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Focus sur une actualité (n°60) - Ghaza : le siège s'intensifie, les morts s'accumulent, l'humanitaire s'effondre


La bande de Gaza, ravagée par plus de vingt mois de guerre, connaît une nouvelle escalade dramatique de la crise humanitaire. Depuis plus de 100 jours, Israël empêche l’entrée de carburant dans l’enclave palestinienne, mettant en péril la totalité des opérations humanitaires, alerte l’UNRWA. Pendant ce temps, les tirs sur des civils en quête d’aide alimentaire se multiplient, faisant des dizaines de morts, alors que les appels à un cessez-le-feu immédiat se heurtent à l’indifférence ou au refus de certaines puissances occidentales.


Des civils affamés pris pour cible


Lundi 16 juin, au moins vingt Palestiniens ont été tués et plus de deux cents blessés par des tirs de l’armée israélienne alors qu’ils attendaient de l’aide humanitaire près d’un centre de distribution à Rafah, dans le sud de Ghaza. Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile palestinienne, ces personnes patientaient devant un site géré par la Ghaza Humanitarian Foundation, organisation soutenue par Israël et les États-Unis mais rejetée par l’ONU pour manque de neutralité. Les tirs, survenus entre 5 h et 7 h 30 du matin, ont provoqué un carnage parmi des civils désarmés, dont beaucoup souffraient de la faim.


Le Comité international de la Croix-Rouge, présent dans la zone d’Al-Mawassi, a confirmé avoir reçu 200 blessés dans son hôpital de campagne, un record depuis le début du conflit. Un grand nombre d’entre eux présentaient des blessures par balles. « Beaucoup ont déclaré qu’ils tentaient simplement d’accéder à un centre de distribution alimentaire », a précisé l’organisation.


Le carburant, nerf vital de l’aide humanitaire


Le siège de Ghaza atteint une intensité sans précédent. Depuis le 2 mars, Israël a fermé tous les points de passage vers l’enclave et bloque l’entrée de nourriture, de médicaments, d’aides et de carburant. « Sans carburant, les opérations humanitaires sont impossibles. Sans carburant, des vies seront perdues », a averti l’UNRWA dans un message publié sur la plateforme X ce mardi. Santé, alimentation, communication, distribution d’eau : tous les piliers d’un minimum vital sont en train de s’effondrer.


L’ONU et les ONG dénoncent un crime contre l’humanité


Face à la multiplication des attaques contre des civils désespérés, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé à « des enquêtes impartiales et immédiates » sur ces tirs visant des civils en quête de nourriture. Il a par ailleurs rappelé que l’usage de la famine comme arme de guerre constitue une violation grave du droit international.


De son côté, Médecins sans frontières (MSF) a exhorté l’Union européenne à cesser les déclarations de façade pour adopter des mesures concrètes à l’encontre d’Israël. L’ONG réclame notamment des pressions diplomatiques effectives et un élargissement immédiat des évacuations médicales : près de 13 000 personnes, dont plus de 4 500 enfants, nécessitent des soins urgents hors du territoire.


L’appel mondial au cessez-le-feu… et ses limites


Le 12 juin, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté à une écrasante majorité une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat, permanent et sans condition dans la bande de Ghaza. 149 États ont voté pour, 19 se sont abstenus, mais 12,  dont les États-Unis, Israël, la Hongrie et l’Argentine, s’y sont opposés. La résolution exige également un accès humanitaire sans entrave, la libération des otages détenus par le Hamas, ainsi que le retour des prisonniers palestiniens et le retrait total des forces israéliennes.


Une guerre, deux silences


Alors que les bilans humains s’alourdissent et que les images de deuils collectifs à Khan Younès, Rafah ou Jabaliya bouleversent l’opinion publique mondiale, les grandes puissances occidentales persistent à appeler au "discernement" tout en continuant, pour certaines, à fournir armement et soutien politique à Israël.


Dans le vacarme des armes, une question demeure : combien de morts faudra-t-il pour que le droit, l’humanité et la raison reprennent le dessus ? Ghaza, aujourd’hui, est à genoux. Mais les regards du monde, eux, ont le devoir de rester levés.


*Article paru dans le n°70 de notre magazine Iqra.



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