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Lumière et lieux saints de l'Islam, à la découverte des mosquées du monde (n°66) - La mosquée Khoja Yaqub à Douchanbé



Au cœur de Douchanbé, entre les artères frémissantes de la capitale tadjike et les palpitations d’une foi ancienne, se dresse un sanctuaire qui semble avoir poussé du sol comme une invocation faite pierre : le vénérable Masjid Khoja Yaqub, mémoire vivante de la piété, de la transmission et de la résistance spirituelle.


C’est en l’an de grâce 1856 que ce lieu fut érigé, grâce à la générosité d’un homme de science et de cœur : Khoja Yaqub, que l’on appelait aussi Haji Yaqub, pieux érudit, exilé un jour vers les plaines afghanes pour fuir les persécutions tsaristes ou soviétiques, mais dont l’âme demeura enracinée dans cette terre d’Asie centrale où l’islam avait jeté ses voiles depuis des siècles. Aux côtés de sa mère, qu’Allah les entoure de Sa lumière, il fit ériger ce havre de prière et de savoir.


Modeste à ses débuts, n’occupant qu’une aile discrète du bâtiment actuel, la mosquée grandit comme grandit l’arbre du bien : lentement, sûrement, irriguée par les générosités invisibles et les fidélités silencieuses. Aujourd’hui, elle est le cœur battant de l’islam tadjik, abritant le Centre islamique de la République du Tadjikistan, le Muftiat, et l’illustre Institut islamique portant le nom de l’imam Aʿzam Abou Hanifa, que la paix soit sur lui, phare de jurisprudence pour les peuples de la région.



L’édifice puise son inspiration dans les traditions architecturales vernaculaires tadjikes, où l’argile se mêle au souffle du ciel. La façade, d’un turquoise céleste, tel un fragment du Paradis descendu sur terre, est constellée de motifs ornementaux ciselés à la main, une calligraphie muette de la beauté divine. À l’intérieur, les yeux se perdent dans les arcs richement décorés, les arabesques géométriques, et les versets du Coran incrustés d’or, où chaque lettre semble s’élever en louange.


De ses premières assises, une salle carrée à colonne unique, un portique modeste du côté sud-est, un mihrab enduit aux contours voûtés, jusqu’aux restaurations menées en 1996 par le maître Said Ikrom de Konibodom, le lieu n’a cessé de se parer de majesté : colonnes sculptées dans la tradition potière, plafonds fermés aux nervures précises, fenêtres arquées encadrant la lumière comme on encadre un verset sacré. Les bâtiments annexes, hôtels et résidences, témoignent d’un centre vivant, où l’accueil est à la mesure de l’hospitalité islamique.



Mais au-delà des pierres et des ornements, c’est le souffle invisible du dhikr, le parfum discret des invocations et l’écho des cours savants qui font de cette mosquée un sanctuaire. Elle fut successivement tribunal religieuxsiège du Muftiat, et demeure aujourd’hui le siège du Conseil des Oulémas du Tadjikistan.


Que l’on vienne en pèlerin assoiffé d’élévation ou en simple visiteur en quête de beauté, le Masjid Khoja Yaqub s’offre comme une halte d’éternité : un lieu où le temps se recueille, où les âmes se purifient, et où la tradition continue de murmurer à l’oreille des vivants l’éloge de ceux qui ont bâti pour Dieu, non pour eux-mêmes.






*article paru dans le n°71 de notre magazine Iqra.



                         

 

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