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Récits célestes (n°51) - L’arrivée de l'islam en Malaisie : un appel gravé dans la pierre


Au XVe siècle, Pengkalan Kempas n’était encore qu’un paisible village blotti au creux de la forêt, protégé par les palétuviers et bercé par les allées et venues des barques de pêcheurs. Aucun minaret ne s’y dressait, aucun muezzin n’y lançait l’appel à la prière.


Mais ce calme était sur le point d’être troublé par une empreinte… dont l’écho résonne encore dans les pages de l’histoire.


Un jour, à cette époque lointaine, sous le règne du sultan Mansur Shah (mort en 1477), alors que le sultanat de Malacca affermissait son autorité, un homme nommé Cheikh Ahmad Majnoun fut inhumé. Peu connu pour son savoir ou son action prosélyte, aucun enseignement ni prêche ne lui fut attribué, et pourtant, il laissa derrière lui ce que nul autre n’avait laissé : une inscription gravée dans la pierre.


Une seule pierre, sur une seule tombe, fut le premier témoignage écrit et public de l’islam sur cette terre. Une épitaphe gravée en arabe, dans un style simple et céleste, y disait : « Ceci est la tombe d’Ahmad, serviteur de Dieu, mort dans l’islam, en l’an 872 de l’hégire. »


Ce n’était ni une proclamation politique, ni un document scellé du sceau d’un sultan, mais l’écho du premier à avoir prononcé la double attestation de foi sur cette terre, une parole dont le témoignage demeure, gravé dans la pierre, et lisible encore aujourd’hui.


Le cheikh Ahmad ne possédait ni tribune, ni pouvoir, ni renommée. Il n’était qu’un musulman, ayant trouvé le repos dans une terre où l’islam ne s’était pas encore établi durablement. Peut-être ignorait-il alors que cette simple pierre deviendrait le tout premier témoignage culturel et historique de la présence de l’islam en Malaisie.

 


À une époque où l’imprimerie n’existait pas encore et où les livres ne parvenaient pas jusqu’aux profondeurs des forêts, la gravure sur pierre faisait office de message silencieux : « Un homme musulman est passé par ici. » Et il est bien passé !


Cette inscription, tracée à une époque où le sultan préparait les fondations d’un encadrement religieux et éducatif, constituait le prélude discret de ce qui allait devenir, quelques années plus tard, un véritable système juridique, des écoles religieuses et des mosquées dominant l’horizon.


Son appel ne fut pas porté par la parole, mais par la trace. Il n’enseigna point de vive voix, mais laissa un témoignage pour que d’autres apprennent après lui. Nul ne lui demanda de changer une nation, mais par sa mort, il attesta que l’islam pouvait naître d’une tombe.


À Pengkalan Kempas, aucun appel à la prière ne s’élevait alors, mais une seule pierre fit retentir l’appel à travers tout le temps.


Cette tombe fut le tout premier témoin connu de l’islam, dans l’histoire de la Malaisie.


Son occupant n’était ni orateur, ni souverain, mais un simple serviteur de Dieu, mort dans l’islam, ayant gravé sur la pierre la profession de foi, pour que ceux qui viendraient après lui la lisent… et poursuivent le message.




*Article paru dans le n°72 de notre magazine Iqra.

 

 


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