top of page

Le Hadith de la semaine (n°74) - De l’‘Aqaba à Paris : la miséricorde prophétique face à l’offense

ree

‘Â’isha (qu’Allah l’agrée) dit au Prophète ﷺ :


« “As-tu connu un jour plus éprouvant que le jour d’Uḥud ?” Il répondit : “J’ai enduré de la part de mon peuple bien des souffrances. Mais le plus dur de ce que j’ai subi de leur part fut le jour de al-‘Aqaba, lorsque je me présentai à Ibn ‘Abd Yâlîl ibn ‘Abd Kulâl et qu’il ne répondit pas favorablement à ce que je proposais. Je repartis, accablé, marchant sans but, et je ne revins à moi qu’à Qarn el-Tha‘âlib. Je levai alors la tête, et voilà qu’une nuée m’ombrageait. J’y vis l’ange Gabriel qui m’appela et dit : ‘Allah a entendu ce que ton peuple t’a dit, et ce qu’ils t’ont opposé. Il m’a envoyé à toi avec l’ange des montagnes pour que tu lui ordonnes ce que tu voudras à leur sujet.’ L’ange des montagnes m’appela, me salua, puis dit : ‘Ô Mohamed, Allah a entendu ce que ton peuple t’a dit. Je suis l’ange des montagnes. Mon Seigneur m’a envoyé à toi pour que tu m’ordonnes selon ton désir. Veux-tu que j’écrase sur eux les deux montagnes qui les dominent ?’. A cela, le Messager d’Allah ﷺ répondit : ‘Non. J’espère plutôt qu’Allah fera surgir de leurs descendants des gens qui l’adoreront Lui seul, sans rien Lui associer’.”. »

Rapporté par Al-Bukhari et Muslim, At-Tirmidhi


Cette scène résume l’essence même du message mohammadien et incarne la morale de la prophétie. Le Prophète ﷺ se trouva placé devant le choix de la vengeance par une force redoutable, représentée par l’ange des montagnes, mais il refusa. Car il n’avait pas été envoyé pour châtier les hommes à cause de leur dénégation ou de leurs offenses, mais pour les faire sortir des ténèbres vers la lumière de la guidée.


Le véritable souci du Prophète ﷺ n’était pas de triompher pour lui-même, mais que les hommes adorent leur Seigneur, sans rien Lui associer. D’où sa parole éloquente : « Mais j’espère qu’Allah fera surgir de leurs descendants des gens qui L’adoreront, Lui seul, sans rien Lui associer. » Et ce n’était pas là une attitude exceptionnelle, mais bien une règle constante de sa vie ﷺ. Le jour de la conquête de La Mecque, alors qu’il aurait pu se venger de ceux qui l’avaient persécuté, il dit : « Allez, vous êtes libres. »


À Ta’if, lorsque les habitants le lapidèrent jusqu’à faire couler son sang, il ne pria pas contre eux, mais pour leur guidée. Même l’homme du désert qui l’avait saisi brutalement par son manteau, il l’accueillit avec le sourire et le don. Ainsi, son souci ﷺ était toujours l’appel et la réforme de l’avenir, non la revanche pour lui-même.


De cette patience et de ce pardon naquit une génération nouvelle qui porta haut l’étendard de l’islam. Des ennemis farouches devinrent des héros de la foi : Khalid Ibn el-Walid, ‘Ikrima Ibn Abi Jahl et tant d’autres… S’il avait choisi l’anéantissement, l’avenir eût été scellé. Par sa clémence, le message s’étendit et illumina les mondes.


Aujourd’hui encore, dans le vécu de la communauté musulmane en France et en Europe, surgissent des actes de provocation : l’on dépose des têtes de porcs aux portes de mosquées à Paris et en banlieue. La réaction naturelle serait la colère. Mais l’exemple prophétique nous enseigne que cette colère ne doit point nous entraîner dans le cycle du talion. Comme le Prophète ﷺ choisit la miséricorde, là où la vengeance lui était offerte, les musulmans doivent répondre par la sagesse, le recours au droit, la patience face aux offenses, tout en demeurant fermes dans leurs valeurs.


La véritable grandeur ne réside pas dans le fait de rendre l’offense par l’offense mais dans la capacité de montrer que nous sommes les héritiers du Prophète de miséricorde, capables de transformer les épreuves en occasions d’appel à Allah, et les provocations, en opportunités de manifester la noblesse et la justice de l’islam.


Ainsi demeure vivant l’espoir que, de ces sociétés mêmes, surgiront des hommes et des femmes qui connaîtront Allah et témoigneront qu’il n’est de divinité que Lui, tout comme jadis, des descendants de ceux qui avaient offensé le Prophète ﷺ sont devenus parmi les meilleurs des croyants.



*Article paru dans le n°77 de notre magazine Iqra.


 


LIRE AUSSI :


Commentaires


bottom of page