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Sabil al-Iman (n°65) - La foi debout dans un monde blessé



Le monde saigne. Les écrans pleurent des guerres qu’on ne regarde plus. Ghaza, l’Ukraine, le Soudan… les noms changent, la douleur persiste. Les peuples fuient, les enfants tombent, les cendres retombent encore chaudes sur nos consciences.


Dans cette cacophonie du monde, une question se pose : où est Dieu ? Et plus encore, où est la foi ?


Il serait tentant de fuir. D’enfermer la foi dans le confort des rituels ou dans le silence des temples. Mais la foi véritable, celle que le Coran appelle à incarner, est une lumière debout, enracinée dans les fissures du monde.


Ce texte est un plaidoyer. Non pas pour une foi idéalisée, figée dans les dogmes, mais pour une foi humaine, vivante, engagée. Une foi qui pleure avec les blessés, se souvient avec les oubliés, pardonne sans oublier, et espère malgré tout.


FACE À LA GUERRE : LA FOI COMME RÉSISTANCE


« Et ne pensez pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Non, ils sont vivants, mais vous ne percevez pas. »

(Coran 2 :154)


La tentation du silence religieux


Devant les chars et les bombes, certains prêchent le silence. « Ce n’est pas notre combat », disent-ils. Mais est-il possible de croire sans s’indigner ? Le Prophète, paix sur lui, n’a-t-il pas été un réfugié, un exilé, un homme debout devant l’injustice ?

Fermer les yeux au nom de la paix intérieure, c’est trahir l’essence même du message coranique : justice, miséricorde et solidarité.


Une foi des prophètes, non des fuyards


Une foi des prophètes, non des fuyards

Moïse face à Pharaon. Jésus devant l’oppression. Mohamed face aux Quraysh. Tous ont montré une foi qui ne fuit pas le réel, mais s’y ancre. Dans les camps de réfugiés, sur les bateaux de fortune, la foi continue de vibrer. Elle est là, dans la main qui donne un pain, dans le regard qui écoute, dans le cœur qui prie.


La prière comme acte politique


Dans les ruines d’Alep ou sous les drones à Ghaza, des hommes et des femmes prient. Pas pour fuir, mais pour tenir. La foi, ici, est une résistance douce. Un acte de dignité. Un refus de la déshumanisation.



MÉMOIRE ET PARDON : LA FOI QUI SE SOUVIENT


« Pardonne, mais n’oublie pas

ce que ton cœur a appris. »


Les blessures de l’Histoire


Le 8 mai 1945, pendant que la France fête la victoire contre le nazisme, des milliers d’Algériens sont massacrés à Sétif, Guelma, Kherrata. Pourquoi ? Pour avoir demandé justice. Ces pages oubliées brûlent encore dans les mémoires. La foi ne peut ignorer cela.


Pardon ne signifie pas amnésie


Le Coran invite au pardon, mais jamais à l’oubli. Quand le Prophète entre dans La Mecque, victorieux, il pardonne. Mais il n’efface pas. Il rappelle, il enseigne, il transforme. Le pardon est un acte révolutionnaire, non une démission.


La transmission comme guérison


Chaque blessure mémorielle non racontée devient un poison. Il faut parler aux jeunes, raconter les douleurs, dire les noms oubliés. Une foi qui guérit est une foi qui transmet. Le croyant est un passeur, un veilleur, un témoin.


ESPÉRER MALGRÉ TOUT : UNE FOI HABITÉE PAR L’AUBE


« Ne désespérez jamais

de la miséricorde de Dieu. »

(Coran 39 :53)


Refuser la résignation


L’époque broie les âmes. Crise écologique, solitude, pertes de sens. La foi pourrait se replier. Mais elle est un cri. Un refus d’abandonner l’humain.


Des bâtisseurs de lumière


Partout dans le monde, des croyants bâtissent. Une école à Idlib. Une mosquée dans un bidonville de Nairobi. Un puits au Sahel. L’espérance est une action. Une foi passive est une contradiction.


Lumière dans l’obscur


La foi ne promet pas la facilité. Elle promet la présence. Dans la nuit, elle est lampe. Non pour effacer les ténèbres, mais pour apprendre à y marcher.


UNE ÉTHIQUE DU SOIN : LA FOI QUI SERT


« Le meilleur des gens est celui

qui est le plus utile aux autres. »

(Hadith)


Le croyant au cœur de la cité


Être croyant, c’est être tisseur de liens. Dans un monde de fragmentation, le croyant bâtit des ponts. Avec le voisin, l’orphelin, l’étranger. C’est une foi qui s’exprime par le service.


La justice comme pilier de l’adoration


Prier sans chercher la justice, c’est prier dans le vide. Le Coran relie constamment foi et équité. L’injustice sociale est un blasphème silencieux.


La tendresse comme acte révolutionnaire


Le Prophète était doux. Pas faible. Doux. Il guérissait les cœurs, ne brisait jamais un visage. La foi aujourd’hui doit redevenir ce lieu de tendresse militante.


La foi n’est pas un luxe spirituel. C’est un cri. Une main tendue. Un feu sacré. Elle ne nie pas la souffrance du monde, elle la prend dans ses bras. Elle ne promet pas l’évasion, mais l’incarnation.

Aujourd’hui, alors que le monde chancelle, la foi doit rester debout. Non pour dominer, mais pour servir. Non pour juger, mais pour consoler. Non pour fuir, mais pour bâtir.


Je crois en Dieu quand l’homme a tout détruit,

Quand la terre gémit et que la mer bruit.

Je crois en Lui, non pour m’évader,

Mais pour tenir, pleurer, et aimer.

Et dans la cendre, reconstruire l’humain,

Par le cœur, par la foi, main dans la main.



*Article paru dans le n°64 de notre magazine Iqra.



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