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Lumière et lieux saints de l'Islam, à la découverte des mosquées du monde (n°71) - La Mosquée kashmirie de Katmandou

 

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Au cœur de Katmandou, là où les ruelles anciennes s’entrelacent avec le tumulte des avenues modernes, se dresse une demeure sacrée qui transcende les siècles : la mosquée kashmirie, connue aussi sous le nom de Pancha Kashmiri Taqiya Masjid. Ce sanctuaire, le plus ancien lieu de prière islamique du Népal, fut élevé au XVIᵉ siècle par des marchands et mystiques venus du Cachemire. Avec eux, ils apportèrent non seulement leurs étoffes précieuses et leurs tapis fins, mais surtout la lumière d’un Islam spirituel, tissé de soufisme, de commerce équitable et de fraternité.


Un héritage des routes de l’Himalaya


L’histoire raconte que des marchands cachemiris, suivis d’un saint soufi nommé Miskeen Baba, établirent au cœur de la vallée un lieu de retraite, une taqiya, à la fois hospice, madrasa et maison de Dieu. Ainsi naquit, dès 1524, la première mosquée du pays, reconnue plus tard et protégée par le roi Prithvi Narayan Shah, unificateur du Népal. Ce geste scella une alliance singulière : celle d’un peuple venu du nord et d’un royaume himalayen, réunis autour d’un même désir de paix et d’équité.


Une architecture qui élève l’âme


À travers les siècles, la mosquée kashmirie s’est élargie et embellie, jusqu’à devenir l’imposant complexe que l’on contemple aujourd’hui. Les photos révèlent un édifice à la fois sobre et majestueux :


  • De longues galeries d’arcades à deux étages, évoquant les caravansérails d’Asie centrale, où les fidèles trouvent refuge avant la prière.


  • Une cour centrale avec fontaine, miroir limpide où se reflète la coupole verte, rappelant la pureté des ablutions et la source vivifiante du Coran.


  • Un pavillon funéraire abritant les tombeaux de Miskeen Baba et de Khwaja Gyasuddin Shah, lieux de recueillement où souffle encore la mémoire des saints.


  • Les minarets fins et la coupole turquoise, dressés vers le ciel de Katmandou, signent l’alliance entre l’esthétique cachemirie et les formes locales.


Les couleurs dominantes, le vert et le blanc, expriment la paix et l’espérance. Les arcs légèrement brisés, les colonnes cannelées et les motifs floraux témoignent de l’influence moghole, mais adaptés à la sobriété des artisans népalais.


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Un carrefour spirituel et social


La mosquée n’est pas seulement un édifice, mais une citadelle vivante de la foi. Elle abrite une madrasa où les enfants mémorisent le Coran, un centre de solidarité pour les pauvres, et surtout une vaste esplanade qui réunit, chaque vendredi et lors des fêtes de l’Aïd, des milliers de croyants.


Chaque année, le sanctuaire s’anime aussi au rythme du ‘Urs, célébration de l’anniversaire du décès des saints soufis. Dans les prières, les invocations et les poèmes chantés, la mémoire du Cachemire et l’âme du Népal se rejoignent, comme deux rivières convergeant vers le même océan.


La mosquée, miroir d’une identité musulmane népalaise


À travers ses dômes et ses murs, la mosquée kashmirie rappelle la présence ancienne et enracinée de l’Islam au Népal. Elle est le signe visible que la vallée de Katmandou, carrefour des routes de l’Inde, du Tibet et du Cachemire, fut aussi une terre d’accueil où les fidèles d’Allah ont trouvé place, dignité et reconnaissance.


En franchissant ses portiques ornés, l’âme voyage dans le temps : on y entend l’écho des marchands psalmodiant le dhikr au retour des caravanes, on y sent la paix des maîtres soufis qui enseignaient la patience, on y perçoit enfin l’avenir d’une communauté qui, malgré sa minorité, s’élève vers la lumière divine.


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*article paru dans le n°77 de notre magazine Iqra.



                         

 

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