Focus sur une actualité (n°70) - Journée mondiale de la vue : quand la planète décide de mieux voir
- Guillaume Sauloup
- il y a 2 jours
- 6 min de lecture

Chaque deuxième jeudi d’octobre, un projecteur se braque sur un sens que l’on croit acquis : la vue. Derrière ce rituel planétaire, il y a une idée simple et puissante : beaucoup de pertes de vision pourraient être évitées si l’on diagnostiquait plus tôt et si l’accès aux soins oculaires était réel pour tous. Selon l’OMS, au moins 2,2 milliards de personnes vivent avec une déficience visuelle ou une cécité ; près de la moitié de ces cas auraient pu être prévenus ou n’ont pas encore été pris en charge.
D’où vient cette journée ?
La Journée mondiale de la vue naît en 2000, dans le sillage de VISION 2020 : The Right to Sight, l’initiative conjointe OMS-IAPB visant à réduire la cécité évitable. L’IAPB (International Agency for the Prevention of Blindness) lance alors l’observance annuelle et la coordonne depuis, tandis que Lions Clubs International, fort de son programme SightFirst (déployé dès 1990), en devient un soutien majeur. Autrement dit : l’OMS et l’IAPB donnent l’ossature globale, Lions apporte un moteur militant et logistique.
Le rendez-vous est fixé chaque année au deuxième jeudi d’octobre ; en 2025, il tombe le 9 octobre et s’inscrit toujours sous la bannière #LoveYourEyes, devenue « l’appel à l’action » fédérateur de la campagne.
Comment le monde dépiste le même jour (et toute l’année)
La journée est un accélérateur d’actions très concrètes : dépistages gratuits, unités mobiles en zones rurales, sessions scolaires, stands grand public, relais médiatiques et politiques. Depuis 2021, l’IAPB organise un Global Challenge qui pousse les acteurs à installer des dépistages au cœur des lieux de décision (parlements, ministères, sièges d’administrations). Objectif : faire de la vue un sujet de santé publique… là où se décident les politiques.
Des ONG et agences nationales s’en emparent : Prevent Blindness (États-Unis) couple par exemple dépistages et briefings parlementaires à Washington autour de la Journée, tandis que d’autres réseaux mènent des campagnes de terrain : contrôles en milieu scolaire, dépistages ciblés (chauffeurs, travailleurs, seniors), distribution de lunettes et orientation vers l’ophtalmologie.
Ce que la science et les systèmes de santé ont appris
L’intégration dans les politiques publiques compte plus qu’un « coup d’éclat » : quand la vue entre dans les paniers de soins (couverture universelle, dépistage scolaire), les diagnostics précoces grimpent et les pertes de chance baissent. C’est l’un des axes structurants depuis VISION 2020 et prolongé dans les plans « 2030 In Sight ».
Le dépistage délocalisé (unités mobiles, dispositifs portables de réfraction, imagerie rétinienne sur smartphone) abaisse la barrière d’accès dans les zones sous-dotées ; il est d’autant plus efficace quand il s’appuie sur des équipes locales formées. (Exemples opérationnels documentés par IAPB et ses membres dans les bilans WSD.)
Le réservoir de pathologies évitables reste considérable (erreurs de réfraction non corrigées, cataracte, glaucome, rétinopathie diabétique, trachome), confirmant l’enjeu des politiques de prévention et du suivi régulier.
Pourquoi cela reste décisif en 2025 ?
L’enjeu n’est pas que sanitaire : il touche l’éducation, l’emploi, l’autonomie des personnes âgées, la sécurité routière, la productivité. La Journée mondiale de la vue n’est pas un « jour symbolique » de plus : c’est une rampe de lancement annuelle pour aligner opinion, décideurs et filières de soins autour d’un objectif simple : voir à temps pour ne pas perdre la vue.
*Article à paraître dans le n°80 de notre magazine Iqra.
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