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Regard fraternel (n°78) - Debout dans la tempête : hommage à Brigitte Macron et Imane Khelif

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Par Nassera Benamra

De la Première Dame de France à la championne olympique algérienne, en passant par Jeanne d’Arc, les femmes qui s’élèvent attirent souvent la rumeur et le jugement. Qu’elles soient sur le ring, dans la lumière politique ou au cœur de l’histoire, elles affrontent la même épreuve pour rester debout, fidèles à elles-mêmes, malgré la tempête.


La dignité dans la tempête


La rumeur et le jugement social touchent souvent celles qui s’exposent au regard du monde. Brigitte Macron en est un exemple contemporain, depuis des années, ces attaques rebondissent, comme si le temps n’avait rien appris à la sagesse. Tout le monde a entendu ces histoires grotesques et blessantes, répétées sans pudeur. Mais derrière cette tornade se trouve une Femme, épouse, mère, Première Dame, qui, malgré la campagne médiatique, continue d’assumer son rôle avec calme et dignité.


Dans un autre combat, Imane Khelif, boxeuse algérienne médaillée d’or aux Jeux Olympiques de Paris 2024, a été confrontée à la même cruauté, sa féminité et sa carrière remises en question par des jugements publics. Bien que jeune, elle a fait preuve d’une résilience exceptionnelle. Entraînement assidu, détermination sur le ring et volonté de continuer à avancer malgré la pression médiatique et sociale.


Et pourtant la foi nous enseigne la retenue et la bienveillance, Allah dit : « Ô vous qui croyez en Allah et œuvrez selon ce qu'Il a prescrit, abstenez-vous de porter des accusations qui ne reposent souvent sur aucune preuve car certaines conjectures sont des péchés, comme lorsque l'on pense du mal de quelqu'un qui est droit en apparence. » (Sourate Al-Houjourat, verset 12)


Blessures invisibles


Nul ne peut réellement se mettre à leur place, imaginer la déchirure intime, l’humiliation publique, la solitude face aux réprobations du monde. Brigitte Macron, qui a soutenu le plus jeune président de l’histoire des Républiques françaises, a subi un harcèlement médiatique d’une violence rare. Ce type d’acharnement dépasse le débat public, il révèle une société qui confond parfois curiosité et cruauté, ou à tracer la frontière entre liberté d’expression et respect de la morale.


De son côté, Imane Khelif a affronté le monde sur le ring, exprimant la persévérance et le dépassement de soi. Pendant ce temps, son père, dans un petit village près de Tiaret, pleurait pour défendre sa fille. Une scène d’une douleur inouïe, symbole d’un monde où la médisance peut briser des familles et entacher la fierté d’une nation. Imane a qualifié ces épreuves de pure « hogra », mot algérien qui exprime l’injustice et le mépris, mais elle en a tiré une force nouvelle pour continuer son chemin.


Ces deux femmes, chacune à sa manière, nous rappellent que derrière chaque polémique virale se cache une âme blessée, un cœur qui encaisse en silence. Et que l’opinion publique doit apprendre à mesurer le poids de ses mots avant qu’ils ne deviennent des armes.


Brigitte Macron continue d’assumer son rôle de Première Dame de la République avec dignité, entre engagement social et réserve institutionnelle. Imane Khelif, quant à elle, a trouvé sa réponse sur le ring, là où la vérité se mesure en effort et en courage. Aucune d’entre elles n’a trahi ses valeurs ni reculé devant les épreuves. Elles expriment ce que notre tradition musulmane valorise tant, je pense ici à la sincérité « Ikhlas » et à la patience « Essabr ».


L’histoire des femmes nous interpelle


L’histoire, pourtant, n’a rien de nouveau. Jeanne d’Arc, personnage clé de la France médiévale, était accusée, insultée et jugée. À dix-neuf ans, seule face à un tribunal d’hommes, condamnée pour avoir osé défier l’ordre établi, pour avoir porté l’armure, commandé des soldats et pris la parole là où les femmes devaient se taire. Plus que ses choix, c’est sa liberté d’être et sa détermination qui ont dérangé. Son seul délit était son autorité spirituelle et militaire dans un corps de femme, trop libre pour un XVe siècle. Brûlée vive, puis réhabilitée, Jeanne d’Arc est devenue bien plus qu’une héroïne, elle est un personnage dont les annales de l’histoire de France continuent d’enseigner l’exemple et le courage.


Brigitte Macron et Imane Khelif ne portent pas en elles la même influence historique ou symbolique, mais elles partagent avec Jeanne d’Arc la douloureuse expérience de la diffamation, des calomnies et de la censure sociale. Leur grandeur réside dans leur équilibre moral, leur force intérieure et leur fidélité à leur mission.


Sans prétendre « faire la leçon », soyons de celles et ceux qui soutiennent, qui écoutent, qui élèvent. Car la fraternité, ou plutôt la sororité, n’a ni frontière ni religion, elle se mesure dans la capacité à protéger et à reconnaître la dignité et la sérénité de chaque femme face à l’injustice et à la rumeur.

 


*Article à paraître dans le n°84 de notre magazine Iqra.




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