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Le Hadith de la semaine (n°83) - Planter est un acte d’adoration, et l’environnement, une « Amana », un dépôt confié à l’homme

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Par Cheikh Younes Larbi

D’après Anas (qu’Allah l’agrée), le Prophète ﷺ a dit :


« Tout musulman qui plante un arbre ou sème une graine, dont un oiseau, un être humain ou un animal vient à manger, obtient pour cela une (Sadaqa) aumône. »

Rapporté par El-Boukhârî


Ce hadith porte des significations juridiques et spirituelles profondes. Il unit l’adoration et l’action, l’intention pure du croyant et les effets bénéfiques de ses œuvres sur autrui et sur les créatures. Il montre que la Sadaqa ne se limite pas à l’argent : elle englobe toute utilité que l’être humain offre aux créatures, qu’il s’agisse d’hommes ou d’animaux. Le Prophète ﷺ a d’ailleurs confirmé cette idée dans d’autres paroles, telles que : « Toute créature vivante est source de récompense » et « Écarter un obstacle du chemin est une Sadaqa », soulignant ainsi la portée universelle de la bonne action et son effet durable.


Le hadith élargit le cercle du bienfait pour y inclure les oiseaux et les animaux, ce qui montre que l’islam reconnaît les droits des créatures, encourage à les préserver et interdit de leur nuire. Les juristes se sont appuyés sur de tels textes pour affirmer l’obligation de traiter les animaux avec bienveillance, comme le montre l’histoire de la femme qui enferma une chatte et fut châtiée pour cela, ou celle de la femme qui donna à boire à un chien et obtint par cet acte la récompense divine et le pardon de ses fautes. Ces exemples illustrent que la manière dont l’être humain se comporte avec l’animal révèle sa disposition morale et religieuse, et qu’elle influe sur la rétribution qui l’attend dans l’au-delà.


Au plan de l’action environnementale, le hadith montre que négliger la plantation ou s’abstenir de fournir un bienfait public peut entraîner la propagation du préjudice. La célèbre règle juridique stipule que « prévenir le mal prime sur la recherche du bien », ce qui fait de la protection de l’environnement et de l’aménagement de la terre un devoir religieux dès lors que leur abandon conduit à des dommages collectifs.


Le hadith indique également que l’effet de l’action se prolonge en prenant valeur de Sadaqa : celle-ci n’est pas limitée à un seul moment, mais se renouvelle chaque fois que l’on profite de la plantation. Cela renforce le principe selon lequel les œuvres durables, ou celles qui procurent un bénéfice constant, font partie des « el-baqiyat el-ṣaliḥat », les bonnes actions pérennes.  L’adoration ne se limite donc pas à un temps précis : elle englobe toute utilité durable pour autrui.


Du point de vue des finalités de la Shari’a, le hadith établit un lien entre la préservation de l’utilité publique et l’objectif de l’édification de la terre. La finalité de la plantation ne se limite pas à l’intérêt individuel : elle vise la réalisation du bien commun et sa pérennité. Cela s’inscrit parmi les finalités de la Shari’a, qui cherche à préserver l’ordre public et la vie.


Ainsi, ce hadith devient un modèle juridique complet pour l’étude de la Sadaqa et de ses effets, ainsi qu’une référence pour comprendre de quelle manière le champ de l’adoration s’élargit pour englober les actions temporelles liées à l’intérêt général. Il confirme la responsabilité du musulman dans l’aménagement, la protection des créatures et la durabilité du bénéfice, rendant l’action vertueuse continue et renouvelable à travers le temps. 



*Article paru dans le n°86 de notre magazine Iqra.




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