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Regard fraternel (n°60) - Monothéistes, unis dans le sacré


Une fois encore, les monothéistes se retrouvent autour de trois grandes fêtes, chacune porteuse d’une histoire, d’une symbolique forte et d’un éclat spirituel unique. Cette semaine, placée sous le signe de la célébration, de la prière et de la quête du divin, réunit musulmans, juifs et chrétiens dans un même élan spirituel. L’Aïd El-Adha, Chavouot et la Pentecôte, ces trois fêtes majeures, témoignent de la richesse et de la diversité des traditions monothéistes, tout en rappelant les valeurs universelles du sacrifice, de l’alliance et de l’espérance.


Chavouot et la Torah


La soirée de dimanche 1 juin au mardi 3 juin, commence la fête du don de la Torah, Chavouot, une fête juive d’une grande importance dans le calendrier juif. Elle signifie « Semaines », car elle arrive sept semaines après Pessah « le 6 sivan », et en marque une sorte d’aboutissement. Le principe en est qu’un peuple libéré sans loi, n’est pas vraiment libre. On ne peut naître sans éducation. Cette loi commence par le Décalogue, puis s’étend à toutes les mitsvot de la Torah. C’est pour cela que dans la prière, les juifs disent que Chavouot est « le temps du don de notre Torah ».


Ce n’est pas la Torah écrite seule, mais la tradition rabbinique, à travers l’exégèse, qui relie la date du 6 sivan au don de la Torah. Cette association existe depuis l’Antiquité.


Dans la Torah, Chavouot est aussi la fête des prémices du blé, la fête de la moisson. À cette occasion, on offrait deux miches de pain faites avec cette farine sur l’autel du Temple. Ces gestes sont autant d’actes de gratitude envers le Créateur.


- Que signifie le Chavouot ?


Les sages juifs expliquent que la moisson du blé correspond au don de la Torah, ce qui veut dire que le corps a besoin de blé, l’âme a besoin de la Torah, chaque partie de l’être a sa nourriture.

Le mot Chavouot, « Semaines », rappelle aussi « Chavouâ », serment. Le don de la Torah est comme un serment mutuel entre Dieu et le peuple d’Israël « enfants de Yacoub »..


- Les règles et coutumes de Chavouot


Contrairement à Pessah ou Souccot, Chavouot n’a pas d’objet rituel spécifique. Ce sont la liturgie d’un jour de fête « Yom tov » et ses prières particulières, âmida spéciale, Hallel qui définissent cette fête. Le cœur de la prière est la lecture des Dix Paroles à l’office du matin, récitées avec solennité par l’officiant. La tradition veut que les juifs veillent toute la nuit pour étudier la Torah, puis prier à l’aube.


L’après-midi, ils lisent le Livre de Ruth, dont une partie se déroule pendant la moisson. C’est aussi un message. La Torah est offerte à tous, même aux enfants des nations, comme Ruth qui déclara à Naomi : « Ton peuple sera mon peuple, ton Dieu sera mon Dieu ». Il faut que Ruth illustre des valeurs universelles que l’islam et le christianisme partagent, telles que la fidélité familiale, l’humilité, la confiance en Dieu, l’ouverture à une communauté nouvelle, la patience et le courage. En ces jours de fête, les juifs mangent souvent des plats lactés, car la Torah est comparée au lait qui nourrit.


La Pentecôte et le Saint esprit chez les catholiques


Pour cette année, la Pentecôte est célébrée le dimanche 8 juin 2025, cinquante jours après Pâques, soit le septième dimanche après le dimanche de Pâques, à une date mobile calculée par le Comput. La Pentecôte clôt le temps pascal. On parle ici d’une fête chrétienne qui célèbre la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, marquant le début de la mission universelle de l’Église. La confirmation est souvent célébrée le jour de la Pentecôte, en écho à l’événement fondateur où l’Esprit a été répandu sur les apôtres. Par l’imposition des mains, l’évêque signifie à son tour ce don de l’Esprit sur les confirmands.


- La Pentecôte, quelle signification


La Pentecôte tire son nom du grec « pentêkostê », qui signifie « cinquantième », car elle est célébrée cinquante jours après Pâques. Ce jour-là, selon le récit biblique, les apôtres étaient réunis à Jérusalem avec Marie et d'autres disciples, pendant que la foule fêtait Chavouot, une grande fête juive. Soudain, un bruit comme celui d’un souffle puissant se fit entendre, et des langues de feu appariaient, se posant sur chacun. Tous étaient alors remplis de l’Esprit Saint et se mettaient à parler des langues étrangères, comprises par les personnes venues de tous horizons. C’est cet événement que les chrétiens commémorent à la Pentecôte « le don de l’Esprit et la naissance de l’Église ». Par la venue de l’Esprit Saint, la promesse du Christ s’accomplit : les apôtres, transformés par cette force nouvelle, sortent de leur isolement pour annoncer la résurrection au monde. Leur témoignage marque le point de départ de l’Église, avec la naissance des premières communautés chrétiennes, appelées à se répandre jusqu’aux confins de la terre.


