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Le Hadith de la semaine (n°78) - Le Sermon d’Adieu : un pacte éternel d’Humanité

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Par Cheikh Younes Larbi

D’après Abd Allah ibn Abbas (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père), il a dit : « Le Messager de Dieu ﷺ nous adressa un sermon le jour du Sacrifice et déclara :


 « Ô vous les hommes ! Votre sang, vos biens et votre honneur vous sont inviolables, tout comme le caractère sacré de ce jour, en ce mois, en cette cité. Ai-je transmis le message ?  Ils répondirent : “Oui.” Alors il dit : "Ô Allah, sois témoin". »

Rapporté par el-Bukhari (1739) et Muslim (1679)


En l’an dix de l’Hégire, sur le mont sacré de Arafât, le Messager d’Allah ﷺ adressa à la communauté la plus grande allocution qu’elle eût jamais entendue. C’était un discours d’adieu empreint de miséricorde et de vérité, dans lequel il résuma l’essence de la Révélation, les fondements de la foi, de la morale et de la justice. Ce ne fut pas une simple exhortation, mais une charte universelle des droits et des devoirs, un code de dignité humaine scellé par le dernier souffle prophétique.


Le Prophète ﷺ commença par affirmer les principes suprêmes de la sacralité de l’être humain : « Vos vies, vos biens et vos honneurs sont sacrés, comme la sainteté de ce jour, de ce mois et de cette cité. »


Ainsi, la Loi islamique plaça la dignité de la personne au-dessus de tout lieu et de tout temps. Préserver la vie du meurtre, le bien du pillage et l’honneur de la diffamation, voilà les trois piliers de la justice sociale. Sans eux, les nations s’effondrent et les civilisations se désagrègent. Le Coran affirme : « Quiconque tue une âme sans que celle-ci ait tué ou semé la corruption sur terre, c’est comme s’il avait tué l’humanité tout entière. » (Sourate el-Maïda, v. 32)


Si le monde méditait ces paroles, il comprendrait que les guerres fratricides, les massacres d’innocents et les discriminations ethniques ou religieuses sont autant de violations flagrantes de ce principe divin. Le Prophète ﷺ proclama ensuite la dignité inviolable de la femme, disant : « Recommandez-vous mutuellement le bien à l’égard des femmes, car vous les avez prises sous la garde d’Allah. »


Par ces mots, il éleva la femme du rang d’objet soumis aux lois de l’échange à celui de partenaire à part entière dans la vie, dotée de droits, de propriété et de respect. À une époque où tant de femmes dans le monde subissent encore la violence, le harcèlement ou l’injustice professionnelle, cette parole prophétique demeure un phare d’équité et de noblesse. Le Coran affirme : « Elles ont des droits équivalents à leurs devoirs, conformément à la bienséance. » (Sourate al-Baqara, v. 228)


Puis, le Messager ﷺ posa le principe universel de l’égalité humaine : « Ô gens ! Votre Seigneur est Un, et votre père est un. Il n’y a de supériorité ni de l’Arabe sur le non-Arabe, ni du blanc sur le noir, sinon par la piété. »


Ces mots effacèrent les barrières de race et de couleur, pour ériger une citoyenneté humaine fondée sur la vertu, le mérite et la conscience. L’islam honore les hommes et les femmes de savoir, de justice et de compétence, quelle que soit leur origine, car la valeur d’un être humain se mesure à son intégrité et à son œuvre utile. Le Prophète ﷺ a dit : « Allah élève en dignité par ce Livre, certains peuples et en abaisse d’autres. »  (Rapporté par Muslim)


C’est dire que toute personne qui œuvre pour la justice, la connaissance et la paix participe à la lumière de Dieu sur terre, même si elle ne partage pas la foi musulmane, car la justice est un des Noms divins, et la servir, c’est servir le Créateur Lui-même.


Le Prophète ﷺ avertit aussi sa communauté contre les ruses du mal : « Le démon a désespéré d’être adoré sur votre terre, mais il se contente d’être obéi dans d’autres domaines. »


Cette mise en garde est d’une profondeur saisissante : la décadence morale et la corruption sociale sont des formes d’idolâtrie moderne. Lorsque les consciences s’assoupissent, le mal s’infiltre par les comportements : injustice, fraude, violence, perte du sens moral. Et ne voyons-nous pas aujourd’hui, à l’échelle mondiale, ces formes de servitude moderne qui déshumanisent l’homme au nom du profit ou de la puissance ?


Enfin, le Prophète ﷺ scella son message par un serment solennel : « Ai-je transmis ? Ô Allah, sois Témoin ! »


Ainsi s’acheva le dernier sermon, par lequel le messager d’Allah ﷺ acheva la mission et remit à l’humanité un legs éternel : un appel à la dignité, à la justice et à la responsabilité. L’islam n’est ni la religion de la domination ni celle de la supériorité, mais celle de la piété, de la fraternité et du respect mutuel, où les êtres humains se rencontrent sur le terrain de la vertu et du savoir, non sur celui de la race ou du rang.

 


*Article paru dans le n°81 de notre magazine Iqra.




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