que du haut de ces monuments, quarante siècles nous observent » telles étaient les paroles de Napoléon en contemplant les pyramides d’Égypte, avant d’entamer sa conquête. Une fascination inébranlable pour une terre millénaire, berceau d’une civilisation et d’un raffinement inégalé.


Et c’est précisément cette aura qui a captivé l’Occident. Lorsque Napoléon Bonaparte entreprit sa campagne d’Égypte en 1798, il ne s’agissait pas uniquement d’une conquête militaire. Fasciné par cette terre qui avait vu naître les pharaons et inspiré les prophètes, il a fait appel à 160 savants pour étudier ses mystères. Ainsi naquit la célèbre Description de l’Égypte, œuvre monumentale qui marque la naissance de l’égyptologie et révèle au monde l’extraordinaire héritage de cette nation.


Paradoxalement, ce rêve occidental d’Égypte, nourri par l’admiration et l’étude, a aussi entraîné des convoitises impérialistes. Pourtant, malgré les occupations et les tentatives d’appropriation, l’Égypte a toujours su renaître, fidèle à sa vocation première, sait comment rester un centre de rayonnement spirituel, intellectuel et culturel. De l’antique sagesse des temples à l’érudition d’Al-Azhar, du génie des pharaons à l’égyptologie moderne, l’Égypte demeure cette terre bénie qui, du haut de ses pyramides, observe l’Histoire qui se déroule sous ses yeux.



*Article paru dans le n°53 de notre magazine Iqra.



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