Le Hadith de la semaine (n°79) - Le musulman utile à sa société : de la compréhension du concept d’utilité, à sa mise en pratique en Occident
- Guillaume Sauloup
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Par Cheikh Younes Larbi
D’après ‘Abd Allah ibn ‘Omar, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète ﷺ a dit :
« Les personnes les plus aimées d’Allah sont celles qui sont les plus utiles aux autres, et les œuvres les plus aimées d’Allah, Exalté soit-Il, sont la joie que l’on apporte à un musulman, ou le soulagement d’une détresse, ou le règlement d’une dette à sa place, ou encore le fait de le soustraire à la faim. Marcher aux côtés de mon frère pour l’aider dans son besoin m’est plus cher que de faire retraite spirituelle (itikâf) dans cette mosquée, c’est-à-dire la mosquée de Médine, pendant un mois. Celui qui retient sa colère, Allah couvrira ses fautes ; celui qui réprime son emportement alors qu’il pourrait le laisser éclater, Allah remplira son cœur d’espérance le Jour de la Résurrection. Et quiconque accompagne son frère jusqu’à ce que son besoin soit accompli, Allah affermira son pas le Jour où les pas chancelleront. Certes, la mauvaise conduite corrompt les œuvres, tout comme le vinaigre gâte le miel. »
Ce hadith est authentique, rapporté par Et-Tabarani dans el-Mu ‘jam el-Awsat (n° 6026) et par el-Mundhirī dans at-Targhib wa at-Tarhib (3/265).
Ce noble hadith résume à lui seul les critères de l’utilité et de l’action vertueuse, et il constitue une clé de compréhension du devoir du musulman envers Allah et envers la société. Il enseigne que les personnes les plus aimées du Créateur sont celles qui se consacrent à l’utilité publique, au service du bien commun, sans distinction ni calcul.
Or, ce bienfait ne se limite pas à l’aide matérielle : il englobe le savoir, le conseil, l’orientation, l’opinion avisée, l’influence, l’autorité, et toute forme d’assistance qui allège la détresse d’autrui ou réjouit son cœur. Ici, le but suprême demeure la recherche de l’agrément d’Allah que le serviteur obtient en se rendant utile aux autres et en leur apportant du bien.
Les meilleures œuvres auprès d’Allah, comme le montre ce hadith, consistent à apporter la joie au cœur d’autrui, à dissiper sa détresse, à acquitter sa dette, ou à le nourrir lorsqu’il a faim. Le Prophète ﷺ élève la valeur de ces actes sociaux au point de dire : « Marcher aux côtés de mon frère pour l’aider dans son besoin m’est plus cher que de rester en retraite spirituelle dans cette mosquée pendant un mois.
Par ces paroles lumineuses, il confère à l’action sociale un rang éminent, et démontre que les œuvres concrètes qui soulagent les âmes et redonnent espoir surpassent certaines formes d’adorations individuelles, car elles manifestent la miséricorde d’Allah sur Terre.
Cependant, ce hadith n’omet pas la dimension morale : le contrôle de la colère, la maîtrise de soi, la pudeur envers autrui et la dissimulation des défauts sont des vertus qui préservent la pureté des œuvres. Le Prophète ﷺ avertit : « La mauvaise moralité corrompt l’action comme le vinaigre altère le miel. »
Ainsi, la vertu ne se conçoit pas sans la bienséance : ni la richesse, ni la science, ni l’influence n’ont de valeur si elles s’accompagnent d’un mauvais caractère. La droiture du comportement est le sceau de la foi et la perfection de l’action.
Aujourd’hui, lorsqu’on observe le musulman vivant dans un environnement où le racisme et la désinformation tentent de le marginaliser, ce hadith se révèle d’une actualité éclatante.
Il lui enseigne la constance, à savoir : rester ferme dans son devoir envers Allah. Persévérer dans le service du bien, et continuer à faire le bien sans se laisser ébranler par la haine ni les injustices Car sa patience, son comportement exemplaire et son engagement dans l’action utile constituent la plus noble réponse aux provocations. Par sa bonté et sa contribution au bien commun, il démontre la grandeur de l’Islam, religion de justice, de paix et de miséricorde.
Ainsi se rejoignent, d’une part, le devoir religieux et de l’autre, le devoir social : Servir les gens est une adoration ; la bonne moralité en est l’achèvement ; et la persévérance dans le bien est une force qui affermit la communauté et repousse l’injustice.
Le musulman utile en Occident est celui qui s’impose par son travail vertueux, sans prêter l’oreille aux calomnies, et qui transforme chaque épreuve en occasion de témoigner de la noblesse de la foi. Il unit dans sa personne la soumission à Allah et le service des hommes, il fait rayonner la solidarité, répand le bien et la miséricorde, et Allah raffermira ses pas au Jour où les pas chancelleront, lorsqu’on aura porté atteinte à sa dignité ou à son honneur.
*Article paru dans le n°82 de notre magazine Iqra.
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