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Sabil al-Iman (n°87) - Quand l’âme crie silencieusement : le rapport entre la drogue, la souffrance intérieure et la quête de Dieu


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Par Cheikh Khaled Larbi

Sous le silence des visages se cachent des orages ;

Sous le poids des habitudes se tapissent des naufrages.

Et quand la drogue semble apaiser ce que l’âme ne dit pas,

C’est souvent Dieu que le cœur cherche… sans savoir qu’Il est déjà là.


La drogue n’est jamais seulement qu’un produit : c’est un symptôme, un refuge, une tentative de tenir debout quand le monde intérieur vacille.


Derrière chaque addiction, il y a une âme en souffrance qui cherche à étouffer un cri que personne n’a entendu. Les psychiatres l’expliquent, les éducateurs le constatent, les familles le vivent : l’addiction n’est pas une recherche de plaisir… c’est une recherche de soulagement.


Et ce soulagement, même s’il se trompe de chemin, révèle quelque chose de profond : une quête d’apaisement, une quête de sens, une quête de Dieu.

 

La souffrance intérieure : la racine invisible que la drogue exploite

 

Un jeune addictologue de Paris disait une phrase lumineuse : « La drogue n’entre pas chez ceux qui vont bien. Elle s’infiltre par les fissures. »


Les fissures peuvent être un chagrin d’amour, une famille éclatée, un manque d’estime de soi, un sentiment d’échec scolaire, la solitude, la dépression non dite, des traumatismes d’enfance, ou tout simplement une vie où l’on ne se sent pas aimé.

 

Le problème, ce n’est pas la drogue elle-même, c’est le vide que la personne essaie de fuir.


Le Coran le dit à sa manière : « Ils ont des cœurs mais ne s’en servent pas pour comprendre » (7:179). Ce verset ne parle pas d’intelligence, mais d’émotions étouffées.


La drogue devient alors une béquille chimique. Elle ne guérit pas. Elle cache.


Et ce qui est caché finit toujours par revenir… plus fort.

 

Quand la drogue imite la spiritualité : une fausse porte vers l’apaisement

 

Les neurosciences montrent que certaines substances déclenchent dans le cerveau : des montées d’euphorie, des sensations de paix, une impression d’être « au-dessus des problèmes ».


Un jeune disait : « Quand je fume, j’ai l’impression de comprendre le monde. »


C’est exactement ce que les sages musulmans appelaient la fausse extase.


Le grand maître soufi Roūmī disait : « La vraie ivresse est celle de la lumière divine, pas celle de la fuite. »


L’être humain cherche la paix… mais se trompe parfois de voie.

 

Le cri silencieux : comprendre le cœur avant de condamner la personne

 

Dans beaucoup de familles, la première réaction face à la drogue est la colère, la honte, le rejet. Souvent parce que les parents ont peur de perdre leur enfant.


Mais la science et la spiritualité disent la même chose : la guérison commence par la compréhension.


Le psychiatre Viktor Frankl disait : « Quand la vie perd son sens, l’homme cherche à la remplir, même de poison. » Ce n’est pas la drogue qu’il faut d’abord combattre… c’est la souffrance qui l’a provoquée.


Un imam de Bordeaux raconte : « Quand un jeune vient me dire qu’il consomme, je vois un appel à l’aide, pas une faute morale. » C’est cela, Sabil al-Iman : regarder le cœur avant de regarder le comportement.

 

La quête de Dieu derrière l’errance

 

Ce qui surprend souvent les soignants, c’est que beaucoup de personnes dépendantes ont une grande sensibilité spirituelle.


Elles parlent de vouloir changer, être aimées, être pardonnées, arrêter de faire souffrir, devenir “une bonne personne”.


Toutes ces aspirations sont religieuses sans le dire.

 

Un jeune musulman en centre de soin disait : « J’ai l’impression que Dieu m’attend, mais je n’arrive pas à revenir. » Cette phrase résume tout. La drogue empêche de revenir vers Dieu… mais le désir de Dieu reste intact.


Le Coran le dit ainsi : « Et Nous sommes plus proches de lui que sa veine jugulaire » (50 :16). Même dans la consommation, même dans l’erreur, même dans les nuits les plus sombres…


Dieu n’est jamais loin.

 

Le chemin de la guérison : accompagner l’âme, pas seulement le corps

 

Les soignants expliquent que la guérison repose sur 3 piliers : un cadre médical, un entourage bienveillant, un sens à reconstruire.


Le 3ᵉ est souvent le plus négligé… et le plus important.

 

La spiritualité redonne à la personne une valeur, une dignité, un horizon, une raison de changer.


Le Prophète ﷺ disait : « Dieu n’éprouve pas une âme pour la briser, mais pour la purifier. »


Dans les mosquées, les éducateurs, les imams, les travailleurs sociaux ont un rôle immense : écouter, accompagner, encourager à consulter, rappeler que rien n’est définitif, redonner de l’espoir.

Sabil al-Iman n’est pas un chemin pour les parfaits. C’est un chemin pour les blessés.

 

Il est des routes sombres qui mènent à la lumière ;

Des cœurs brisés qui deviennent des prières.

Et quand l’âme crie sans bruit, Dieu l’entend sans effort…

Car nul cri sincère ne se perd devant le Très-Fort.

 


*Article à paraître dans le n°87 de notre magazine Iqra.



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Sabil al-Iman (n°76) - Le Prophète ﷺ, école de miséricorde et de foi



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