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Regard fraternel (n°77) - Face aux défis du vivre-ensemble… Les associations religieuses tissent des liens

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Par Nassera Benamra

En France, avant la loi du 24 août 2021 dite « Séparatisme », environ 5 000 associations cultuelles étaient actives sur le territoire. Qu’elles soient protestantes, catholiques, juives ou musulmanes, elles ne se limitent pas à la pratique religieuse, elles structurent des actions concrètes au cœur de la société, conciliant foi, solidarité et respect du cadre républicain.

 

Les associations religieuses ne se contentent pas de rassembler les fidèles, elles sont profondément engagées dans la vie sociale. Familles, jeunes, personnes isolées, tous trouvent auprès d’elles un accompagnement concret. Elles organisent aide alimentaire, activités éducatives et culturelles, offrent écoute et soutien, et créent du lien là où la société en a le plus besoin. La loi du 24 août 2021 a renforcé leurs obligations, imposant déclarations régulières au préfet, Assemblées Générales annuelles et transparence dans la gestion des biens. Mais leur rôle dépasse la réglementation, car elles structurent la vie communautaire, transformant la foi en moteur d’engagement et de solidarité.


L’histoire montre la diversité des chemins suivis par les religions en France. Le catholicisme a choisi une organisation particulière, refusant la loi de 1905, l’Église a obtenu la loi de 1907 et créé des associations diocésaines dirigées par les évêques, afin de subvenir aux besoins du culte tout en restant en communion avec le Saint-Siège. Les cultes plus récents en France, comme l’islam, le bouddhisme ou l’orthodoxie, ont adopté le régime des associations mixtes, combinant activités cultuelles et sociales. Ces structures doivent tenir des assemblées annuelles, mentionner l’exercice du culte dans leurs statuts et informer le préfet des lieux de culte, un cadre légal validé par le Conseil constitutionnel en 2022.


La question des lieux de culte illustre également cette diversité. La majorité des églises catholiques appartient aux communes, tandis que temples protestants, synagogues et mosquées sont généralement détenus par des associations ou des fédérations. Des fondations reconnues d’utilité publique, comme la Fondation de l’Islam de France ou la Fondation du patrimoine juif, participent à leur construction et à leur entretien, en collaboration avec les municipalités.


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Dans ce paysage, la Société des Habous et des Lieux Saints de l’Islam créée en 1917, joue un rôle central. Propriétaire de la Grande Mosquée de Paris depuis 1926, elle organise ses assemblées générales dans un cadre transparent et démocratique, assure la gestion financière de l’édifice et coordonne de nombreuses initiatives sociales et éducatives.


La mosquée propose des cours de langue, des activités pour les jeunes, des distributions alimentaires et des programmes de formation pour aumôniers et aumônières, afin de préparer les missions dans les écoles, hôpitaux et prisons. Ces actions concrètes montrent comment une association cultuelle peut combiner administration rigoureuse, engagement spirituel et impact social direct.


Sur le terrain, d’autres initiatives illustrent la vitalité des associations religieuses. Le Secours Catholique-Caritas France, avec plus de 58 000 bénévoles, lutte contre la pauvreté et l’exclusion, offrant accueil et accompagnement aux sans-abri, migrants et familles en difficulté. Les Foyers de Charité, fondés en 1936, proposent retraites spirituelles et espaces de solidarité, alliant ressourcement personnel et soutien communautaire. La Fédération Protestante de France regroupe diverses églises engagées dans des actions éducatives, humanitaires et locales, promouvant la justice sociale et l’entraide. Les communautés juives, à travers le Consistoire central et l’Union des Communautés Juives de France, organisent écoles, services aux personnes âgées et activités culturelles, tandis que les bouddhistes participent à des retraites, cours de méditation et actions de bénévolat, souvent en partenariat avec des associations laïques, pour promouvoir paix, solidarité et bien-être collectif.


Aujourd’hui, de nouvelles associations religieuses émergent. Certaines, comme l’Association Islam et Solidarité Jeunes à Lyon, organisent des ateliers éducatifs et des programmes de mentorat pour accompagner les adolescents issus de quartiers populaires, tout en proposant des actions de soutien alimentaire. D’autres, comme Bouddha pour Tous à Paris, combinent cours de méditation ouverts au public et activités de bénévolat dans les maisons de retraite et les hôpitaux, favorisant la solidarité intergénérationnelle. Ces initiatives illustrent la vitalité et l’innovation du tissu associatif religieux en France, prouvant que foi et action sociale continuent de se nourrir mutuellement, génération après génération.


Ces exemples montrent que, tout en respectant la laïcité et le cadre républicain, les associations religieuses sont de véritables actrices du lien social. Elles structurent la vie communautaire, soutiennent les plus vulnérables et participent activement au vivre-ensemble. Leur engagement traduit une spiritualité tournée vers l’humain, où foi et action sociale se rejoignent pour renforcer la cohésion et la fraternité dans la société française. Ces associations prouvent que religion et solidarité peuvent marcher main dans la main pour construire une société structurée, plus inclusive et fraternelle.



*Article à paraître dans le n°83 de notre magazine Iqra.




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