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Récits célestes (n°63) - Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle : entre le temps du Prophète et l’époque qui suivit

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Par Cheikh Mohamed Amine Haddou

L’épouse du Prophète, notre mère Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, mena une vie riche en événements marquants pour la communauté musulmane. Sa vie se divise en deux grandes périodes : celle qu’elle vécut auprès du Prophète ﷺ, et celle qui suivit son décès.


Parmi les épisodes les plus notables de la première période figure ce que l’on nomme l’affaire du mensonge (hadith al-Ifk). Aïcha, qu’Allah l’agrée, en fut la victime : certains hypocrites l’accusèrent injustement d’un acte indigne, portant ainsi atteinte à son honneur. Quelques musulmans, à tort, relayèrent cette rumeur. Des versets coraniques furent alors révélés pour la disculper entièrement, proclamer sa pureté et rappeler la gravité qu’il y a à propager des propos attentatoires à la dignité des croyants. Ces versets soulignent aussi la nécessité de s’assurer de la véracité d’une information avant de la diffuser. Allah le Très-Haut dit : « Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d’entre vous. Ne pensez pas que cela soit un mal pour vous, au contraire, c’est un bien pour vous. Chacun d’eux portera la part du péché qu’il a commis, et celui d’entre eux qui s’en est chargé le plus aura un châtiment énorme ». (11).   Quand vous avez entendu cette rumeur, pourquoi les croyants et les croyantes n’ont-ils pas eu de bons soupçons envers eux-mêmes et n’ont-ils pas dit : « C’est là une calomnie évidente » ? (12) Pourquoi n’ont-ils pas produit quatre témoins à l’appui de leurs dires ? Faute de quoi, ceux qui ne les produisent pas sont, auprès d’Allah, les menteurs. (13) Si la grâce d’Allah et Sa miséricorde ne s’étaient pas étendues sur vous en ce monde et dans l’au-delà, un châtiment terrible vous aurait atteints à cause de ce que vous avez colporté. (14) Vous rapportiez cela de bouche en bouche, proférant de vos lèvres ce dont vous n’aviez aucune connaissance, et vous le teniez pour chose légère, alors qu’auprès d’Allah c’est chose grave. (15) Et pourquoi, lorsque   vous l’avez entendu, n’avez-vous pas dit : « Il ne nous appartient pas d’en parler. Gloire à Toi ! C’est une calomnie monstrueuse. » (16) Allah vous exhorte à ne jamais recommencer pareille chose, si vous êtes croyants. (17) Allah vous expose clairement les signes, et Allah est Omniscient et Sage. (18) Ceux qui aiment voir se répandre l’immoralité parmi les croyants auront un châtiment douloureux dans ce monde et dans l’au-delà. Allah sait, et vous ne savez pas. (19) Si la grâce d’Allah et Sa miséricorde n’étaient pas sur vous, et si Allah n’était pas Compatissant et Miséricordieux… (20) » (Sourate An-Nour versets 11-20).


Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, vécut plus de quarante-cinq années[1] après le Prophète ﷺ. Cette longue période fut marquée par une activité intellectuelle et spirituelle d’une rare intensité. Elle se consacra entièrement à l’enseignement, transmettant le fiqh (jurisprudence), l’exégèse du Coran, les avis juridiques (fatwas) et les hadiths du Prophète ﷺ, dont elle fut l’une des quatre plus grandes narratrices parmi les compagnons. Aïcha se distingua aussi par sa maîtrise de la poésie, sa connaissance des généalogies arabes et sa profonde compréhension des réalités humaines et sociales.


Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, fut accompagnée durant un certain temps par son neveu Arwa ibn al-Zubair, témoin privilégié de son immense savoir et de la richesse de ses connaissances. Il déclara : « J’ai vécu auprès de Aïcha, et je n’ai jamais rencontré personne qui connût mieux qu’elle un verset révélé, une prescription légale, une Sunna, un poème, un récit ancien, un événement des jours des Arabes, une généalogie, un jugement ou même la médecine. » [2]


De nombreux compagnons, anciens comme jeunes, bénéficièrent de son enseignement. Abou Moussa qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta : « Aucun hadith ne nous paraissait obscur, à nous, compagnons du Messager d’Allah SWS, sans que nous interrogions Aïcha, et nous trouvions toujours auprès d’elle une réponse fondée sur le savoir. » [3]


Masrouq, pour sa part, affirma : « J’ai vu les plus éminents compagnons du Messager d’Allah ﷺ consulter Aïcha à propos des règles de l’héritage ».


De même, un grand nombre de tabi’în (les successeurs des compagnons) reçurent également d’elle la science, et les savants de son temps reconnurent unanimement son érudition. Al-Zouhri déclara : « Si l’on réunissait le savoir de Aïcha à celui de toutes les épouses du Prophète ﷺ et des femmes de la communauté, le savoir de Aïcha les surpasserait tous » [4].


Ata ibn Abi Rabah dit enfin : « Aïcha était la plus savante des gens, la plus instruite et la plus juste dans son jugement concernant les affaires publiques » [5].


[1] Il fut rapporté qu’elle mourut en l’an 57 de l’Hégire, et selon une autre opinion, en l’an 58.

[2] Sayr Alam En-Nubala de Dhahabi, tome 2, p. 183.

[3] Rapporté par at-Tirmidhi dans al-Sunan, n° 3883

[4] Al-Istîʿâb d’Ibn ʿAbd al-Barr, tome 4, p. 1883-1884.

[5] Tahdhîb al-Kamâl d’al-Mizzî, tome 35, p. 227.



*Article à paraître dans le n°84 de notre magazine Iqra.

 


 

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