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Sabil al-Iman (n°73) - Il donnait, et Allah multipliait : l’argent, la foi et l’exemple de Othman Ibn Affan

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Le cœur s’apaise quand la main se déploie,

Et l’âme s’élève quand le bien se partage avec joie.

L’argent est un outil, non un roi,

Il peut égarer… ou montrer la voie.

Quand il est en main, et non dans le cœur,

Il devient lumière, remède et bonheur.

Mais quand il nous possède, il éteint la foi,

Et l’âme s’égare, fuyant la loi.

 

​L’argent en Islam : entre nécessité et éthique

 

En Islam, l’argent n’est ni honni ni sacralisé. Il n’est ni un mal absolu, ni une fin en soi. Il est un moyen, un dépôt confié par Allah à l’homme pour l’éprouver : « Et sachez que vos biens et vos enfants ne sont qu’une tentation, tandis qu’auprès d’Allah est une énorme récompense. » (Sourate El-Anfål, verset 28)

 

L’Islam reconnaît la légitimité de produire et de posséder, mais encadre son usage par la justice, l’équité et la solidarité. L’argent doit circuler, servir, soulager.


« Dans leurs biens, il y avait un droit pour le mendiant et pour le démuni. » (Sourate Adh-Dhariyat, verset 19)

 

La zakat : une purification, pas une punition

 

Le mot zakat signifie purification et croissance. Elle purifie les biens et fait croître la bénédiction. La zakat n’est pas une taxe : c’est un acte d’adoration, un outil de justice sociale, une preuve de foi.

 

Elle correspond à 2,5 % de l’épargne annuelle, à verser à huit catégories définies dans le Coran (pauvres, orphelins, voyageurs, endettés, etc.).


Mais au fond, la zakat est un engagement du cœur. Elle nous libère de l’illusion de l’avoir, elle rééduque notre rapport à la possession, et transforme l’avoir en être.

 

​​Othman Ibn Affan : portrait du riche pieux

 

Othman Ibn Affan, compagnon du Prophète ﷺ, fut l’un des plus grands philanthropes de l’histoire islamique. Riche, discret, modeste, il a mis sa fortune au service de la communauté.


Parmi ses actions les plus célèbres :

  • ​Il acheta le puits de Rumah à Médine, pour que les musulmans y boivent librement.

  • ​Il finança l’extension de la mosquée du Prophète ﷺ.

  • Lors de la campagne de Tabūk, il offrit 300 chameaux équipés, pour soutenir l’armée dans l’épreuve.


Le Prophète ﷺ dit alors : « Rien de ce que fera Othman après ce jour ne pourra lui nuire. »(Hadith authentique, at-Tirmidhi)


Il a démontré que foi et richesse peuvent cohabiter, si la fortune est tenue en main, et non dans le cœur.

 

Aujourd’hui encore, ses dons vivent à Médine

 

À Médine, des biens appartenant encore officiellement à Othman sont gérés sous forme de waqf (legs pieux). Ces terres génèrent des revenus utilisés pour :​construire des logements sociaux, ​soutenir des hôpitaux, ​financer des bourses et œuvres sociales.

 

Son don continue de fructifier 14 siècles après sa mort, preuve que l’aumône sincère traverse le temps et les générations.

 

 

L’argent, levier de justice sociale

 

Le saviez-vous ? Dans le monde musulman contemporain, la zakat permet de financer des centres de soins gratuits, ​créer des microentreprises pour les veuves, ​soutenir des étudiants sans ressources.

 

En France, des associations collectent la zakat pour distribuer des paniers alimentaires, aider les familles monoparentales, financer des projets éducatifs ou d’urgence sociale.

 

C’est une économie du cœur, fondée sur la confiance, la transparence et la dignité.

 

Quoi de mieux qu’un témoignage : « Donner m’a guérie de la peur du manque »


Fawzia, 35 ans, raconte : « Je vivais dans la peur de manquer. Puis un jour, j’ai donné ma zakat avec sincérité. Et depuis, chaque fois que je donne, quelque chose de beau m’arrive. Une aide inattendue, une paix intérieure, une force nouvelle. Donner m’a libérée. »


La zakat, bien plus qu’un calcul, est une expérience spirituelle.

 

L’argent dans la Sira et la Sunna : une pédagogie du cœur

 

Le Prophète ﷺ nous a appris que la vraie richesse est intérieure : « Le meilleur des hommes est celui qui est le plus utile aux autres. » (Hadith rapporté par El-Baïhaqi)


« Ce que tu détiens t’est prêté, ce que tu donnes t’appartient. »


Le croyant ne fuit pas l’argent. Il l’apprivoise, il l’oriente vers le bien, et il l’utilise comme pont vers l’au-delà.

 

Faire revivre l’esprit de Othman

 

L’exemple de Othman Ibn Affan est une réponse spirituelle et éthique à la crise du monde moderne.

 

Et si notre compte bancaire devenait un outil d’adoration ?


Et si notre carte bleue devenait un stylo dans le Livre des Anges ?


Et si nos biens devenaient des arbres dans le Paradis ?

L’Islam nous invite à réconcilier économie et foi, richesse et responsabilité, profit et miséricorde.


 

La richesse n’est pas ce que l’on amasse,

Mais ce que l’on offre sans attendre en face.

Othman a semé, et la terre a fleuri,

Son nom résonne encore, son bienfait n’a pas péri.

Et toi, que laisseras-tu derrière ton chemin ?

Un coffre fermé… ou des cœurs pleins de bien ?



*Article paru dans le n°73 de notre magazine Iqra.



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