C’est ainsi que l’on comprend mieux pourquoi, dans la tradition chrétienne, les serviteurs de l’Église, évêques, cardinaux, missionnaires, sont souvent polyglottes.


- Règles et coutumes du Pentecôte


La Pentecôte est célébrée par une messe solennelle centrée sur la descente du Saint-Esprit. Les fidèles se réunissent à l’église pour écouter les lectures bibliques, notamment le récit des Actes des Apôtres, chanter les hymnes liturgiques comme le Veni Creator Spiritus, et prier pour recevoir les dons de l’Esprit.


Aujourd’hui, la Pentecôte est célébrée avec ferveur par les catholiques du monde entier. Elle invite les fidèles à accueillir à nouveau l’Esprit Saint dans leur vie, à raviver leur foi et à vivre davantage dans l’amour et la communion. Cette fête rappelle aussi l’universalité de l’Église : comme les apôtres parlant toutes les langues, les chrétiens sont appelés à dépasser les frontières pour témoigner d’un message de paix, d’unité et d’espérance.


Aïd El-Adha et le symbole du sacrifice


Le terme arabe « Oudhiyah », sacrifice en français désigne, dans la langue courante, ce qui est abattu lors de la fête de l’Aïd al-Adha. Dans le langage juridique (fiqh), sa définition reste fidèle à cette signification linguistique qu’il s’agit d’un animal immolé en offrande et en dévotion à Dieu durant les jours de l’Aïd. L’Aïd al-Adha, ou fête du Sacrifice, est l’une des plus grandes célébrations pour les musulmans du monde entier. Elle a lieu le 10 du mois de Dhoul-Hijja, après que les pèlerins ont accompli le rite majeur du Hadj en se tenant au mont Arafat.


Appelée aussi « la grande fête » par les Maghrébins, l’Aïd al-Adha mêle ferveur spirituelle et réjouissances terrestres. La célébration du mouton de l’Aïd devient alors un pont direct vers une foi sincère dans ce que Allah a révélé à la communauté du Prophète Mohamed (paix et bénédiction sur lui).


- Le sens du sacrifice


Cette fête commémore un épisode marquant de la vie du prophète Abraham (Ibrahim), (paix sur lui). Alors qu’il avait quitté sa terre natale, Abraham implore Dieu de lui accorder un enfant vertueux. Dieu exauce sa prière en lui annonçant la naissance d’un fils plein de douceur, Ismail, qu’il eut avec Hajar. Abraham avait alors 86 ans. Plus tard, Abraham voit en songe qu’il devait sacrifier son fils Ismail. Après avoir vu ce même rêve pour la troisième fois, il se rendit auprès de son fils et lui dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en pense. » (Es-Saffat, verset 102). C’est à ce moment que nous constatons le même niveau de foi et de soumission chez le Prophète Ismail que chez son père. Il a répondu en disant : « Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants. » (Es-Saffat, verset 102).


Le prophète place son fils à terre et s’apprête à le sacrifier, mais le couteau ne coupe pas. Dieu, dans Sa miséricorde, envoi alors un bélier en rançon, Ismail est épargné. Ce geste devient un symbole fort de soumission à Dieu, et le sacrifice, une tradition perpétuée par tous les musulmans.


- Règles et coutumes du sacrifice en islam


L’Aïd El-Adha rappelle l’obéissance du prophète Abraham, prêt à sacrifier son fils avant qu’un mouton ne lui soit envoyé par Dieu. Depuis, Il est recommandé à tout musulman adulte et solvable, le sacrifice d’un animal : mouton, chèvre, vache ou chameau , devant être en bonne santé, sans défaut, et respecter un âge minimum. Le sacrifice doit avoir lieu après la prière de l’Aïd, entre le 10 et le 13 de Dhoul-Hijja. Le nom d’Allah est prononcé au moment de l’abattage. Par tradition, la viande est partagée en trois, une part pour la famille, une pour les proches, et une pour les nécessiteux. Dans plusieurs cultures musulmanes, on accompagne ce geste de visites familiales, de prières collectives, de dons et de repas partagés, renforçant ainsi les liens sociaux et la solidarité.


Trois fêtes, trois récits fondateurs, un même souffle, celui d’une humanité en quête de Dieu, de sens et de fraternité. Cette semaine, nous, croyants monothéistes, célébrons ensemble l’espérance. Bonne fête à tous.



*Article paru dans le n°68 de notre magazine Iqra.




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