Récits célestes (n°61) - L’histoire du prophète Younous avec son peuple
- Guillaume Sauloup
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Par Cheikh Mohamed Amine Haddou
Allah, dans le Saint Coran, nous a rapporté l’histoire du prophète Younous, sur lui la paix, qui vécut parmi son peuple un certain temps, les appelant à croire en l’unicité d’Allah et à L’adorer sans rien Lui associer. Mais les siens refusèrent obstinément son message et rejetèrent son appel. Saisi de colère contre eux, le prophète Younous, paix sur lui, les menaça du châtiment divin, puis quitta son peuple sans avoir reçu la permission d’Allah de le faire. Le Très-Haut le mit alors à l’épreuve : il se retrouva pris dans une tempête en mer.
Monté à bord d’un bateau, il naviguait au large lorsque les vagues se soulevèrent avec violence, et les passagers, terrifiés, redoutèrent le naufrage. Ils décidèrent alors de tirer au sort afin de désigner quelqu’un à jeter à la mer pour alléger le bateau. Le sort tomba sur Younous, qui fut précipité dans les flots. Là, un grand poisson l’engloutit, et il demeura quelque temps dans son ventre [1].
Younous comprit alors que cette épreuve était une conséquence de son départ précipité, sans ordre divin. Il reconnut sa faute, se repentit sincèrement et se mit à glorifier Allah sans relâche. Allah dit : « Et Jonas était certes du nombre des envoyés (139). Lorsqu’il s’enfuit vers le navire chargé (140), il tira au sort et fut désigné parmi les perdants (141). Le poisson l’engloutit alors qu’il était blâmable (142). S’il n’avait pas été parmi ceux qui glorifient Allah (143), il serait demeuré dans son ventre jusqu’au jour où les hommes seront ressuscités (144). » (As-Saffat, 139-144). Son invocation fut celle-ci : « Il n’y a de divinité que Toi, gloire à Toi ! J’ai été du nombre des injustes. » Comme Allah l’énonce encore : « Et Jonas, lorsqu’il partit irrité, pensa que Nous n’avions aucun pouvoir sur lui. Puis, dans les ténèbres, il cria : « Nul dieu autre que Toi ! Gloire à Toi ! J’ai été du nombre des injustes. » (Al-Anbiyaa, 87).
Alors Allah, dans Sa miséricorde, exauça son appel et le sauva de ces ténèbres. Le poisson le rejeta sur le rivage, malade et affaibli. Allah fit ensuite pousser près de lui une plante qui lui servit de nourriture et de remède : c’était une plante de courge. « Nous le jetâmes sur une terre nue, malade (145), et Nous fîmes croître au-dessus de lui un plant de courge (146). » (As-Saffat, 145-146). Lorsqu’il recouvra la santé, Allah l’envoya de nouveau vers son peuple, qui comptait cent mille âmes ou davantage [2]. Cette fois, ils crurent en Allah et se soumirent à Son message, craignant le châtiment qu’ils avaient été proches de connaître [3]. « Et Nous l’envoyâmes vers cent mille hommes ou plus encore (147). Ils crurent, et Nous leur permîmes de jouir de la vie pour un temps (148). » (As-Saffat, 147-148). C’est pourquoi Allah ordonna à Son Prophète Mohamed, paix et bénédictions sur lui, de faire preuve de patience envers son peuple et de ne pas agir comme Younous l’avait fait : « Supporte donc avec patience le jugement de ton Seigneur et ne sois pas comme celui du poisson, lorsqu’il appela Allah, accablé de tristesse (48). » (Al-Qalam, 48) [4]. Et le Prophète, paix et bénédiction sur lui, enseigna : « Le croyant qui se mêle aux gens et endure leurs torts, est meilleur que celui qui ne se mêle pas à eux et ne supporte pas leurs torts. » [5].
Ce récit, d’une profonde sagesse, nous rappelle la vertu de la patience, l’humilité devant la volonté d’Allah, et la puissance du repentir sincère qui transforme l’épreuve en salut.
[1] Rapporté par At-Tabari dans son Tafsîr, d’après Qatada, au sujet du verset (فَسَاهَمَ فَكَانَ مِنَ الْمُدْحَضِينَ) :
« Le navire s’immobilisa, et les passagers comprirent que c’était à cause d’une faute commise par l’un d’entre eux. Ils tirèrent donc au sort, et le sort tomba sur Younous, qui se jeta alors à la mer, et le poisson l’engloutit. »
[2] Rapporté par Ibn Abi Hatim dans son Tafsîr, d’après Al-Hassan et Qatâda, à propos du verset (وَأَرْسَلْنَاهُ) : « Il fut envoyé aux habitants de Ninive, dans la région de Mossoul. »
[3] Rapporté par At-Tabari d’après Said ibn Jubayr, au sujet du verset (مِائَةِ أَلْفٍ أَوْ يَزِيدُونَ) : « Ils étaient cent mille, plus soixante-dix mille de plus. Le châtiment leur avait été envoyé, mais lorsqu’ils séparèrent les mères de leurs enfants, les bêtes de leurs petits, et implorèrent Allah en pleurant, Il détourna d’eux le châtiment. »
[4] Rapporté par At-Tabari, d’après Qatâda, à propos du verset (فَاصْبِرْ لِحُكْمِ رَبِّكَ وَلَا تَكُنْ كَصَاحِبِ الْحُوتِ إِذْ نَادَى وَهُوَ مَكْظُومٌ) : « Ne sois pas pressé comme il le fut, et ne te mets pas en colère comme il s’emporta. »
[5] Hadith rapporté par Ibn Majah (n°4032) et Ahmad dans son Musnad (n°5022).
*Article à paraître dans le n°82 de notre magazine Iqra.
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