Le Hadith de la semaine (n°69) - L’argent entre la sacralité de sa fonction et le danger du désir : une vision éducative pour le musulman d’Europe
- Guillaume Sauloup
- 14 juil.
- 10 min de lecture

D’après Abû Wâqid al-Laythî (qu’Allah l’agrée), il a dit :
« Nous avions coutume de nous rendre auprès du Prophète ﷺ lorsqu’une Révélation lui était transmise, et il nous en instruisait. Un jour, il nous dit : Certes Allah, Exalté soit-Il, a dit : "Nous avons fait descendre l’argent pour l’établissement de la prière et le versement de la Zakat. Et si le fils d’Adam possédait une vallée d’or, il en désirerait une seconde ; et s’il en avait deux, il en souhaiterait une troisième. Or rien ne remplit le ventre du fils d’Adam si ce n’est la terre (de sa tombe), puis Allah accueille le repentir de celui qui se repent." »
Rapporté par Ahmad n°21308, et Ibn Majah n°4137
Dans l’imaginaire collectif, l’argent est souvent perçu comme le moteur principal de la vie, l’indicateur de réussite sociale, et l’instrument par lequel s’élaborent les ambitions. Dans les sociétés occidentales, où la mesure du succès repose essentiellement sur des critères matériels, il devient urgent de rétablir un discours religieux équilibré qui redonne sens à la possession des biens, en articulant la spiritualité avec la réalité économique, sans heurter le contexte mais sans diluer les principes.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la vision éducative du musulman européen : une éducation visant à considérer l’argent non comme une fin en soi, mais comme un moyen d’élévation spirituelle, d’équilibre social, et d’engagement dans le bien.
Ce hadith prophétique n’est pas une simple exhortation morale : il s’agit d’un discours éthique, d’un diagnostic psychologique et d’une analyse réaliste qui interpelle l’homme au plus profond de lui-même. Il expose la fonction de l’argent dans le projet divin, tout en révélant les dérives de l’instinct lorsqu’il est livré à lui-même, sans limites.
Le hadith affirme dès le début que l’argent n’a pas été créé en vain : Dieu l’a révélé pour qu’il serve deux des finalités les plus nobles de l’islam : l’accomplissement de la prière – symbole de la relation spirituelle avec Dieu – et le versement de la zakât – expression de la responsabilité sociale envers autrui.
Dans cette perspective, l’argent devient un moyen de sérénité intérieure et de justice sociale. Il ne peut y avoir de culte accompli sans stabilité matérielle, ni de société équilibrée sans solidarité financière efficace. Cela impose au musulman vivant en Europe d’apprendre, ainsi qu’à ses enfants, à orienter ses ressources dans le but de maintenir un équilibre entre les besoins personnels et les devoirs religieux et sociaux, au sein d’un environnement qui n’encourage pas nécessairement ce type de comportement responsable.
C’est dans ce cadre que, jouant son rôle de sensibilisation auprès de la communauté, la Commission religieuse de la Grande Mosquée de Paris a annoncé que le Nisâb (seuil minimal de richesse imposable pour la zakât) pour cette année est fixé à 7 000 euros. Par conséquent, toute personne dont la richesse atteint ce seuil et l’a conservée durant une année lunaire complète doit s’acquitter de 2,5 % de ce montant au titre de la zakât.
Conformément à son engagement habituel, l’instance religieuse facilite l’acquittement de la zakât par les moyens suivants :

Ces facilités représentent une dimension concrète et une mise en œuvre pédagogique d’une vision qui prend en compte les spécificités du contexte européen. En effet, le musulman y a besoin de moyens clairs et d’une confiance dans les institutions pour pouvoir accomplir, en toute sérénité et sécurité, le troisième pilier de l’islam. Cela est particulièrement vrai à l’approche du mois sacré de Muharram et du jour de ‘Achoura, période durant laquelle de nombreux musulmans aisés ont l’habitude de s’acquitter de la zakât sur leurs biens.
