Sabil al-Iman (n°83) - Foi, liberté et responsabilité à la lumière du pacte d’Omar et du pacte de Médine
- Guillaume Sauloup
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Par Cheikh Khaled Larbi
La liberté est un souffle, mais aussi un serment.
La foi est un choix, mais aussi un engagement.
Quand le croyant avance entre les deux, il découvre que la vraie adoration, c’est la responsabilité devant Dieu et devant les hommes. Il y a des mots qu’on prononce sans les comprendre vraiment : liberté, foi, citoyenneté… Mais l’islam, depuis ses premiers jours, n’a jamais séparé la liberté du devoir. Le Prophète ﷺ, à Médine, a jeté les bases d’une société où chaque individu, croyant ou non, était libre de penser, de pratiquer et de vivre, à condition d’être responsable devant la justice et la communauté. Ainsi naquit un modèle unique : celui d’une liberté encadrée par l’éthique, et d’une foi habitée par la conscience.
Le pacte de Médine : la liberté dans l’ordre
Lorsque le Prophète ﷺ rédigea le pacte de Médine, il ne visait pas seulement la paix entre tribus. Il éduquait à une citoyenneté spirituelle. Musulmans, juifs, polythéistes vivaient côte à côte, mais partageaient un même contrat : le respect des droits, la justice dans le jugement, la solidarité dans la défense. Nul ne fut contraint à croire, nul ne fut autorisé à opprimer.
Le Coran proclamait : « Nulle contrainte en religion. Le bon chemin s’est distingué de l’égarement. » (2 :256) Ce verset, souvent cité, fut la racine même du pluralisme musulman.
La liberté n’y était pas anarchie, mais conscience : celle d’un être humain invité à choisir la foi par raison et non par force.
Le pacte d’Omar : la liberté dans la justice
Des années plus tard, le calife ʿOmar ibn el-Khattab appliqua les mêmes principes lorsqu’il établit le pacte d’Omar avec les populations non musulmanes.
Ce texte, souvent mal interprété, garantissait la protection, la liberté de culte et la sécurité des citoyens chrétiens et juifs des territoires musulmans. Il interdisait toute spoliation, tout abus, tout mépris.
‘Omar ne voyait pas dans la différence une menace, mais une responsabilité. Il disait : « Depuis quand asservissez-vous des hommes alors que leurs mères les ont mis au monde libre ? » Dans ces mots résonne toute la profondeur d’une foi qui refuse la domination, même au nom de Dieu.
"La foi islamique authentique libère, elle ne lie que par le cœur et la raison"
Le musulman libre : entre la foi et la cité
Aujourd’hui, vivre sa foi dans la République française, ce n’est pas un paradoxe : c’est une continuité. Le musulman libre et responsable n’est pas celui qui revendique un privilège, mais celui qui assume une cohérence : être fidèle à Dieu sans trahir la loi commune, être loyal à la République sans renier son âme.
La vraie liberté, en islam, ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais à vouloir le bien.
Elle s’exprime dans le choix du juste, dans le respect du voisin, dans la parole tenue et dans la main tendue. Le Prophète ﷺ disait : « Le musulman est celui dont les autres sont à l’abri de sa langue et de sa main. » C’est là la définition parfaite du citoyen croyant !
Foi, responsabilité et fraternité
Dans un monde où tout se négocie et se relativise, l’islam rappelle une vérité simple, la liberté sans responsabilité devient perdition, et la foi sans liberté devient oppression.
Entre les deux se trouve Es-Sirat el-mustaqim, le chemin de l’équilibre : celui de Médine, celui d’Omar, celui de tout croyant sincère qui veut habiter le monde sans s’y perdre.
La liberté éclaire le cœur, la foi éclaire la raison.
Entre la terre et le ciel, le croyant bâtit son horizon.
Médine fut son modèle, ‘Omar son élan,
Et la conscience son serment.
*Article paru dans le n°83 de notre magazine Iqra.
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