Regard fraternel (n°81) - La prévention de la drogue est un devoir partagé
- Guillaume Sauloup
- il y a 29 minutes
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Par Nassera Benamra
Le samedi 22 novembre, des voix se sont unies pour Mehdi, assassiné à Marseille le 13 novembre, frère du militant écologiste Amine Kessassi, président de l’association Conscience, fondée en 2020 et frère de Brahim exécuté dans la même année. Plus de 6 000 personnes de différentes tendances ont marché, toutes déterminées, pour dire « non au narcotrafic ». Politiques, citoyens, croyants et non croyants ont tous marché côte à côte, solidaires face à ce fléau qui détruit des vies et fragilise nos quartiers et notre économie. Une seule question s’impose, comment protéger nos communautés et mettre fin à cette violence ? Comment les religions monothéistes ont-elles traité ce fléau qui ronge les sociétés ?
Il est clair que ce fléau constitue un problème majeur de santé publique de nos jours. La production de la drogue et sa consommation ruinent la santé des concernés aussi bien physique que mentale. Dans ce sens les conclusions du rapport des Nations Unis de 2018 affirme que « les marchés de la drogue se développent, la production de cocaïne et d’opium ayant atteint des records, cela présentent de multiples défis sur plusieurs sur fronts. » (directeur exécutif de l’ONUDC).
Les jeunes musulmans sont aujourd'hui confrontés à un nombre croissant de tentations. L'une d’elles est la drogue. Pour savoir ce que dit l’islam à ce sujet, nous devons consulter le Coran et la Sunna (tradition prophétique) pour comprendre ce qui est préconisé au sujet des substances intoxicantes et des stupéfiants.
Allah le Tout-Puissant a dit dans le Coran : « Ô vous les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu'une abomination, œuvre du Diable. Écartez-vous en, afin que vous réussissiez. » (Sourate Al-Maida, verset 90).
Les enseignements de l’islam évoquent la lutte contre la drogue et les autres stupéfiants. L’être humain étant le « calif » d’Allah sur terre, son rôle consiste d’abord à préserver sa vie qui est une « amana » c’est à dire un dépôt sacré.
Si on se base sur le syllogisme de la logique islamique, la consommation ou la production de drogue et de stupéfiants est en contradiction avec la mission du calif sur terre et du dépôt sacré (la amana), qui est la vie, la raison, la foi, la dignité et les biens. Allah dit : « Ne courez pas à la ruine par vos propre mains. » (Al-baqara, verset 195).
Le christianisme a clairement condamné les enivrantes. On trouve dans le Livre des Proverbes ce passage explicite : « À qui le malheur ? À qui la tristesse ? À qui les querelles ? À qui les plaintes ? À qui les blessures sans raison ? À qui les yeux rougis ? À ceux qui s’attardent auprès du vin, à ceux qui vont chercher des boissons mêlées. Ne regarde pas le vin quand il rougit, quand il pétille dans la coupe et qu’il coule avec douceur, à la fin, il mord comme un serpent et pique comme une vipère. » (Proverbes, chapitre 23 - 29-32)
Le cardinal Antonio, s’exprimant au nom de l’Église catholique lors du 18ᵉ congrès tenu en Belgique en 1928, ajoute : « Je souhaite affirmer ici, au nom de l’Église catholique, que le christianisme authentique interdit à ses fidèles de boire de l’alcool. Cette interdiction n’est en rien une atteinte à la liberté individuelle, elle constitue au contraire un respect de la liberté collective et une protection de la société contre les méfaits causés par les personnes ivres. »
Contrairement à l’idée répandue, selon laquelle les sociétés occidentales chrétiennes feraient preuve de laxisme envers la consommation d’alcool, les textes et positions officielles montrent que le christianisme condamne l’alcool et tout ce qui lui ressemble, comme les drogues. Cette interdiction s’explique par le fait que ces substances altèrent l’esprit humain et privent l’individu de sa capacité à distinguer le vrai du faux, le bien du mal.
La religion juive est l’une des anciennes religions révélées. Comme l’islam et le christianisme, elle interdit les vices, incite à faire le bien et à éviter le mal, tout en soulignant le respect de l’être humain et la nécessité de se préserver de tout ce qui peut nuire à soi-même, ou à autrui.
La Torah contient un commandement clair interdisant la consommation de vin et d’alcool. Il est ainsi dit par Dieu à Aaron : « Ne buvez pas de vin ni de boisson enivrante, toi et tes fils, lorsque vous entrez dans la tente du rendez-vous, afin que vous ne mouriez pas. Cela servira à faire la distinction entre le sacré et le profane, et entre l’impur et le pur. » (Lévitique, chapitre 10 -1-11)
Un rabbin nommé Nahum Effendi publie en 1922 en Égypte un communiqué officiel affirmant que le judaïsme interdit formellement la consommation d’alcool et avertit de ses conséquences pour ceux qui en font usage.
Il apparaît clairement que la religion juive interdit de boire de l’alcool et tout ce qui s’y rapproche, comme les drogues, car ces substances altèrent le fonctionnement de l’esprit et en perturbent les capacités.
Il est clair que, sur la base de ce que nous savons, concernant la position des religions monothéistes sur la consommation de stupéfiants et les effets destructeurs qu’ils peuvent avoir sur l’individu et la société, tous s’accordent sur l’interdiction de ces pratiques. Si les textes religieux proscrivent la consommation de substances enivrantes, la question reste de savoir comment protéger efficacement l’individu et la collectivité. Est ce qu’il faut se contenter du rôle de sensibilisation et d’explication des textes par des religieux, ou bien élaborer une stratégie préventive plus large, impliquant plusieurs acteurs de la société pour assurer une protection concrète et durable ?
*Article paru dans le n°87 de notre magazine Iqra.
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