Il est important de rappeler que, dans la perspective islamique, cette zakât n’est pas un don volontaire, mais un droit dû à Dieu, à verser obligatoirement aux ayants droit à partir des biens des riches. Elle purifie le cœur de l’attachement égoïste aux possessions et prévient l’explosion de la haine entre les classes sociales défavorisées et favorisées. Comme l’a dit Allah, exalté soit-Il : « Ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le chemin de Dieu, annonce-leur un châtiment douloureux. » (Sourate At-Tawba, verset 34)
Dans le contexte européen, où le fossé entre les classes sociales ne cesse de se creuser, la zakât apparaît comme une alternative éthique à un système financier souvent rigide et impersonnel. Elle offre une vision concrète de l’équilibre social. C’est pourquoi la présence d’institutions majeures, telles que la Grande Mosquée de Paris, qui allient prêche, service et organisation, est une nécessité pour garantir l’impact réel de la zakât dans la vie des musulmans vivant en Occident.
Le hadith décrit avec précision la nature profonde de l’homme face à l’argent : « Si le fils d’Adam possédait une vallée remplie de biens… » C’est une représentation d’une avidité sans fin, d’un esprit accaparateur insatiable. L’homme ne se rassasie jamais de richesses, et si cette tendance n’est pas maîtrisée, elle engloutit toute sa vie et le transforme en esclave de ses possessions, sans souci de sa propre fin.
Le Coran nous avait déjà mis en garde contre cette spirale : « La course aux richesses vous distrait, jusqu’à ce que vous visitiez les tombes. » (Sourate At-Takathur, versets 1-2). Mais… « Puis Dieu accueille le repentir de celui qui se repent » : c’est une pause d’espérance, un souffle d’optimisme. L’islam ne ferme jamais la porte du retour, quel que soit le degré d’avidité atteint. Il invite à réajuster notre rapport à l’argent sur la base du repentir et de la piété.
Il est donc nécessaire d’habituer l’âme musulmane vivant en Europe à surveiller ses intentions lorsqu’elle recherche les biens matériels, à cultiver la satisfaction de ce qui est suffisant sans sombrer dans l’assistanat, et à enraciner chez les jeunes la compréhension des priorités, en les formant à distinguer entre les besoins réels et l’imitation sociale dans la consommation.
Ici, en Europe, la relation à l’argent prend une dimension plus complexe : les crédits usuraires, les cadres juridiques du commerce, la promotion du luxe et de la surconsommation, l’absence de véritables alternatives conformes à l’éthique islamique… tout cela fait de la gestion de l’argent un défi quotidien pour le musulman.
C’est dans ce contexte que le rôle des institutions religieuses, comme la Grande Mosquée de Paris, prend toute son importance. Elle continue à œuvrer, à travers ses commissions chargées de l’adaptation du discours religieux, à émettre des avis juridiques (fatwas) et à proposer des projets financiers respectueux des finalités de la loi islamique, dans un esprit de modération et d’équilibre.
Il est essentiel de souligner que cette adaptation ne se résume pas à une simple fatwa ou à des solutions pratiques : il s’agit d’un véritable travail éducatif collectif, qui exige un soutien culturel et médiatique pour construire une conscience économique islamique au sein de la communauté. Le musulman y apprend que, certes, le licite est parfois difficile, mais qu’il est le seul chemin menant à une véritable tranquillité intérieure.
Le plus grand danger de l’argent ne réside pas dans sa recherche, mais dans la manière de le gérer. La fraude commerciale, la publicité mensongère, les contrats immoraux, la corruption déguisée ou encore la trahison des fonds publics sont autant de pratiques qui corrompent l’essence même de l’éthique islamique dans les transactions, et ternissent l’image du musulman en Occident.
Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui nous trompe n’est pas des nôtres », et aussi : « Qu’Allah maudisse le corrupteur et le corrompu », et encore : « Celui à qui nous avons confié une tâche et qui nous cache ne serait-ce qu’une aiguille... c’est un détournement, et il viendra avec cela le Jour du Jugement. »
À l’inverse, lorsque le musulman fait preuve d’intégrité dans son commerce ou sa profession, il devient une invitation vivante à l’islam par sa sincérité et sa justice. C’est là que se manifeste la véritable fonction éducative du musulman en Occident : être honnête dans ses affaires, irréprochable dans son travail, loyal dans ses contrats et fidèle à ses engagements. Ainsi, l’islam se reflète dans ses actes plus que dans ses paroles.
La richesse, en islam, n’est pas une finalité en soi. C’est pourquoi la zakât et le waqf (don pieux) sont deux institutions à la fois spirituelles et financières, mais aussi des instruments économiques intelligents qui permettent de redistribuer les richesses, de financer l’éducation, la prédication et la construction d’institutions indépendantes. En Europe, où les structures islamiques souffrent souvent d’un manque de ressources, la zakât et le waqf ne sont pas seulement des obligations religieuses, mais également un investissement stratégique pour l’avenir de l’islam en Occident.
Pour que cette vision prenne forme, il est essentiel que les parents et les institutions éduquent les enfants à la culture du don, les relient à des projets concrets de waqf, et incarnent les valeurs islamiques dans l’usage de l’argent — non pas à travers des discours abstraits, mais par des expériences vécues dans les écoles, les mosquées et les familles.
La recherche du prestige social par l’argent n’est pas une preuve de force, mais un signe de fragilité. Le Coran rapporte l’histoire de l’homme aux deux jardins qui disait : « Je ne pense pas que tout cela périra un jour » (Sourate Al-Kahf, verset 35), et sa propriété fut réduite en ruines. C’est ce qu’avait compris Omar ibn al-Khattab lorsqu’il pleura devant les trésors de Chosroes : non pas par convoitise, mais par crainte qu’ils ne divisent la communauté et ne corrompent les cœurs.
Le musulman est appelé à trouver un équilibre entre l’acquisition de l’argent et sa dépense, à donner à l’argent un objectif, sans en faire une finalité. Il doit rechercher sa subsistance sans en devenir l’esclave. Il vit dans ce monde, mais sans que ce monde n’envahisse son cœur. Il subvient à ses besoins et à ceux de sa famille, sans pour autant oublier le droit de Dieu, ni celui du pauvre et du nécessiteux.
En définitive, la porte du repentir demeure toujours ouverte, comme cela fut rapporté par le Prophète ﷺ au sujet de son Seigneur : « Puis Dieu accueille le repentir de celui qui se repent. » Celui qui ressent s’être laissé submerger par l’amour de l’argent, ou avoir exagéré dans son accumulation, ou s’être trompé dans les moyens de l’obtenir, qu’il sache que Dieu accueille celui qui revient à Lui, sincèrement, avec regret et vérité dans son repentir.
*Article paru dans le n°73 de notre magazine Iqra.
LIRE AUSSI :
Le Hadith de la semaine (n°16) - L'empressement à accomplir le Hajj pour ceux qui en ont la capacité
It is very interesting how the hadith of the week (No. 69) emphasizes the dual nature of money — on the one hand, its usefulness and function, and on the other, the danger of excessive desire. This reminded me of my experience at Sixty6 USA Sweeps Casino, because in the world of Sweepstakes, balance is important: enjoying the process, emotions, and interaction, rather than striving to achieve something at any cost. In both a religious context and in gambling, the main thing is to remain mindful and be able to appreciate the moment.
Le Casino Golden Panda offre une expérience extraordinaire, soulignée par un service impeccable qui anticipe les besoins de chaque client. Le programme de récompenses exclusif garantit aux joueurs fidèles des avantages inégalés, ajoutant à l'attrait https://casinogoldenpanda.fr/ du lieu. L'atmosphère luxueuse, avec son design élégant et ses touches sophistiquées, crée un havre de détente et de sensations fortes. Pour des jeux de haut niveau et un accueil de première classe, le Casino Golden Panda est la référence absolue.