Les Noms et les Attributs d’Allah (n°58) - Al-Mou’ti et Al-Jawad
- Guillaume Sauloup
- 18 avr.
- 5 min de lecture

Quand le cœur s’ouvre à la lumière des Noms,
Deux joyaux brillent, deux trésors sans somme :
El-Mou’ ti, Celui qui offre avec science,
Et El-Jawad, source de toute abondance…
Il y a dans la tradition musulmane une beauté sublime dans les Noms d’Allah. Parmi eux, deux noms éveillent particulièrement l’âme du croyant et nourrissent sa relation au divin : El-Mou’ti (Le Donateur) et El-Jawad (Le Très Généreux). Ils sont le miroir d’une réalité céleste : celle d’un Dieu qui donne, sans limite ni lassitude, avec sagesse et tendresse.
El-Mou’ti est Celui qui donne avec mesure, à la lumière de Sa science infinie. Il donne à qui Il veut, quand Il veut, ce qu’Il veut. Rien ne L’oblige, mais tout émane de Sa Rahma. Ce nom est cité indirectement dans plusieurs textes prophétiques. Le Messager d’Allah (paix et bénédiction sur lui) disait : « إنما أنا قاسم والله يعطي » — “Je ne suis que le répartiteur, mais c’est Allah qui donne.” (Boukhari, Mouslim). Le Prophète, dans son humilité absolue, rappelle ici que toute faveur vient de Dieu, même si elle transite par des causes apparentes.
Quant à El-Jawad, il est plus que celui qui donne : Il est la source même de la générosité. Sa bonté dépasse la demande, et Son don précède souvent le besoin. Le Prophète disait : « إن الله جواد يحب الجود » — “Allah est Jawad, Il aime la générosité.” (Tirmidhi). Il aime qu’on donne, qu’on partage, qu’on soulage. Il aime voir en Ses serviteurs le reflet de ce qu’Il incarne avec perfection.
Il y a dans ces deux noms à la fois une similitude et une subtilité. El-Mou’ti agit selon une sagesse ciblée, El-Jawadagit par nature, dans un élan continu de bonté. Le premier rassure le croyant : ce qu’il reçoit ou ne reçoit pas est toujours juste. Le second l’inspire : il doit apprendre à donner même quand on ne lui demande rien, même à ceux qui ne le méritent pas selon les critères humains.
Chaque souffle, chaque regard, chaque instant d’apaisement, chaque réussite, chaque sourire d’un enfant est un don. Et combien de dons ignorons-nous, tant nous sommes habitués à recevoir sans gratitude ?
Dans la vie du croyant, méditer ces deux noms transforme sa perception de l’existence. Il apprend à dire Alhamdulillah pour l’abondance, mais aussi pour la privation. Car même l’attente peut être un don, même la douleur peut cacher une sagesse. Un jour, un homme vint au Prophète pour demander une aumône. Il donna. Un autre vint. Il donna encore. Les compagnons lui dirent : “Tu donnes à ceux qui ne le méritent peut-être pas.” Et il répondit, plein de lumière : « ما أنا بمانع عن أحد أحب أن أكون من الجوادين » — “Je ne veux refuser à personne, car j’aime être du nombre des généreux.”
La zakât, la sadaqa, les dons, l’aide aux proches, tout cela devient alors un exercice spirituel, une imitation du Divin. Donner, ce n’est plus perdre, c’est se rapprocher d’Allah. C’est goûter à un des secrets de Son essence : la générosité sans retour. Un repas partagé, un mot apaisant, une oreille attentive, un vêtement offert, une dette allégée… autant d’actes simples mais lumineux.
Dans notre monde moderne, marqué par l’individualisme, le repli sur soi et la peur du manque, ces deux noms résonnent comme des remèdes puissants. Ils nous rappellent que le croyant n’est jamais vraiment pauvre tant qu’il donne. Que celui qui donne avec le cœur est toujours riche. Et qu’en donnant, on reçoit davantage, parfois là où on ne s’y attendait pas.
Et toi, cher lecteur, combien de fois as-tu été surpris par un don venu du ciel ? Une porte qui s’ouvre, un ami qui tend la main, une opportunité inattendue, une paix dans le cœur malgré les épreuves… Tout cela est le souffle discret d’El-Mou’ti, la caresse invisible d’El-Jawad. Ces noms sont vivants. Ils parlent. Ils accompagnent le croyant chaque jour, s’il veut bien les écouter.
Enfin, dans mon cheminement personnel, j’ai vu ces noms se manifester quand je n’avais plus d’attente. Quand j’étais à genoux, Allah m’a relevé. Quand je doutais, Il m’a offert une certitude. Quand j’étais brisé, Il m’a envoyé une main, un mot, une issue. Et souvent, c’était à travers des gens ordinaires, des instants banals… mais extraordinairement porteurs de Sa générosité.
Il donne sans que l’on demande,
Il entend sans que l’on parle.
Dans chaque souffle, un cadeau,
Dans chaque larme, un halo.
El-Mou’ti nous élève, El-Jawad nous embrasse,
Et à travers leurs noms, la foi prend place…
Ô Allah, El-Mou’ti, donne-nous ce qui nous rapproche de Toi.
Ô Allah, El-Jawad, fais de nous des sources de générosité,
Des miroirs de Ta bonté,
Des lumières dans la nuit de ceux qui doutent, ou qui peinent.
*Article paru dans le n°61 de notre magazine Iqra.
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