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Lumière et lieux saints de l'Islam, à la découverte des mosquées du monde (n°77) - Des rives de Dongola au cœur de Khartoum

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Par Noa

Au bord du Nil, la foi a ses haltes. A Dongola, capitale d’un royaume chrétien, la parole l’emporta sur le glaive : le baqt (traité) scella la coexistence, promettant aux croyants de Mohammed un lieu où se tourner vers la Mecque et l’assurance qu’il serait honoré et entretenu. Ainsi, au cœur de la Nubie, la pierre devint mémoire d’un pacte, et l’ombre des églises apprit à voisiner la lumière d’une mosquée.


Les siècles passèrent, et l’architecture prit le relais de l’Histoire. À Old Dongola, la salle du trône bâtie au IXᵉ siècle fut convertie en mosquée en 1317 : une stèle en porte le témoignage, au nom du souverain Seyf Ed-Din ‘Abd Allah Barshambu. Sur son éperon de grès, le monument regarde le fleuve et semble retenir la leçon du temps : la grandeur n’est pas dans la masse, mais dans la transfiguration d’un palais royal en maison de Dieu. Aujourd’hui encore, les campagnes de conservation la désignent comme la plus ancienne mosquée conservée du Soudan


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Plus au sud, là où le Nil Bleu et le Nil Blanc s’étreignent, Khartoum a placé sa prière au centre de la ville. La Grande Mosquée, dont la première pierre fut posée le 17 septembre 1900 et que l’on inaugura le 4 décembre 1901 en présence du khédive ‘Abbas Hilmi, relève de cette sagesse urbaine chère aux cités de l’Islam : que la mosquée ordonne l’espace et règle la cadence des pas. Son langage est celui d’un style turco-islamique acclimaté au Nil ; ses murs, souvent décrits en grès nubien, portent la sobriété des grands édifices qui préfèrent le recueillement à la rhétorique. Sous ses deux minarets, une foule se lève, chaque jour, comme une marée silencieuse. 


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De Dongola à Khartoum, l’architecture soudanaise a confié au bâti une théologie de la mesure : transformer sans profaner, restaurer sans travestir, habiter la mémoire sans l’emprisonner. La pierre y prie, le fleuve y répond ; et l’on comprend que, sur ces rives, les mosquées ne sont pas seulement des toits : ce sont des boussoles.

 

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*article paru dans le n°83 de notre magazine Iqra.



                         

 

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