Récits célestes (n°62) - L’histoire des Ansar et des Mouhajirun
- Guillaume Sauloup
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Par Cheikh Mohamed Amine Haddou
Parmi les événements majeurs de la vie du Prophète figure l’Hégire vers Médine. En la treizième année de sa mission, le Messager d’Allah, paix et salut sur lui, quitta La Mecque pour émigrer à Yathrib, qui fut dès lors connue sous le nom de Médine.
Un grand nombre de ses compagnons le suivirent, quittant leur ville et leurs foyers pour le rejoindre. Lorsqu’ils arrivèrent à Yathrib, les habitants de la cité les accueillirent avec un profond élan de générosité et de bienveillance. Ils leur offrirent l’hospitalité, partagèrent leurs biens et leur subsistance. Le Prophète, afin d’unir leurs cœurs et de renforcer la cohésion de la communauté naissante, établit un lien de fraternité entre les migrants (el-Mouhajirun) et les partisans (el-Ansar), instaurant ainsi un modèle de solidarité et d’entraide exemplaire.
Les migrants avaient tout abandonné derrière eux : leurs biens, leurs demeures, leurs moyens de subsistance. Ils arrivèrent à Médine démunis, et al-Ansar (les partisans) les recueillirent avec affection, allant jusqu’à partager leurs richesses avec eux. Les Mouhajirun reconnurent eux-mêmes cette immense générosité.
Anas rapporte : « Lorsque le Prophète, que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui, arriva à Médine, les migrants vinrent à lui et dirent : « Ô Messager d’Allah, nous n’avons jamais rencontré de peuple plus généreux dans l’abondance, ni plus bienveillant dans la modestie, que ceux parmi lesquels nous vivons. Ils nous ont soulagés de nos fardeaux, ont partagé avec nous leurs biens, au point que nous craignons qu’ils n’obtiennent à eux seuls toute la récompense. » Le Prophète répondit : « Non, tant que vous invoquerez Allah pour eux et exprimerez votre reconnaissance à leur égard. » [1]
Allah a immortalisé leur souvenir dans Son Livre et a loué leur noble conduite en ces termes : « Et ceux qui, avant eux, avaient établi leur demeure dans la cité et dans la foi, aiment ceux qui ont émigré vers eux. Ils ne ressentent dans leurs cœurs aucune jalousie pour ce que ces derniers ont reçu, et ils leur préfèrent leurs propres besoins, même lorsqu’ils sont, eux-mêmes, dans le dénuement. Quiconque se garde de l’avarice de son âme, voilà ceux qui réussiront. » (Sourate Al-Hashr, verset 9)
Il est rapporté que ce verset fut révélé à propos d’un homme parmi les Ansar, les Partisans de Médine, qui avait accueilli un Muhajir, un émigré, et lui avait offert l’hospitalité. Il lui servit tout ce qu’il possédait comme nourriture, le seul repas qu’il avait pour lui et sa famille, et passa la nuit, lui et les siens, le ventre vide. D’après Abou Hourayrah, qu’Allah l’agrée : Un homme vint trouver le Messager d’Allah et lui dit : « Ô Messager d’Allah, je souffre de la faim. ». Le Prophète envoya chercher auprès de ses épouses, mais aucune d’elles ne disposait de quoi le nourrir. Il dit alors à ses compagnons : « Qui accueillera ce soir l’hôte d’Allah ? Qu’Allah lui fasse miséricorde. ».
Un homme parmi el-Ansar se leva et répondit : « Moi, Ô Messager d’Allah. ». Il rentra chez lui et dit à son épouse : « C’est l’hôte du Messager d’Allah, ne lui refuse rien. ». Elle répondit : « Par Allah, nous n’avons que le repas des enfants. ». Il lui dit : « Endors-les lorsqu’ils demanderont à manger, puis éteins la lampe et faisons semblant de dîner, afin que notre hôte mange à sa faim. ». Elle fit ce qu’il lui avait dit, et cette nuit-là, ils se couchèrent affamés. Le lendemain, l’homme se rendit auprès du Messager d’Allah, qui lui annonça : « Allah a admiré, (ou a souri), devant le geste de cet homme et de son épouse. » [2]. C’est alors qu’Allah révéla ce verset : « Et ceux qui, avant eux, avaient établi leur demeure dans la cité et dans la foi, aiment ceux qui ont émigré vers eux. Ils ne ressentent dans leurs cœurs aucune jalousie pour ce que ces derniers ont reçu, et ils leur préfèrent leurs propres besoins, même lorsqu’ils sont eux-mêmes dans le dénuement. Quiconque se garde de l’avarice de son âme, voilà ceux qui réussiront. (Sourate Al-Hashr, verset 9)
[1] Rapporté par l’imam Ahmad dans son Musnad et par l’imam at-Tirmidhi dans El-Sunan.
[2] Hadith unanimement authentifié.
*Article à paraître dans le n°83 de notre magazine Iqra.
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